Communiqué de l’Assemblée Générale Interprofessionnelle de Saint-Denis.

Nous bloquons ce jour l’hôtel « Novotel » de la Porte de Paris à Saint-Denis afin de protester contre la « loi-travail » rédigée par le MEDEF, et validée de manière autoritaire par le gouvernement. Nous avons choisi d’occuper cet établissement pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, nous dénonçons la manière avec laquelle la direction de Novotel traite les femmes et les hommes qui travaillent pour elle. Nous dénonçons le recours massif à la sous-traitance et à l’intérim, qui a pour conséquence la sous-rémunération et la sur-exploitation des travailleuses et des travailleurs qui interviennent dans les établissements du groupe.

Nous dénonçons les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs du secteur de l’hôtellerie-restauration : temps partiels imposés, cadences pathogènes, travail dissimulé, horaires à géométrie variable, temps de pause non-accordés font partie de leur quotidien. En termes de précarisation des travailleuses et des travailleurs, le secteur de l’hôtellerie-restauration est, du point de vue patronal, largement en avance sur beaucoup d’autres, et donne un avant-goût de ce que pourrait être le travail dans une société qui accepterait de se plier au diktat de la « loi El-Khomri ».

Nous dénonçons également la gentrification du territoire dionysien, dont l’ouverture récente de ce Novotel est le pitoyable symbole. Le secteur de la Porte de Paris est un secteur en pleine mutation , le plan de rénovation urbaine qui s’y joue est particulièrement choquant. Les capitalistes (promoteurs immobiliers et industrie du BTP en tête), aidés sans aucune gêne par les élus locaux, n’ont de cesse de chasser, d’expulser, de harceler les habitants de la ville, déjà gravement précarisés, afin de les remplacer par des populations embourgeoisées à la fois plus imposables et moins contestataires.
Nous voulons aussi apporter notre soutien à toutes les luttes des travailleuses et des travailleurs du secteur de l’hôtellerie-restauration. Régulièrement, dans des établissements plus ou moins grands et plus ou moins célèbres, ces luttes sont couronnées de succès, grâce à la détermination et à la combativité de celles et ceux qui les mènent, face aux menaces des patrons, et dans l’indifférence quasi-généralisée. Si nous nous réjouissons de ces victoires, nous adressons aussi notre fraternel soutien à toutes celles et tous ceux qui ont lutté, mais qui n’ont pas encore gagné. Ce n’est que partie remise, Camarades, il faut continuer à se battre.

Enfin, nous voulons dire que le groupe AccorHotels, propriétaire de Novotel est dirigé par Sébastien Bazin, par ailleurs vice-prédisent du conseil d’administration de Carrefour, ou encore membre du Board de General Electric. En 2015, son salaire a atteint les 4 millions d’euros, alors que dans le 93, le salaire net moyen ne dépasse pas les 1500 euros, et qu’un habitant sur cinq est privé de tout emploi, c’est à dire de salaire…
Ceci étant dit, nous exigeons :

  • L’arrêt de la sous-traitance en cascade, et l’intégration aux effectifs du groupe de toutes et tous les travailleurs et les travailleuses auxquels Novotel fait appel,
  • Une augmentation de salaire de 500 euros nets par mois pour chaque salarié du groupe,
  • Un recours sain au travail à temps partiel : qu’il soit le choix du salarié, dans le respect de sa vie privée, et non celui du patron.
    Nous exigeons également :
  • Les relogements pérenne de tous les habitant-e-s de Saint-Denis expulsé-e-s, parmi lesquels les déplacés du 18 novembre dernier,
  • La mise en place à Saint-Denis d’une politique du logement au service des habitantes et des habitants, et non pas au service des intérêts financiers. Ainsi, plusieurs milliers de logements sociaux doivent être construits de toute urgence à Saint-Denis.
  • Chambres à cinq euros la nuit, et gratuites pour les personnes sans domicile.
    Enfin, nous exigeons :
  • Le retrait total et sans discussion de la « loi-travail ».
    Si d’aventure nos revendications n’étaient pas satisfaites, nous nous engageons à poursuivre et à renforcer la lutte contre la « loi-travail » par tous les moyens à notre disposition.