La souffrance au travail des agents de la Tan est indéniable. Mais au lieu de s’attaquer aux vraies causes et aux vrais responsables, il.les préfèrent stigmatiser les classes populaires, faisant échos aux pétitions des commerçants du centre-ville contre les personnes jugées indésirables à Bouffay et Commerce. Comme les riverains, il.les voudraient un centre-ville sans pauvres mais fréquenté uniquement par de riches consommateurs et des touristes et reléguer les classes populaires dans les quartiers dits difficiles. L’amalgame est rapidement fait entre les « jeunes », les  « dealers » et les « étrangers ». Suite à ces plaintes, la police patrouille, chasse les détenteurs de drogue ou les étrangers sans papiers et procède à de nombreuses arrestations. La presse également contribue à jeter de l’huile sur le feu en entretenant le sentiment d’insécurité et les fantasmes habituels sur les transports en commun et les stations fréquentées du centre. Évidemment, dans les villes, qui concentrent de nombreuses personnes, les incidents sont proportionnellement plus fréquents qu’ailleurs. Mais dans quelle proportion ? De quoi parle-t-on ? D’homicide, de harcèlement, d’agression, de viol, de violence, d’insulte, de regard de travers, de manière de parler, de s’habiller et d’être ? En ce qui me concerne, je ne circule qu’en transport en commun et traverse quotidiennement la ville depuis des années et m’y sent très bien.

Parfois les esprits s’échauffent contre les chauffeur.euses et contrôleur.euses de la Tan. Mais on ne parle pas des toutes les raisons. Rappelons que le ticket n’a cessé d’augmenter, sanctionnant les plus pauvres (étudiant.es, chômeur.euses, sans domiciles, réfugié.es), que l’accès aux aides n’est pas aisé, que la précarité ne cesse d’augmenter et que la vie est de plus en plus chère. Les conditions de travail à la Tan sont dégradées par la cadence et la quête de rentabilité. Les chauffeur.euses sont pressé.es, stressé.es, doivent surveiller les entrées, faire un pré-contrôle en plus des bornes et des autres contrôles. Les gens sont ainsi contrôlés à mainte reprise. Même si de nombreu.ses agents restent aimables et compréhensi.ves, d’autres se comportent mal, ont un ton agressif, un regard méprisant, ferment les portes sur votre nez, démarrent alors que vous voulez entrer, ne ralentissent pas dans les rues et aux passages piétons. Les solutions réclamées sont : plus de contrôles, de policiers, de répression, de surveillance. Mais ça ne fera qu’exacerber la situation si l’on ne s’attaque pas aux causes du problème : management infernal, conditions de travail dégradées pour les agents, culture de la défiance à l’égard des minorités, augmentation des inégalités sociales, hausse des tarifs, alors que les transports en commun sont nécessaires pour les plus pauvres qui vivent éloigné.es du centre.

En améliorant les conditions de travail des agents et de vie de la population, en développant une gestion égalitaire des tarifs avec la gratuité et une culture de la tolérance, on peut espérer améliorer le quotidien de tou.tes. Mais ça ne se fera certainement pas en creusant les inégalités par l’exclusion sociale et économique et en réduisant les libertés par une politique de contrôle et de répression.