Communiqué du KTS – 28 août 2017

Ce vendredi 25 août, le ministre allemand de l´Intérieur Thomas de Maizière a ordonné la perquisition de quatre appartements, de deux véhicules et du centre autonome « KTS » de Freiburg. L´objectif était de détruire la plate-forme d´information indépendante « linksunten indymedia » fraichement interdite. Cette dernière aurait selon les autorités son prétendu « siège associatif » au KTS. Cette contruction absurde a permis à l´aile droite du CDU (parti de l´Union Chrétienne Démocrate) d´ordonner à ses sbires de faire irruption au petit matin dans des appartements et dans notre centre autonome. En plus de la quasi-totalité des équipements techniques et des documents, la police a saisi le courrier de divers groupes et individus, a volé les cagnottes et a arraché les coffres-forts des murs.

L´Etat se targue d´une « opération coup de poing » contre « l´extrémisme de gauche ». Il s´agit en réalité de vieux hommes réactionnaires qui en vue des élections législatives se mettent en avant en dénigrant l´engagement de la société civile. L´action de vendredi a démontré que tous les moyens sont bons pour l´Etat pour contrer la diversité des opinions et les structures autogérées.

Construction d´association : l´imaginaire malade des bureaucrates allemands

La perquisition du KTS et des appartements confirme la criminilisation des projets et des lieux de gauche ici comme ailleurs. Le fait que le ministère de l´Intérieur et le tribunal administratif s´efforcent de faire de notre centre autonome le « siège associatif » de la plate-forme internet linksunten.indymedia.org relève non seulement de l´ignorance totale, mais autorise de plus le vol étatique à grande échelle. Les personnes présentes ont été contrôlées et évacuées des lieux. Tous les ordinateurs, disques durs, téléphones et les caisses d´argent se trouvant dans le KTS ont été saisis. Sont concerné.e.s par cette fiction absurde de « siège associatif de linksunten.indymedia.org » : différents groupes de théâtre, des artistes, des musicien.ne.s, l´espace de gratuité, l´espace infos, les ateliers et les bureaux de divers groupes écologistes, antifascistes et libertaires. Nombre de ces groupes sont solidaires avec les automédias de gauche, mais ne sont en rien assimilables au nouvel ennemi préféré du Cyberespace de de Maizière. Et si c´était le cas, alors nous serions tous Indymedia.

Des découvertes d´armes et autres contes de fées

« Opération coup de poing contre des extrémistes de gauches armés » titrait la presse le jour de la descente de police, sur indication du ministère de l´Intérieur. En réalité, lors de sa razzia des logements privés et du KTS, la police criminelle n´a trouvé que divers objets légaux tels que des bombes de peinture, des matraques et des couteaux. Tous ces objets ont ensuite été soigneusement présentés pour étayer la propagande du ministére de l´Intérieur. Si les autorités avaient perquisitionné une association de chasse, ils auraient pour sûr trouvé des objets dangereux.

La légende s´est effondrée au bout de quelques heures et de quelques recherches sur des médias indépendants. Les objets récoltés au KTS n´ont non seulement rien à voir avec le motif de la perquisition, mais sont surtout absolument légaux. Tout comme après les manifestations spectaculaires contre le somment du G20 début juillet, l´Etat use d´une interprétation flexible des droits fondamentaux, au service de ses intérêts.

Une attaque sans précédent à l´encontre de la liberté de la presse

Le réseau internet indépendant, décentral et anticapitaliste Indymedia s´est développé au courant des mouvements altermondialistes des années 2000 et constitue un porte-voix majeur pour des centaines de milliers de personnes sur toute la planète. Cette tentative de démantèlement de linksunten est une offensive contre tous les mouvements sociaux qui se situent dans la lutte pour une globalisation solidaire. Les autorités n´attaquent pas seulement les journalistes et les activistes des médias autonomes à Téhéran, Amed ou Athènes. Cela se déroule ici et maintenant, à Hambourg, à Freiburg et dans le Cyberespace.

La lutte continue

Après neuf ans d´activité, l´Etat tente de faire disparaître probablement le plus important portail d´informations germanophone du mouvement antifasciste. Nous doutons cependant que cet acte demeure sans répercussions politiques. Samedi déjà, 400 personnes ont défilé spontanément contre la répression à Freiburg. Si le ministre pense qu´il peut nous faire taire, il se fourre le doigt dans l´oeil. Non seulement ici mais aussi un peu partout ailleurs, des actions de solidarité contre cette attaque du journalisme et des espaces autogérés de gauche sont prévues.

A ce stade, nous souhaitons chaudement remercier tous ceux qui ont manifesté leur solidarité lors des derniers jours. Encore pour les prochaines semaines et mois à venir, la cohésion sera de mise. Le samedi 9 septembre, le « Groupe de soutien des médias indépendants » prévoit une manifestation internationale pour la liberté de la presse et contre la répression à Freiburg. Nous nous solidarisons avec tout.e.s les ami.e.s qui subissent la répression et nous allons – aujourd´hui plus que jamais – résister aux tendances autoritaires et aux politiques liberticides.

 

Non à la propagande contre le travail journalistique émancipatoire et antifasciste !

Solidarité avec les espaces de gauche et l´information contestataire !

Liberté pour linksunten.indymedia.org !

 

Dons pour les victimes de la répression à cette adresse :

Rote Hilfe OG Stuttgart

IBAN: DE66 4306 0967 4007 2383 13

BIC: GENODEM1GLS

Objet: linksunten