Aujourd’hui, le gouvernement Macron, après avoir réussi à imposer dès les premiers mois de son mandat un recul social sans précédent et un passage de l’état d’urgence dans le droit commun, veut aller plus loin. Il cherche à affirmer son autorité tout en se débarrassant d’un vieux projet, véritable boulet politique. Pour gagner du temps, un « rapport d’expert » avait été commandé cet été, et vient d’être posé sur la table du président. Il remet largement en cause tous les chiffrages des partisans de l’aéroport, et donne globalement raison aux opposants. Mais il préconise également « le retour à l’état de droit » sur la ZAD. C’est à dire l’expulsion des occupants.

Le président devrait rendre sa décision d’ici « fin janvier ». Mais les médias multiplient déjà les articles anxiogènes et guerriers, annonçant une expulsion violente de la zone, et une opération policière « de grande envergure ». Le journal d’extrême droite Valeurs Actuelles prône l’envoi de l’armée sur la zone, et parle d’un « Viêt-Nam » prêt à la guérilla, couvert de pièges mortels et de caches d’armes, peuplé d’opposants « qui menacent de se tuer sur un gendarme pour provoquer un scandale » … Le ministre de l’intérieur fait un discours sur le même ton quelques jours plus tard. Les chaines de télévision renchérissent, en parlant d’occupants « armés de boules de pétanque hérissées de clous, de piques et de herses ». Le Journal du Dimanche embraie, avec un article dont les mensonges grossiers feraient rougir Donald Trump.

Castaner, le porte parole du gouvernement, confirme le 17 décembre «l’emploi de la force» pour déloger la ZAD, « quelle que soit la décision concernant l’aéroport ». La secrétaire d’état à l’écologie, Brune Poirson, va plus loin en déclarant sur BFM le 17 décembre « que le bras de l’État sera extrêmement ferme ». On se demande comment après la mort de Rémi Fraisse il peut être plus ferme encore. Qu’une membre du ministère de l’écologie, proche de Hulot, s’amuse à menacer de mort publiquement des militants écologiste qu’elle est sensée protéger en dit long sur le gouvernement en place.

Bref, des nuages menaçants planent sur la ZAD pour le début de l’année 2018, et les médias préparent les mentalités à de nouvelles exactions policières contre les manifestants.

Reste à savoir si tout ce battage médiatique est un coup de bluff ou une menace réelle. On se souvient des coups de menton du pitoyable Manuel Valls, qui répétait tous les 6 mois son envie d’attaquer les anti-aéroport, mais qui n’est jamais allé au bout. S’agit-il d’intimidations spectaculaires pour rassurer la droite du gouvernement et faire accepter l’abandon de ce grand projet d’aéroport ? Ou d’une réelle volonté de tuer et de blesser des militants, de la part d’un gouvernement arrogant et tout puissant ?

Une chose est certaine. Le pouvoir s’apprête à mettre un point final à un contentieux vieux de quarante ans. Reste à savoir si l’année commencera par une grande fête ou une guerre dans le bocage. Ou les deux.

Quoiqu’il arrive, le mouvement anti-aéroport appelle à se retrouver le soir de l’annonce du gouvernement dans la rue -devant les mairies, Préfectures ou ailleurs – pour prendre la mesure de cette décision.

Une grande mobilisation populaire sur la ZAD est aussi organisée le 10 février 2018, jour d’expiration de la Déclaration d’Utilité Publique.

A suivre !