Le président de l’université de Nantes a envoyé ce mail aux personnels cet après-midi, alors que l’on apprenait la fermeture administrative du bâtiment Censive : des cours ont été interrompus et les étudiant.e.s et enseignant.e.s sommé.e.s de quitter les lieux. Pour quelles raisons ?

« Cher (es) collègues,

Les occupants du Château du Tertre ont rejeté hier soir, lundi 11 décembre, notre demande de quitter ce bâtiment. Conformément à ce que j’avais indiqué, j’ai donc saisi, peu après 18h, la préfecture pour demander l’évacuation du château.

Sous couvert d’un soutien aux migrants, la situation, sur le château, devient de plus en plus préoccupante : des barricades ont été érigées avec le matériel du chantier voisin, des liens avec la ZAD clairement revendiqués et des interventions sauvages entrainant des dégradations ont été constatées sur nos installations techniques.

Parallèlement, la nature de l’occupation en Censive a radicalement évolué ce matin. Des accès sont barricadés, des sorties de secours sont bloquées et les agents de l’Université de Nantes se sont vu refusé l’entrée des locaux. Ces derniers ont, malgré tout, pu constater, de visu, la présence de bonbonnes de gaz propane, produit inflammable totalement prohibé dans ce type de bâtiment.

Cette occupation relève désormais d’une contestation dépassant très largement le problème des migrants. Le collectif a ainsi décidé que l’usage de 600 m2 permettant provisoirement un accueil digne et qui, jusqu’à ce jour, s’était déroulé dans des conditions respectueuses et sécurisée, n’est plus la priorité de son action.
J’en prends acte et cela m’amène à prendre une décision importante.

J’ai décidé la fermeture administrative du bâtiment Censive en ce début d’après-midi, pour les raisons de sécurité présentées ci-avant, en attendant l’évacuation complète du château du Tertre et des locaux occupés de la Censive pour laquelle je requiers le concours des forces de l’ordre auprès de la Préfecture.

Je regrette profondément la tournure qu’ont pris ces évènements. Chacun devra en prendre sa part de responsabilité. En attendant, j’appelle chacun à la plus grande vigilance sur le campus du Tertre au vu d’une situation que le collectif souhaite voir s’envenimer.
Sentiments dévoués,

Olivier LABOUX
Président de l’Université de Nantes »

Ce communiqué étant mensonger et agressif, voici la réponse des occupant.e.s de l’université; étudiant.e.s et exilé.e.s :

M. le président,

C’est un ultimatum que vous nous avez adressé par l’intermédiaire de M. Gastineau, que nous avons plus souvent rencontré que vous depuis le début des occupations, et non une demande. Un ultimatum ignorant totalement nos propres demandes : des garanties écrites de votre part, sur la non expulsion de Censive visée par la procédure administrative que vous avez requise tout en assurant faire preuve de tolérance pour ce bâtiment, ou une solution pérenne de relogement pour tou.te.s les exilé.e.s accueilli.e.s dans les locaux occupés. Nous ne pouvons abandonner à la rue des personnes qui nous ont accordé leur confiance et dont nous partageons la vie depuis maintenant trois semaines.

M. le président, nous aimerions connaître de votre bouche les motivations que vous nous attribuez mais sur lesquelles vous restez si mystérieux. Permettez-nous de vous faire remarquer que cette accusation de prétexte d’aide aux personnes migrant.e.s à des fins si inavouables que vous ne pouvez les avouer n’est pas sans rappeler la désinformation de militant.e.s d’extrême-droite, en particulier celles et ceux qui nous ont attaqué.e.s la nuit du 3 au 4 décembre et dont vous avez grand soin de ne jamais parler.

M. le président, si vous nous aviez fait part de vos inquiétudes sur nos motivations et accepté d’écouter notre réponse, peut-être auriez-vous compris que les barricades ont été érigées devant l’inflexibilité de votre demande de quitter les lieux sans garantie aucune, ainsi que devant la notification d’une autorisation d’expulsion pour le château mais aussi Censive.

M. le président, vos accusations à l’encontre de la ZAD sont sans fondement. Nous aimerions également vous rappeler que le rétablissement « sauvag[e] » du chauffage au château du Tertre fait suite à plusieurs choses : les températures hivernales, votre intervention pour couper ce chauffage en prétextant la sécurité, et les températures hivernales.

M. le président… à nouveau les barricades ? Les agents de sécurité se sont présentés à nous pour vérifier l’existence d’une, et non plusieurs, bonbonne de gaz. Votre communication allusive laissant entrevoir une utilisation bien dangereuse de cette unique bonbonne, permettez-nous de vous rassurer : elle était destinée à la cuisine, et nous l’avons sortie des locaux à la demande des agents de sécurité. De plus, cette bombonne était simplement stockée ici et ne servait qu’à l’extérieur. Il est étonnant que vous n’en informiez ni les destinataires de vos mails ni les vice-président.e.s de l’université pour les rassurer à votre tour.

M. le président, de grâce apprenez-nous quelle est donc cette priorité cachée de notre action qui vous préoccupe tant. En effet, malgré la relecture assidue de tous nos communiqués, nous ne parvenons pas à trouver autre chose que l’exigence du respect du droit élémentaire à un toit pour toutes et tous, sans distinction de nationalité ou d’âge.

M. le président, votre fermeture administrative de Censive a interrompu de nombreux cours qui n’ont pas été relocalisés. Votre décision de demander l’intervention policière pour expulser -car il s’agit bien de cela et non d’une évacuation- les deux bâtiments nie vos propres engagements au point qu’il vous aura fallu ce mail douteux pour vous en justifier. Cette décision vous déshonore.

M. le président, nous regrettons profondément nous aussi votre absence ce soir, qui entache quelque peu votre appel à la responsabilité de chacun.e. Plus que jamais nous aurions souhaité vous rencontrer et vous inviter à négocier. Mais après avoir demandé l’expulsion, sans doute aviez-vous hâte de rentrer chez vous bien au chaud.

M. le président, cessez de nous prêter des intentions. Vous avez demandé l’autorisation d’expulser les deux bâtiments dans une unique procédure et nous avons peine à croire qu’un homme assurant votre fonction n’ait pu entrevoir la tension que cela créerait. Nous assurant de votre tolérance pour Censive, vous avez aujourd’hui demandé l’expulsion des deux bâtiments.

Nous espérons vous voir demain à 10h.

Nos sentiments dévoués à la cause des personnes abandonnées par les pouvoirs publics.

Les occupant.e.s des bâtiments Censive et du château du Tertre