De mémoire de militant antifasciste, Guingamp n’avait plus connu de telles démonstrations fascistes en pleine rue depuis très longtemps. Le Collectif de vigilance antifasciste des Côtes-d’Armor (CVA 22) n’avait pas choisi la cité de la Plomée par hasard pour rendre hommage aux victimes des crimes fascistes, quatre ans après l’assassinat du Brestois Clément Méric à Paris. L’ouverture d’un bar pseudo-celtique par un nostalgique de la Bezen Perrot et la formation d’un groupuscule d’extrême-droite sur place nourrit les inquiétudes des observateurs attentifs. Récit.

Un cortège intergénérationnel d’un peu moins de cent personnes quitte la place du Vally vers 15 h pour prend la direction de la place du Centre, surveillé et encadré par la gendarmerie. Soudain, une poignée de militants d’extrême-droite surgissent de la venelle du Moulin et la Ville, passage étroit qui mène au Trieux. S’en suit une courte altercation sous le regard de la gendarmerie qui reste stoïque. Les agresseurs, minoritaires, prennent la fuite.

Après quelques prises de parole devant la fontaine de la Plomée, quatre ans après la mort de Clément Méric dans un contexte sécuritaire et antisocial qui nourrit les idéologies de haine, le cortège se décide à cheminer vers la rue Saint-Michel, où le militant « national-racial » breton Jérôme Bannier (Jerom’ Ar Banner ou Jec’hom arBanner sur Facebook) a repris récemment le bar La Vieille Auberge rebaptisé Bro Gozh.

Les portes de l’établissement sont closes, mais le tenancier apparaît à la fenêtre du premier étage, au bout de plusieurs minutes, alors que les manifestants vont pour partir. De nombreux témoins l’observent tendre le bras droit tout en proférant des insultes envers les manifestants, mais aussi contre les immigrés. Il prétend pouvoir, sur un coup de fil, ramener le double d’activistes pour le défendre. Une femme assez âgée passe ensuite furtivement la tête par la même fenêtre. Peut-être s’agit-il de Jeannine Ecobichon, gérante de société et mère de Jérôme et Anthony.

Quelques autocollants sont déposés sur la façade, rien de plus. Des personnes filment toute la scène.

Les manifestants préfèrent l’ironie à l’affrontement et laissent le barman à ses délires, en faisant résonner des « Siamo tutti antifascisti ! » dans les ruelles de la cité. Si des riverains restent sidérés, d’autres reconnaissent que la mauvaise réputation du patron est arrivée jusqu’à leurs oreilles.

Arrivés sur le pont de la rue Saint-Sébastien, les manifestants sont interpellés à distance par six ou sept individus, positionnés sur la passerelle, proche du bar La Glicyne. Malgré leurs cris inintelligibles et leur comportement agité (l’un d’eux est torse nu) nous ne sommes pas dans le grand Nord canadien pendant la période des amours, mais bien à Guingamp face à d’authentiques spécimens de néo-nazis au bulbe guère irrigué. C’est ce que rappellent à ceux qui en doutaient les jets de bouteilles et de verres en direction du cortège, qui compte des enfants dont un en très bas âgé transporté en poussette, toujours sous l’oeil de la gendarmerie. Une scène typique de hooliganisme.

La manifestation se termine dans le calme et sans se presser place du Vally, après deux heures de marche, sans blessé à déplorer. Démonstration est faite que Guingamp abrite un repère de fascistes qui a pignon sur rue.

Radio Debout Lannion

P.-S.

Bretagne Information (média de la Gauche indépendantiste bretonne) a publié un long article qui détaille les liens entre les frères Bannier et l’extrême-droite frange Breiz Atao Boris Le Lay.