Dans un froid mordant, et malgré les intimidations policières, 1500 personnes défilent. Jamais une manifestation de ce type n’avait tant rassemblé ! D’ordinaire, les rassemblements pour le droit des sans-papiers et des sans-logis agrègent difficilement une centaine de participants. Avec les occupations de plus en plus audacieuses menées depuis le mois de novembre, et le soutien de plus en plus large et populaire à la lutte, quelque chose est en train de se construire à Nantes. Voir la tête de cortège composée de jeunes exilés, reprenant leurs destins en main, lançant les slogans au mégaphone et ambiançant le défilé, est en soi une démonstration de force et de solidarité réjouissante. Derrière eux, une foule hétérogène composée aussi bien des forces vives des récentes manifestations que de familles, d’hébergeurs solidaires, d’étudiants, de syndicalistes …

Face aux centaines de nantais mobilisés pour l’accès aux droits fondamentaux de tous, l’État ne réagit plus que par la provocation. Avant même le rassemblement, la BAC en cagoule contrôle et fouille des manifestants. Des menaces personnelles sont proférées. Le défilé se déroule littéralement encadré de part de d’autre par un cordon policier qui court autour du cortège, électrisant les participants et inquiétant les badauds qui font leur marché de Noël. Un CRS met en joue la foule au moment de passer devant la préfecture. D’autres menacent les manifestants de tirer des grenades devant le Tribunal Administratif – qui avait validé l’expulsion cette semaine –, étape symbolique de l’après-midi. Le défilé, on ne peut plus calme, ne pourra pas faire le parcours prévu. Après la manif, d’autres coups de pression sont mis à des manifestants qui rentrent chez eux. Un régime qui en est rendu à dépenser des dizaines de milliers d’euros pour envoyer un hélicoptère, des centaines d’hommes et des canons à eau face à une manifestation familiale, antiraciste et totalement inoffensive, est un régime prêt à basculer dans l’obscurité.

Du reste, malgré leurs menaces, les nervis racistes n’ont pas osé venir se frotter à la manifestation. Les héros de l’extrême droite nantaise préfèrent frapper des adolescents à 4 contre 1 de nuit, ou gazer par surprise les occupant-e-s du château du Tertre. Minables.

Le soir, un grand repas est donné au château du Tertre toujours occupé, dans une ambiance chaleureuse. Mais le président de l’université menace plus que jamais de faire intervenir les forces de l’ordre sur la fac. Restons vigilants en cas d’alerte. La lutte continue !

A Strasbourg, un bar néo-nazi vient d’ouvrir en plein centre-ville. A Lille, la police est intervenue il y a deux jours à l’université, dans un amphithéâtre, pour empêcher la conférence d’universitaires critiques suivie d’une réunion contre la sélection à la fac. Les temps sont dur, soyons forts. Big up à celles et ceux qui luttent !