Alors que le FN mène depuis plusieurs années, et avec succès, une campagne de dédiabolisation, de normalisation, certains – dans un formidable retournement – accusent les opposants de ce week-end de « Faire le jeu du front national » .  Nous affirmons que ceux qui font le jeu du front national, ce ne sont pas les manifestants qui redescendent en nombre dans la rue – dans le calme ou avec fracas – mais au contraire tous ceux qui aujourd’hui nous font la leçon !

– D’abord Nantes métropole qui tente d’accueillir l’extrême droite le 3 février dernier à la maison des syndicats avant de se replier sous la pression vers la salle Bretagne. Quatre semaine plus tard Nantes métropole  déroule le tapis rouge à Marine Le Pen en mettant à sa disposition le Zénith tandis qu’elle s’avère par ailleurs incapable d’assurer ses missions élémentaires d’accueil des migrants, un drôle de sens de l’hospitalité ! Une manière de choisir son camp qui tranche avec la précédente venue de Marine Le Pen en 2012 dans une petite salle privée de la périphérie.

– Ensuite la police, dont plus de la moitié des effectifs vote pour le Front National (source : Cevipof). Elle cherche systématiquement à en découdre avec les manifestants, mutilant les jeunes et attisant leur rage ; tout en se livrant à des actes de ratonnade digne de l’époque coloniale, comme  avec le viol de Théo, devenu une source inépuisable de blagues douteuses lors des contrôles.

– Mais aussi les partis politiques classiques de tous bord, au premier rang desquels la gauche qui s’est échinée ce dernier mandat à appliquer les points forts du  programme du front, précipitant la dérive autoritaire du régime. État d’urgence permanent, assouplissement des règles de légitime défense pour la police leur délivrant un véritable permis de tuer, traque des exilés dans la jungle de Calais comme dans les rues de Paris, interdictions de manifester et répression féroce du mouvement social dans toutes ses composantes, des jeunes enragés aux salariés d’air France en passant par des paysans anti-aéroport.

    A tous ceux qui nous critiquent en invoquant la démocratie et la liberté d’expression, on rappellera qu’à plusieurs reprises dans l’histoire le fascisme s’est institué par les urnes. Qu’aujourd’hui encore son accession au pouvoir au États-Unis est le fruit de plusieurs mandats de gouvernants qui ont appliqué sa logique sécuritaire dans l’exercice du pouvoir.
    A tous ceux qui mettent sur le même plan quelques vitrines brisées et la politique de l’État, nous voudrions rappeler que la violence se situe bien du coté de l’État,  d’autant plus quand il délègue son monopole de la violence légitime à une police de plus en plus ouvertement raciste et xénophobe.
    A tous ceux qui, de tous âges et de toutes conditions, ne se laissent pas berner par de telles inepties, nous voulons dire merci d’être venu en nombre à la manifestation. Nous savons que nous serons encore plus nombreux dans la rue demain, d’abord contre la présence de l’extrême droite au second tour, mais aussi contre le prochain gouvernement qui ne manquera pas de prolonger le désastre dans lequel ses prédécesseurs nous ont engagés.

Et pour conclure de rappeler que nous voyons d’un très bon œil la mobilisation de plus de 4000 personnes dans les rues de Nantes samedi dernier face au relatif échec du meeting de marine Le Pen qui n’a su rassembler que 3000 personnes à l’échelle de la région élargie.

L’assemblée « À l’abordage »