A court d’arguments pour empêcher la Catalogne de voter sur une possible séparation de la Monarchie espagnole, Rajoy, appuyé par les collabos du PSOE, Parti Socialiste Ouvrier (sic) Espagnol, digne pendant ibérique de feu le PS en France, avait envoyé 10 000 guardias civiles et autres troupes de choc à Barcelone, un déploiement policier inédit depuis la dictature franquiste, et bien plus important que pendant les attentats de cet été. Comme il fallait loger tous ces braves gens et que, bizarrement, ils n’étaient pas forcément bienvenus chez l’habitant, le gouvernement espagnol avait réquisitionné un ferry de la compagnie italienne Moby, sous contrat avec une célèbre compagnie états-unienne de dessins animés.

Sauf qu’hier, pour faire respecter les règles de la démocratie espagnoliste, ce n’est pas Titi et Grosminet que le gouvernement madrilène a lancé sur la population, depuis Barcelone jusque dans les plus petits villages de la campagne catalane, ce sont des escadrons de ninjas aussi subtils et raffinés que les playmobils que nous avons l’habitude de voir se défouler dans les rues de notre belle France.

On pourrait bien sûr s’interroger sur l’intérêt que les classes populaires catalanes auraient à avoir leur propre État, leurs propres patrons, leurs propres milices nationales : l’exploitation en catalan ne sera pas forcément moins dure qu’en castillan. En revanche, si on avait encore des doutes, l’intervention d’hier permet de comprendre pourquoi une grande partie d’entre eux ne veut plus rien avoir à faire avec l’État espagnol. Les relations entre la Catalogne et la monarchie espagnole ont historiquement toujours été compliquées ne peuvent tenir que si les conditions d’une large autonomie de la Catalogne historique est assurée. A chaque fois que le pouvoir centraliste espagnol a voulu imposer sa volonté de manière autoritaire, les Catalans ont rappelé qu’ils entendaient décider de leur destin eux-mêmes. C’était vrai en 1640, c’était vrai pendant la république espagnole, dans les années 1930, sous le franquisme et ça l’est toujours aujourd’hui.

Hier soir, les franquistes fêtaient à Madrid, le bras tendu, les coups de matraques et les confiscations d’urnes ordonnées par Rajoy et appliqués avec zèle par ce qui ne peut plus apparaître que comme des forces d’occupation espagnole en Catalogne. Le tout au son du « Cara al sol », l’hymne de la Phalange, sans que personne ne trouve à y redire, alors que cela relève clairement de l’apologie de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, la répression franquiste en Catalogne et dans le reste de l’Espagne ayant fait des dizaines de milliers de morts.

Pendant ce temps, de nombreuses manifs de soutien étaient organisées aux quatre coins de l’Espagne, à Madrid, Castellón, Ségovie, Ciudad Real, Séville, Majorque, Ibiza, en Cantabrie, en Galice et un peu partout en Euskadi, à Donostia ou à Bilbao. Dans certains cas, la même réponse qu’à Barcelone, à Tarragona ou à Gérone : la matraque, les balles en caoutchouc et les coups de bouclier. Circulez y a rien à voir. Le problème c’est que tout le monde a vu : les protestations pleuvent du monde entier et même une baderne aussi jacobine et national-républicaine que Mélenchon s’est cru obligé d’y aller de sa jérémiade contre la sauvagerie des milices néo-franquistes. On attend avec impatience d’avoir son opinion sur le processus d’auto-détermination des Kurdes et sur le référendum sur l’indépendance de la kanaky, prévu en novembre 2018 et dont Manuel Valls, entre autres grands démocrates, doit s’occuper. Pour le petit caporal Macron, les choses sont claires: il faut soutenir Rajoy !

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