« Toujours, il semble qu’il va se passer quelque chose, mais par chance tout s’est bien terminé », a dit Juan Cruz Daffunchio, du MTD Aníbal Verón, quand l’acte de la place de Mai qui cloturait les activités du duxiême anniversaire des assassinats de Dario et Maxi dans la station d’Avellaneda venait de se terminer. Daffunchio se référait au climat, vu que les nuages ont menacé toute la journée de déverser leur contenu mais n’ont pas altérer le cronogramme. Mais malgré le fait que la mobilisation depuis le Pont Pueyrredon fut un incontestable succès, le dirigeant, comme le reste des manifestants, a assuré que l’assassinat du militant de la FTV, Martín Cisneros, fut la pire nouvelle possible pour ce nouvel anniversaire. Des milliers de piqueteros ont exprimé ce samedi une réclamation unanime : « Jugement et condamnation des responsables matériels et politiques du massacre du 26 juin 2002 ».
« Ce crime du camarade de la FTV est un signal d’alerte pour tout le mouvement populaire, qui se solidarise profondément avec les victimes, au-delà des différences entre les organisations. » Ceci fut le message que les groupements de chômeurs ont cherché à transmettre. La mort du militant du secteur que dirige Luis D’Elía fut interprétée comme une attaque envers tout l’arc du mouvement piquetero et eu son impact dans le déroulement de la journée.
Le jour avait débuté très tôt, lorsque la nouvelle sur le crime de La Boca arriva sur le pont Pueyrredon, où les piqueteros réalisaient la veille pour le second anniversaire des morts de Maximiliano Kosteki et Darío Santillán. Le matin, comme annoncé, les organisations de l’Assemblée Nationale des Travailleurs (ANT), le Blocq Piquetero National (BPN), le MTD Aníbal Verón, la CTD Aníbal Verón, le MST Teresa Vive, le MIJD de Raúl Castells et la FTC ont réalisé des activités artistiques et culturelles ainsi qu’une radio ouverte.
Malgré un jour gris, des milliers de personnes se sont approchées du lieu. A la mi-journée, l’heure à laquelle se produisirent les assassinats des piqueteros du MTD il y a deux ans, un document consensualisé par la majorité des organisations a éte lu.
« Nous continuons à exiger la condamnation des responsabls politiques et matériels, qui en juin 2002, ont décrété la répression sur le peuple organisé qui se refusait à payer au prix de plus de faim les coûts de la dévaluation », a-t’on pu entendre par hauts parleurs. Le document a durement critiqué Eduardo Duhalde (président par intérim au moment des faits) -qui du avancer les élections après les morts de Kosteki y Santillán-, qui fut accusé d’avoir « exécuté la répression au travers de ses services de renseignement et des forces de sécurité ».
Mais toutes les flèches ne furent ps pas pour l’ancien gouverneur de la province de Buenos Aires. Au milieu de la tension qui existe entre le secteur piquetero et le gouvernement, il y eu aussi de fortes demandes de justice qui visèrent la Casa Rosada (palais présidentiel). « Le président (Néstor) Kirchner -ont signalé les piqueteros- n’ a pas respecté sa promesse faite aux familles des victimes. » En dernière heure, le ministre de l’Intérieur, Aníbal Fernández, a assuré que la création d’une commission d’enquête -quelque chose que les mouvements piqueteros attendaient de la part de l’exécutif- n’est pas dans les plans du gouvernement.
Plaza de junio
A 14 heure, les organisations commencèrent la mobilisation jusqu’à la Place de Mai. La colonne avait à sa tête une banderole qui réitérait les revendications envers le gouvernement pour qu’il approfondisse l’enquête. « L’Etat continue à couvrir, condamnation de tous les responsables du massacre d’Avellaneda. »
Parmi les leaders des organisations piqueteras, se trouvait le dirigeant du Courant Classiste Combattif (CCC) de Jujuy, Carlos « Perro » Santillán. « Le gouvernement doit se décider entre accéder aux demandes de justice du peuple et en finir avec l’impunité ou bien continuer les politiques qu’il a maintenu jusqu’à maintenant. Il doit opter entre la droite qui demande de la répression et le mouvement populaire. »
Alberto Santillán, père de Darío, a également fait parti des premiers rangs de la manifestation, au même titre que la famille de Kosteki. A ses côtés, avec une photo de son fils dans la main, se trouvait le père de Diego Lucena, le garcon assassiné il y a quelques jours à Isidro Casanova, où toutes les accusations visent la police. Furent aussi présents les députés Ariel Basteiro, Luis Zamora et Patricia Walsh, et le secrétaire général du Parti Communiste, Patricio Echegaray. Beaucoup d’habitants de la zone de Constitución sont sortis sur leurs balcons au passage de la manifestation qui occupait plusieurs patés de maison sur l’avenue 9 de Julio jusqu’à la descente du pont. Les manifestants étaient chargés de couvertures, de sacs de couchage,de « ollas » et d’équipements de maté avec lesquels ils ont passés la nuit.
Il y eut une scène qui s’est répétée plusieurs fois : tandis que les piqueteros avancaient, plusieurs groupes de personnes extérieures à la manifestation se concentrèrent sur les trottoires et applaudissèrent au passage des manifestants. Cela se produisit à la descente du pont, ensuite au coin de la 9 de Julio et de l’avenue Independencia, et en arrivant place de Mai où de nombreux touristes, étudiants et partisans filmèrent et photographièrent la protestation.
Les banderoles avec les visages de Maxi et Darío étaient très présentes ainsi que les pancartes qui exigeaint la justice. « Oh, oh, oh, la Verón », chantaient les militants du MTD. Des pancartes reproduisaient les témoignages de ceux qui participèrent aux évènemens du 26 juin 2002. « Ce fut une chasse à l’homme », répétaient-elles avant de s’arrêter face aux barrières de sécurité de la Place de Mai.
« Nous sommes surpris de cette escalade de « gatillo fácil » (gachette facile, pratique policière consistant à abattre gratuitement) et l’assassinat du camarade de la FTV est un fait terrible produit par les mafias politiques », a affirmé le leader du Pôle ouvrier, Néstor Pitrola, quelques minutes avant l’acte de fermeture, en mettant de côté ses différences politiques avec D’Elía (qui soutient Kirchner).
Pendant la massive marche d’hier -la police a parle de 25.000 personnes, Raúl Castells de 40.000 beaucoup de 70.000- qui fut la culmination d’une semaine dans laquelle les protestations ont occupé le centre de la scène politique, les organisations ont fermement maintenu leur posture de confrontation et ont réaffirmé leurs méthodes d’action, malgré les critiques déployées dans les derniers jours par plusieurs membres du gouvernement.
Au-delà de ces revendications, ne fut lu sur la place que le document exigeant l’éclaircissement des morts de Dario et Maxi et la condamnation des responsables matériels et politiques. « Nous ne voulons pas d’un autre juin et que tout continue de la même manière. »

Alfredo Ves Losada
Pagina12 – 27 juin 2004