Camarade

Que crois-tu qu’il y ait au bout de ce chemin,
Camarade ?
Nos rêves les plus fous quand tu tenais ma main
Sur les barricades,
Sans craindre la police et ses hordes de chiens
Et leurs cavalcades
Qui venaient dans la nuit ou au petit matin
Briser nos embrassades.

Si je tremble un peu à franchir le seuil,
Je n’ai pas peur.
Je me souviens de tout, nos rires et nos deuils,
Nos joies et nos pleurs,
Nos visions sans frontière, nos ombres sans orgueil,
Et dans la chaleur,
Se redécouvrir sans même qu’on le veuille
Comme frères et sœurs.

Il y a dans nos paumes un tout autre tracé
Que l’on prend sans peine.
Il y a dans nos cheveux un vent de liberté,
Qu’ils voudraient en chaîne.
Il y a dans nos cœurs un goût de l’amitié,
L’absence de haine.
Il y a dans nos esprits enfin recomposés
Les premières graines.

Nous irons les semer au creux de leurs tempêtes
Et elles germeront.
Nous savons toi et moi qu’il n’y a pas de défaites
Tant que nous luttons.
Du matin jusqu’au soir, nous chantons à tue-tête
Et à l’horizon,
Des vies à inventer, des vies que rien n’arrête,
Même pas leurs canons.

Nous voilà rendus au bout de ce chemin,
Camarade.
Quel que soit l’à venir, ne lâche pas ma main
Sur la barricade.
Que vienne la police et ses hordes de chiens,
Et leurs dragonnades !
Nul ne peut désormais sans être un assassin
Briser nos embrassades !

m. pour L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre (O.P.A)
17 décembre 2017
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