L’acte de naissance dans la rue du Front Social est annoncé pour ce lundi 19 juin, lendemain des élections. Par une chaleur écrasante, entre 3 et 400 personnes se retrouvent sur la Place du Bouffay en début de soirée. La foule, hétérogène, se retrouve autour de camions syndicaux et d’un banquet préparé par le mouvement anti-aéroport. L’ambiance est bonne, les discussion s’amorcent autour de bières fraîches. Un participant vient jouer des percussions sur la place. Seule ombre au tableau : le dispositif policier délirant qui sillonne les rues du quartier et forme déjà une nasse menaçante autour de la place.

Après quelques prises de paroles, une action symbolique assumée collectivement doit marquer le début des résistances à venir. La foule s’agrège autour de la banque HSBC à l’angle d’une rue. Des sacs de ciments et des parpaings apparaissent. Manifestants, syndiqués ou non, commencent à murer paisiblement la façade alors que l’étau se resserre immédiatement. Les instants qui suivent sont d’une prodigieuse violence. Des rangées de matraques s’abattent sur une ligne, dérisoire, de manifestants qui forment une ligne autour des « maçons ». Les flics, enragés, braquent un père de famille portant sa fille dans ses bras avec le canon d’un Lanceur de Balles de Défense. D’autres aspergent les manifestants qui reculent de gaz lacrymogène. Une grenade explose. Un syndicaliste est au sol, le crane couvert de sang. Des enfants pleurent. La BAC charge ceux qui restent et arrachent un manifestant en l’étranglant. Scènes surréalistes de policiers frappant de toute leur force des darons en short et en claquettes ou hurlant sur des passants. Le sentiment de colère et d’impuissance est grand. Les ordres sont clairs : marquer dans les chairs et terroriser tou-te-s celles et ceux qui tentent de faire front contre le nouveau gouvernement.

Les Street Medics Nantes, comme toujours d’une grande efficacité, assurent les premiers secours et dénombrent une quinzaine de blessés, essentiellement à coups de matraques.

Le face à face se poursuit alors qu’un hélicoptère apparaît dans le ciel. On exige alors la libération de syndicalistes CGT qui sont encerclés par la police à côté de leur camion. Quelques clameurs tentent d’égayer la soirée. La place se vide progressivement autour de 21H, après un appel à se retrouver dans les prochains jours.

Nos forces sont multiples. A suivre !