Posté par Dissident-media.org

{Le site (www.planetebleue.info) est lancé à l’occasion de la tenue du G8 à Evian. Jacques Chirac a fait de l’accès à l’eau potable pour tous l’un des enjeux de cette rencontre. Il souhaite ainsi promouvoir « le modèle français » de l’eau, de plus en plus présenté comme la panacée lors des réunions internationales. Nous entendons par ce site suivre l’actualité de ce secteur, montrer ainsi les dérives de ce modèle et présenter des alternatives de par le monde.

Ce site est réalisé par une équipe de bénévoles et ne reçoit aucun financement. Il n’est par conséquent rattaché à aucune multinationale ayant des intérêts dans le secteur de l’eau.
Ce site est collaboratif. Vous pouvez publier un article ou répondre à ceux déjà présents sur le site.}

L’Or Bleu

Le manque d’eau potable est un problème crucial du 21ème siècle. Depuis cent ans, la consommation d’eau augmente deux fois plus vite que la population. D’ici à 2025, la demande risque d’augmenter de 650 %. Aujourd’hui 1,4 milliard d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable. Selon les prévisions des Nations Unies et de l’Unesco, ce chiffre pourrait passer à 2,5 milliards en 2025, soit un tiers de l’humanité.

2 milliards d’hommes ne disposent pas aujourd’hui d’infrastructures sanitaires ni de systèmes d’épuration des eaux.

80 % de toutes les maladies affectant le Sud sont dues à la consommation d’eau polluée et quatre millions d’enfants en meurent chaque année.

Entre 1950 et 1990, le taux de croissance des prélèvements en eau a été plus du double de celui de la population. Au total, il a été multiplié par six depuis le début du siècle. Corrélativement, la quantité d’eau douce renouvelable et disponible est passée, par habitant, de 17 000 m3 en 1950 à 7 500 m3 en 1995 et devrait tomber à 5 100 m3 en 2025. Dès 2030, la demande en eau pourrait dépasser l’offre.

Déjà, les conflits de distribution de l’eau occasionnent des tensions sociales à l’échelle planétaire: au Proche-Orient, en Afrique du Nord, en Asie (Inde, Pakistan, Bangladesh), en Amérique latine (Bolivie), mais aussi en Europe (Espagne / projet de l’Ebre).

Seule 5% de l’eau douce dans le monde est pour l’instant privatisée. Les marchés à prendre sont donc titanesques. Et comme l’eau se fait de plus en plus rare et donc plus précieuse, elle intéresse de plus en plus l’économie privée :
o Les grands groupes actifs à l’échelon planétaire comme les sociétés françaises Suez-Lyonnaise des Eaux, Veolia (ex Vivendi-environnement) ou comme l’allemande RWE Aqua GmbH y voient une possibilité lucrative d’augmenter leur capital. Ils approvisionnent aujourd’hui des métropoles comme Manille, Jakarta ou Ho-Chi-Minh-Ville. Les multinationales en question se concentrent surtout sur l’approvisionnement en eau potable de grandes villes. Les adductions en milieu rural tout comme le secteur des eaux usées ne les intéressent pas. La technologie de pointe utilisée à ce niveau entrave la recherche de techniques optimales adaptées aux conditions locales.

– Début 2000, la Banque genevoise Pictet a lancé le premier fonds mondial de placement sur l’eau. La compagnie américaine Avalon Trust lui a emboîté le pas un peu plus tard. Toutes deux misent sur des « chances de gain supérieures à la moyenne » dans ce domaine.

– Le manque d’eau salubre est responsable de la croissance du marché des eaux minérales. Le leader mondial dans ce domaine, Nestlé, a lancé l’eau en bouteille « Pure Life » dans les pays du Sud et « Aquarel » en Europe. Il s’attend à des gains juteux. Avec ses revenus, une famille indienne parvient tout juste à couvrir le quart de ses besoins en eau potable en achetant des bouteilles.

– En prétendant qu’elle améliore l’offre et casse les prix, la Banque mondiale prône également la privatisation et en fait une condition de désendettement et d’octroi de crédits. Il en est ainsi en Bolivie (Cochabamba) ou au Mozambique (Maputo) pour ne citer que ces deux exemples-là.

– Divers pays industrialisés comme la France et l’Angleterre ont également privatisé l’approvisionnement en eau. Dans ce dernier pays, on envisage sérieusement à remettre l’eau en mains nationales, les prestations fournies étant insuffisantes.

Lors de la dernière réunion de l’Organisation mondiale du commerce à Doha, deux heures avant la conclusion formelle du sommet, les Etats-Unis ont introduit l’article 31 37 sur l’Accord Général sur le Commerce des Services. Une ligne de cet article stipule que les prochaines négociations pourront porter sur l’environnement. C’est par là que le commerce mondial de l’eau sera introduit.

Prétendre que la privatisation améliore l’offre ne tient pas. Ainsi, les grandes compagnies internationales se concentrent presque entièrement sur l’approvisionnement des grandes métropoles, celles-ci possédant déjà les infrastructures nécessaires. Tandis que les multinationales en question réussissent ainsi à faire des bénéfices considérables, c’est au secteur public d’approvisionner la campagne. Celui-ci est désormais dans l’impossibilité d’avoir recours aux subventions croisées afin de financer l’équipement des campagnes. Une autre conséquence de la privatisation est l’augmentation des prix qui pénalise les plus démunis, mettant en danger leur accès à l’eau potable. Ainsi, la privatisation est loin d’être une solution aux grands problèmes liés à l’eau car elle ne propose aucune solution ni pour l’évacuation des eaux usées en milieu urbain, ni pour l’approvisionnement en eau potable pour tous. Au contraire, le problème prend de l’ampleur.

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