Quand nous parlons de lutte multiforme contre la domination, nécessairement nous parlons de divers éléments qui se combinent pour converger vers un horizon commun. Ainsi, chaque élément, chaque cas, chaque geste, contribue -avec ses particularités, emphases et intentions- à renforcer et à emplifier tant nos percpectives que notre gamme d’action.

Lorsque nous nous nourrissons, nous avançons et indubitablement grandissons, faisant de cette combinaison d’éléments le feu qui nous invite à persister contre la domination, à la fois en résistance et en offensive.

L’une des nombreuses façons dont la lutte se nourrit se trouve dans les espaces antiautoritaires où se diffusent et se collectivisent des positions, des idées/pratiques anarchiques. Les lieux ou les instances où se partage la connaissance et l’expérience, où s’aiguisent les sens et les idées, de façon déhierarchisé et sans le désir d’homogénéiser les points de vues.

L’intention est de partager et de collectiviser, puis voir ce qui ressort de nouveau avec plus de force. C’est ainsi que se multiplient les idées/pratiques de combat.

Historiquement les antiautoritaires ont cherché à se rencontrer avec plus de compagnons-gnes, au sein d’innombrables athénées, journées de discussion, rencontres contre culturelles, etc.

Nous avons besoin d’espaces et d’instances en guerre, qui ne veulent pas vivre ni coexister avec l’autorité. Des lieux et situations où convergent des compagnons-gnes qui ne se connaissent pas nécessairement pour confronter des analyses, mettre l’accent sur des idées et construire des affinités.

Nous voyons ces espaces/instances presque comme des tranchées, où nous assurons le terrain des valeurs et des pratiques de confrontation et où nous visualisons le progrès avec la détermination claire et catégorique de ne jamais rétrocéder.

Les espaces, qu’ils soient des emplacements physiques ou des activités ponctuelles que nous pouvons multiplier/créer, sont appelés à donner leur meilleur d’eux-mêmes, ils sont appelés à briser le contexte de passivité et déborder les limites réglementées par le pouvoir, ils sont également appelés à ne plus croitre comme des bulles complètement éloignée de l’impulsion de la guerre.

Ce qui ressort entre compagnons-gnes anarchiques n’est pas le désir de devenir une alternative au monde du capital et de l’autorité, parce que ce qu’il y a vraiment à chercher, c’est de propager l’énergie qui mine les fondements de la domination, pour la soif et l’activation de sa chute.

Les activités antiautoritaires sont le reflet de ce que nous allons soumettre à différents plans de la vie, ainsi nous cherchons aussi à briser la ligne de séparation entre celleux qui élèvent/appellent l’activité et celleux qui y assistent ou la « consomment », parce que nous comprenons qu’avec tou(te)s celleux qui sont présents, nous donnons la vie et le pouls de ce qui se passera.

Nous ne croyons pas aux consommateurs ou spectateurs d’activités acrates, où l’on irait se promener ou défiler pour être vu dans une sorte de passage. Chacun de nos gestes font partie de la rupture avec la décadence du monde de l’autorité et ceci n’est pas un produit que nous offrons au plus offrant.

Nous parlons de nous rencontrer, entre compagnons-gnes, parce que les espaces, les instances, les activités se montent pour diffuser l’idée Anarchique contagieuse, en faisant irruption et en propageant notre peste noire.

Ainsi, nous devenons forts et nous grandissons, en nous définissant collectivement, car il ne suffit pas que nos critiques soient exactes ou que nos coups visent juste, mais qu’aussi nous cherchions à ce qu’ils augmentent en quantité, qu’ils ne soient pas seulement réalisées par un groupe affinitaire.

Peut-être que certain(e)s compagnons-gnes, bien qu’en accord avec les projets et les propositions de lieux ou d’espaces choisissent de ne pas y être présent… Et resteront une partie de la même force contre la domination, dans la mesure où nous convergeons dans l’offensive et le débordement du pouvoir.

Il n’y a pas de mausolée, ni de lieu précis par où il faudrait transiter ou assister pour «être» antiautoritaire, ce qui nous définit comme anarchiques n’est pas le lieu par où nous « passons » mais la volonté de matérialiser des actions concrètes pour la Libération totale.

La multiformité des sentiers de la lutte contre le pouvoir nous nourrit et nous parle de l’importance d’être en mesure de nous reconnaître comme compagnons-gnes et d’être fraternels, parce qu’aucun chemin ne vaut plus qu’un autre.

Ce serait une erreur de sous-estimer les espaces ou de les considérer en dehors de la confrontation, comme s’il était question de simples jeux ou pantomimes de lutte, en niant leur contribution à l’action de propagation et de transcendance des idées et des valeurs anarchiques.

Il y a une volonté de guerre, il y a la force et le courage dans l’acte de créer des points de rencontre pour combattre la passivité et le silence servile à l’autorité. Cette volonté est une menace, c’est pourquoi le pouvoir attaque nos espaces, cherchant à détruire et à freiner l’avance des positions offensives.

Cela nous l’assumons sans nous victimiser ni nous lamenter, mais avec la fierté de se savoir/sentir un danger non seulement pour le pouvoir, mais aussi pour le germe de la domination. Et quand cette attaque se produit, notre réponse multiforme et collective devrait faire de la solidarité un rugissement pour continuer la propagation du conflit…

Ni silence, ni renoncement… Rien n’est fini.

Multiplions les espaces en guerre contre le pouvoir.

Revista Contra Toda Autoritad #2

Décembre 2014