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Répression en République Tchèque (Prague)

 

En avril 2015, il y eut une opération policière de grosse envergure à Prague contre des anarchistes (antispécistes, straigh-edges, anti-autoritaires) et toutes autres personnes en contestation. Cette opération nommée FENIX se déroula en 1 nuit. Il y eut de nombreuses perquisitions et saisies de matériels, ainsi que 11 arrestations et 6 personnes furent accusées de conspiration et terrorisme. Trois d’entre elleux sont restées en détention, Martin, Ale?, Petr. Ale? est sorti en liberté surveillé le 6 juin, et reste inculpé pour possession illégale d’arme. Depuis peu (4 sept) une dernière personne a été arrêtée, les autres sont sorti-e-s sous caution et attendent leur procès également. Le matériel saisie était entre autre les serveurs de nombreux sites anarchistes de Tchéquie qui ne furent donc pas accessible pendant un certain temps (il est possible qu’en plus de l’intimidation, se fut la cible réelle de cette opération!).

Depuis on sait que des flics en civils avaient infiltré le milieu anarchiste en organisant des fêtes (c’est l’occasion de prise d’empreinte ADN sur les verres), en proposant des actions, en nouant des liens. Ce sont ces agents provocateurs qui ont formé un groupe pour attaquer un train de l’armée et donc ont faits arrêtés des gens. C’est cette action qui officiellement a conduit à l’opération FENIX.

Martin est depuis 16 mois incarcéré sans procès, sans activité en taule car en isolement et pas de bouffe vegan, ce qui a été pris en charge par le collectif de soutien par l’envoie de colis de nourriture vegan, mais seulement 5kg restrictif tous les trois mois. Une première intervention judiciaire disait qu’il pouvait attendre son procès en liberté mais l’appel de cette décision l’a maintenu en prison. Il a alors commencé une grève de la faim qu’il a du stopper pour raison familiale.

Une personne dénommée Lukà? qui est anarchiste, s’est senti suivi par les flics. Il a donc envoyé un message pour dire qu’il allait disparaître. Depuis la police s’est mise en traque contre lui officiellement. Il y a eut une dizaine de perquisition illégale. Il a réussi une cavale de plus d’un an, mais c’est fait pocho’ le 4 sept dernier. On ne s’est pas de quoi il est accusé.

 

Une second vague de répression a sévi en juin 2015, faisant suite à une soit-disant attaque au cocktail Molotov de la maison du ministre de la défense, d’envoi de colis empoisonnés contre le ministre des finances, et celui de l’intérieur, du bureau présidentiel, et du journal du pouvoir, PRIMA TV. Là c’est 7 personnes qui ont été incarcérées avec des restrictions très fortes. Igor, un ressortissant russe, arrêté lors de cette opération, fut relâché 3 mois plus tard car il n’y avait pas de preuve de sa culpabilité. Malgré tout il fut puni pour complicité de vandalisme pour avoir photographié un graff… Il eut donc un second procès en avril 2016 et fut condamné lourdement à 2 ans de taule. Après un second procès en appel, il fut condamné à 3 ans de bannissement de la République Tchèque. Cette peine pourrait sembler plus cool mais il n’en est rien puisque cela oblige les personnes touchées à être leur propre agent de répression. De plus Igor avait toute sa vie et tous ses proches en République Tchèque, son entourage est très surveillé avec tout ce qu’une enquête anti-terroriste peut impliquer comme possibilité.

La police est fier de son travail et considère avoir touché une cellule révolutionnaire ( le SRB réseau des cellules révolutionnaires qui aurait à son actif 12 attaques incendiaires), et a fortement médiatisé toutes ces opérations. Cependant personne n’a été condamné dans le cas de l’attaque de la maison du ministre de la défense, par manque de preuve. Il est plus que possible que cette attaque soit tout aussi bidonné car malgré qu’il soit dit que 4 cocktails ait été lancé sur cette maison il n’y a aucune image de feux ou traces d’incendie. En ce qui concerne l’attaque du train cela n’était pas plus qu’un coup monté. Cela n’a pas calmé la révolte puisque depuis ces accusations et incarcérations, plus de voitures de police ont été brûlées…

 

On peut se demander pourquoi l’État tchèque a mis au point une telle manigance contre les idées et mouvances anarchistes alors que les fachos multiplient les exactions et ont tué plus d’une trentaine de personnes en 10 ans. (attaques ciblant la communauté rromani, ou des squatts politique, des personnes musulmanes,…) . Les fachos sont utiles à l’État puisqu’ils sont le bras armé non légale de sa répression. D’ailleurs ils ciblent les mêmes catégories de gens que l’État lui-même et partagent les mêmes méthodes de manipulations et de mensonges, ainsi que l’amour d’un pouvoir stable.

Là comme ailleurs le terme terroriste est utilisé pour faciliter l’isolement en prison, sans à avoir à justifier de faits concrets. De plus cela isole du reste de la population en révolte qui s’identifie plus à des pratiques pacifistes, malgré que les personnes accusées ne se revendiquent pas terroristes.

Alors que la crise économique se fait de plus en plus ressentir et qu’on assiste à une crise migratoire en europe en générale, les idées anarchistes qui portent un internationalisme sans frontière et solidaire, sont de plus en plus populaires ce qui est dangereux pour les autorités de tout état comme pour celui de la République Tchèque. C’est pourquoi il est impératif pour les autorités de décrédibiliser les anars.

Au moment de l’attaque de la maison du ministre de la défense, celui-ci signait un accord avec les USA pour implanter une base militaire américaine sur le territoire tchèque, accord de défense avec l’ONU et le jeune pays européen. Cette manœuvre militaire est vu comme un non-respect du contrat passé entre le bloc est et ouest par le pouvoir russe, et multiplie donc les tensions avec celui-ci. Il y a aussi les relations étroites que la République Tchèque entretient avec l’Ukraine qui pèsent dans la balance. Les liens avec les USA sont très étroits désormais et on peut reconnaître la pâte étasunienne dans la pratique policière d’infiltration de flics agents provocateurs comme cela a été le cas aux USA pour les groupes se réclamant de l’ELF et de l’ALF. Cela va sans dire que qui prépare une guerre potentielle, stabilise son territoire en maîtrisant quiconque s’oppose à l’autorité.

Igor est très actif dans la militance et étant considéré comme citoyen russe, il fut profilé anarchiste pro-poutine ce qui a justifié qu’il soit accusé de l’attaque au cocktail Molotov. Son arrestation et déportation hors du territoire tchèque est en lien avec la diplomatie de la République Tchèque.

Il est important de se questionner sur les conséquences de la répression mise en place et de déjouer les objectifs de cette répression afin de monter une anti-répression efficace. Cela a eu pour effet de diviser les anars que les accusations de terrorisme ont effrayé par peur de jugement similaire et donc freiné la solidarité. En effet pendant les premiers mois qui ont suivi l’opération FENIX personne ne savait que c’était un coup monté et la solidarité n’a pas toujours été là. De plus l’infiltration par des flics civils de l’opération FENIX, n’a pu que conduire à un certain repli sur soit. Il est important que la solidarité soit au rendez-vous et efficace pour empêcher que ces opérations de police freinent la révolte. Il faut renversé les coup-montés des flics. Il est important aussi de démonter le langage qui nous est assimilé comme les termes violence gratuite, terrorisme, extrêmisme,… Les luttes anti-militaristes (anti-carcéral, contre les frontières), les luttes antispécistes ont été des liens et points d’ancrage dans la solidarité. Beaucoup d’actions de soutien ont eu lieu comme des manifs devant les taules, et des tirs de feux d’artifice et des chants, des bouffes collectives dans les rues ou pour récolter de la thune pour le cantinage des prisonnier-e-s, des incendies de voitures de flics, des actions de libération animale,… que se soit en République Tchèque ou à l’international. Les liens directs avec les prisonnier-e-s par le biais de don d’argent pour les frais de justice et/ou le cantinage, encore plus quand les gens sont vegans, ainsi que les correspondances sont essentielles. Répondre aux appels à solidarité internationale comme l’appel du 2-3 août dernier.

Il faut que ces répressions plutôt que de nous diviser soient un tremplin pour encore plus de raisonnance de nos luttes. Les exemples de vengeances sont nombres, comme ce fut le cas pour la GEORGES JACKSON BRIGADE, aux USA, dans la deuxième moitié des années 70. Ce groupe qui a pris le nom d’un des membres des Blacks Panthers qui fut incarcéré et assassiné, était une petite cellule de personnes diverses, homosexuel-le-s, bisexuel-les-s, personne racisée. Il fit divers actions de sabotage à la bombe, contre l’hétéronormativité, la suprématie cis-genre et blanche dans la société et dans les prisons, contre les quartiers d’isolement, contre le capitalisme et l’impérialisme américain. Ellils firent des braquages de banques pour se financer, plastiquèrent des édifices de pouvoir … La répression qu’ellils ont subi, ont renforcé leurs luttes dans les prisons et à l’extérieure. Rita Bo Brown, une butch libérée après 8 ans de prison, co-fondera le collectif OUT OF CONTROL (lesbian committee to support women political prisoners). Ou encore Ed Mead, un pédé qui participa au groupe MEN AGAINST SEXISM constitué en prison contre l’homophobie et le viol. On peut aussi se remémorer la prise de la prison de Attica par les incarcéré-e-s, qui mit fin à cette taule sordide et ultra-violente. Cette action fait encore échos aujourd’hui, 45 ans plus tard, puisqu ‘elle est le point d’ancrage d’une révolte, programmée jours pour jours, dans toutes les taules des USA depuis le 9 sept 2016 contre l’esclave carcéral et la suprématie blanche*. Après qu’une taule avait mis fin à l’autodétermination des prisonnier-e-s qui avait conduit à la révolte dans cette taule et à une forte répression par la mise en isolement, tortures et sévices, une bombe a été posée en réponse au ministère de la justice qui causa beaucoup de dégâts, avec des revendications qui demandaient l’arrêt des tortures en taule. Grâce à cette action et à la visibilité des faits, ces tortures ont cessé. Bien d’autres exemples montrent que les allers/retours intérieure/extérieure sont très importants et peuvent sauver et changer la vie des détenu-e-s, et même les libérer, comme se fut le cas pour Angela Davis.

Les luttes contre tous les enfermements, contre les frontières et anti-militaristes sont liées et nous concernent tous et toutes. La diversité des actions mis en œuvre sont importantes.

 

Ce que l’on peut se souvenir de l’expérience tchèque :

Garder le silence face à la police est primordial pour soit, ou pour les autres, il faut s’y préparer.

Ne pas répondre à la police quand ils sonnent à ta porte car ils peuvent te pousser à accepter une perquiz’ illégal, de plus ils peuvent dissimuler des trucs répréhensibles dans ton domicile. D’ailleurs c’est intéressant d’avoir de quoi les filmer quand cela arrive.

Être prudent-e de avec qui tu fais les choses, il est préférable de bien se connaître.

Vigilance à ce qu’il n’y est pas de hiérarchie, même occasionnel, cela évite de pointer du doigt celleux qui se mettent en avant, qui seront plus surveiller par la police et auront plus de pression pour être des poukaves et agents provocateurs-trices, ou/et seront arrêté-e-s.

La sécurité est une question collective, quelques failles brisent l’ensemble.

Les flics profilent les gens, infiltrent et engendrent des discussions pour avoir des infos sur les actions et possibilités de chacun-e-s. Si l’on parle de manière enflammée cela peut attirer les flics sur soit.

Un mouvement fort et confident est plus dure à piéger.

L’État et sa police veut diviser et annihiler les révoltes et c’est de ce dont on doit se méfier, ainsi que de la prison, tout comme de la peur de la prison.

 

Sites pour plus d’info:

 

https://antifenix.noblogs.org (il y a une version française moins récente : rajoutez /français/)

 

* appel international à soutien aux prisonnier-e-s en lutte contre l’esclavage carcéral et la suprématie blanche, qu’ellils démarrent le 9 sept. 2016 en mémoire à la prise d’Attica par les détenu-e-s. De nombreuses manifestations et actions sont programmées en solidarité à travers les USA et ailleurs dans le monde