La CNT protège-t-elle les violeurs ?

Retour sur une nouvelle agression sexiste en milieu militant

On savait la CNT plus attachée à un esthétisme et un folklore virilistes qu’à une réelle implication dans des combats féministes. Oh, bien sûr, comme toute organisation révolutionnaire de gauche, elle se revendique certainement « antisexiste » et doit se fendre chaque année autour du 8 mars, d’un communiqué, voire même peut-être d’un dossier spécial dans leur feuille de choux, que le bureau confédéral, dans sa grande mansuètude, a laissé écrire aux authentiques et courageuses féministes de l’organisation (on ne doute pas qu’il y en ait et on leur adresse un salut amical).

Mais l’affaire qui agite la confédération en ce moment dépasse ce triste constat.

Dans un communiqué publié sur le site de la confédération, le syndicat CNT Santé Social de Lorraine s’offusque d’une communication publique d’Alternative Libertaire mettant en cause un de leur adhérent (qui a la double étiquette AL – CNT) dans une affaire de viol.

Et oui, un de plus dans le merveilleux monde militant si prompt à dénoncer tout les systèmes d’oppression quel qu’ils soient… Sauf les actes de leurs militants…

La meilleure défense étant l’attaque, plutôt que d’agir contre ce militant, bien connu par ailleurs pour son sexisme, la CNT Lorraine crie au scandale, au « complot politique », à « la tentative de déstabilisation »… On croit rêver…

http://www.cnt-f.org/ssct-lorraine-communique-de-presse.html

Encore plus déplorable, ils en appellent aux principes féministes pour encourager la victime… à porter plainte. Vous avez bien entendu. Eux qui « n’ont de leçon de féminisme à recevoir de personne » (c’est bien dommage !!!) disent quoi faire à la victime en l’incitant fortement à porter plainte et s’en remettent aveuglément à la justice bourgeoise et sexiste. Comment une orga qui se prétend antisexiste peut à ce point faire fi des réalités de la justice quand il s’agit d’affaires de viol. Comment une orga. prétendument révolutionnaire devient soudainement la courroie de transmission des juges ??

Alors qu’AL a suspendu son adhérent dès le mois de novembre, la CNT n’a pas jugé bon de l’écarter du syndicat, au détriment des plus évidentes mesures de protection vis-à-vis de victimes d’agressions (avérées ou non, là n’est pas la question).

Ensuite, la CNT renvoie systématiquement au principe de « présomption d’innocence » pour justifier sa décision de garder en son sein ce militant. On croirait entendre l’équipe de campagne de FILLON. Faire appel à ce concept est ridicule de la part d’une organisation qui prétend défendre les opprimé-e-s contre leurs oppresseurs.

En lisant leur argumentaire, on ne sait plus s’il s’agit de bêtise (tragique), de mauvaise foi, de cynisme et de foutage de gueule, mais on comprend l’agitation qui s’empare de la confédération. Car au-delà du syndicat de Lorraine, d’autres ont apporté ouvertement leur soutien à la démarche de maintien du militant dans les rangs de la CNT et au syndicat de Lorraine (sur les réseaux sociaux, dans les justifications qui leur sont demandés au détour d’une manif…). Réflexes masculinistes de solidarité et contre les attaques des féministes-qui-ne-comprennent-rien. Les syndicats CNT de Paris sont encore les premiers à dégainer en défense d’un agresseur.

Triste constat, rien ne change… ‘pas faute de les avoir déjà épinglé sur un sexisme récurrent au sein du syndicat… La vieille garde a encore de beaux jours devant elle.

Certains syndicats de la conf’ semblent ouvrir leur gueule, est-ce que cela suffira à obtenir une clarification sur les positions de la confédération ou continuera-t-elle à tempérer la température en enfouissant ces odieuses pratiques sous le tapis, comme elle semble le faire actuellement ?

Jérôme, ex-sympathisant parisien désabusé par le sexisme à la CNT.