6 décembre 1986. La droite est au pouvoir. La jeunesse a pris la rue contre la Loi Devaquet, un projet de réforme des universités. Au soir d’une importante manifestation, des troupes de voltigeurs, des policiers à moto munis de matraques, chargés de traquer et de frapper les derniers manifestants, se déploient dans le quartier où vient de terminer le défilé.

Malik Oussekine, un étudiant qui passait par là, est pris en chasse par ces troupes de choc. Les voltigeurs se précipitent à ses trousses, et le passent à tabac dans un hall d’immeuble. Il meurt dans la nuit. Ce crime policier provoque un véritable séisme politique. Des centaines de milliers de personnes descendent dans la rue. Le ministre Devaquet démissionne, et son projet de loi est abandonné. Les voltigeurs sont supprimés.

Le maintien de l’ordre français a vécu pendant des décennies dans la peur d’un nouveau Malik Oussekine. Cette période est révolue.

Cela fait 30 ans, jour pour jour, que Malik Oussekine est tombé sous les coups de matraque. En 30 ans, nous avons changé d’époque. Aujourd’hui, c’est la gauche qui envoie les brigades de choc sur les manifestants et dans les quartiers. En 2014, c’est la gauche qui est responsable de la mort d’un autre manifestant, Rémi Fraisse, sur la ZAD du Testet. C’est la gauche qui est allée jusqu’à exhumer de nouveaux voltigeurs, policiers à moto, aux abords de certaines manifestation à Nantes ou à Toulouse.

30 ans après la mort de Malik Oussekine, l’époque est à l’état d’urgence et à la fuite en avant autoritaire. La mort ou la mutilation d’un manifestant par la police n’émeut plus grand monde. Et la classe politique toute entière se rallie à l’Union Sacrée sécuritaire. Nous l’avons constaté ces derniers mois : le gouvernement n’a plus peur de frapper les corps. Il assume désormais le risque de blesser gravement, voire de tuer, y compris pendant un puissant mouvement social. C’est un tournant historique, et nous le devons au Parti Socialiste.

Du reste, c’est ce 6 décembre 2016, en cette funeste date anniversaire, que Bernard Cazeneuve, le premier flic de France, le tueur de Sivens et de Beaumont-sur-Oise, l’artisan de l’état d’urgence, est désigné comme chef du gouvernement de cette fin de règne socialiste. La boucle est bouclée.