Quatre mois environs sont passés depuis la fin de la campagne du Décembre Noir. L’expérience subversive du Décembre Noir et le développement de l’action anarchiste constante furent une des plateformes de lancement des formations et discussions visant à la reconstruction des méthodologies anarchistes dans leurs formes informelles. Les Actions faisant référence au Décembre Noir se poursuivent encore aujourd’hui, tandis que les cycles de débat à l’intérieur et l’extérieur des prisons sont arrivés à un certain nombre de conclusions, propositions et points de vue dont le point commun est le désir d’escalade dans notre vengeance contre les organes du pouvoir.

Une partie de ces discussions tourna autour de la proposition d’une plateforme informelle anarchiste qui pourrait assoir les bases d’une coordination informelle de l’action anarchiste polymorphe, nous permettant de mettre en œuvre des campagnes autonomes de lutte avec nos propres initiatives et forces, créant ainsi pour nous-mêmes les thèmes et les stratégies que nous considérons comme nécessaires aujourd’hui. Un choix qui reflète notre désir de créer des foyers autonomes de penser et d’agir pour celleux qui défient le système social existant.

Après une initiative des compagnons(gnes) de Rethymno il y eu une proposition pour que cette plateforme informelle anarchiste soit nommé « Articulation Insurrectionnelle de Théorie et pratique », une proposition qui a été acceptée par quelques compagnons(gnes) comme une structure de coordination réceptive et en même temps informelle et qui encore constitue un sujet en cours pour quelques compagnons(gnes) intéressé(e)s.

Après avoir été convaincu(e)s par les faits que la campagne Décembre Noir a libérré les potentiels, a déclenché des épidémies de dérégulation de l’ordre existant dans de nombreuses régions du monde et a contribué aux efforts des réseaux et à la coordination des projets anarchistes, nous continuons à chercher les outils adéquats afin de mettre en œuvre les campagnes respectives de lutte qui sont connectées directement aux questions et aux circonstances actuelles dans les milieux subversifs.

Avec cette conception comme force motrice de nos pensées s’est ouvert une nouvelle série de conversations entre prisonier(e)s anarchistes, squats, individus et projets dans le but de mesurer les élans pour échanger des points de vue sur les conditions actuelles, pour analyser la situation et ainsi pouvoir faire une répartition efficace des forces au niveau des points où nous pensons que nous devrions concentrer notre contre-attaque.

A ce propos, nous avons reçu la proposition des compagnons(gnes) du Squat Papamixelaki, qui est partie prenante de l’Articulation Insurrectionnelle de Théorie et Pratique, de mener à bien une campagne coordonnée durant la période du mois de mai afin de fournir une réponse organisée aux attaques fascistes et aux expulsions des squats.

Dernièrement les attaques répressives de l’Etat contre les squats ont augmenté, tandis que les fascistes, en parfaite harmonie avec le modèle étatique de l’appareil répressif ont intensifié leurs attaques.

La politique qui a été mise en pratique dans ce contexte particulier n’est pas accidentelle. Le fait que le pays soit submergé par un nouveau cycle d’instabilité politique avec Syriza, qui sera cette fois la ligne politique directrice de la réalité sociale, le fait que des efforts considérables soient réalisés par les compagnons(gnes) afin de mettre fin à l’introversion du mouvement et de produire des actions qui sont la clé de la dérégulation de la normalité, le fait qu’un ennemi intérieur plus fort soit un problème essentiel du régime puisque le risque pour lui sera que les compas dévient toute agitation sociale et se constituent comme un pilier de déstabilisation dans une période où les troubles causés acquièrent de multiples dynamiques en raison de l’incapacité du système politique à gérer les conséquences sociales des politiques économiques imposées par les gouvernements respectifs. Le fait que la répression contre les prisonnier(e)s anarchistes se développe de façon simultanée, par des verdicts sévères ou en essayant de consolider un modèle de gestion militarisée des prisons par la police et l’Unité spéciale antiterroriste (EKAM), lesquels ont effectivement reçu les clés des bordels pénal afin d’y aller et venir sans être dérangé.

Tous ces faits sont les pièces d’un puzzle qui représente les conditions dans lesquelles se déroule le plan suppressif de l’Etat. Le fait que maintenant la pointe de ce plan soit les attaques contre les squats ne peut pas être une coïncidence.

Les squats sont les forteresses de la lutte anarchiste dans la guerre contre les autorités; ils sont des points de rencontre entre compagnons(gnes), des centres de diffusion de la propagande anarchiste et des foyers dans lesquels une expérimentation des relations anti-autoritaires évolue sur la base quotidienne d’une vie libérée des carcans du complexe autoritaire, avec toutes les contradictions possibles contenues dans une telle expérience.

Les attaques contre les squats ont pour objectif de lisser les potentialités croissantes de la lutte anarchiste diverse en frappant les lieux où le mouvement anarchiste vit et devient une proposition concurrentielle au système existant et qui en même temps propagent le virus de la liberté aux nouveaux(elles) compagons(gnes) qui entrent en contact avec l’anarchie.

Le choix de nous coordonner de façon horizontale et informelle et de passer à l’offensive en mettant en place des barrières contre les activités répressives de l’Etat et des groupes para-étatiques est une tentative stratégique relative à la propagation insurrectionnelle de l’anarchie dans les villes et au rôle intégral joué par les squats dans ce contexte pour entrer conflit avec la stratégie d’Etat mentionné ci-dessus.

Le mois prochain, nous allons mettre en œuvre une nouvelle campagne de coordination informelle de l’action anarchiste. Bien que les intentions et les objectifs de l’Etat aient été analysés dans une certaine mesure, il est important que nos propres points de vue soient clairs : il est une priorité de défendre les squats. Pourquoi notre vengeance et attaque pour la défense des squats est-elle une priorité? Pourquoi les structures de lutte que nous construisons sont des expressions vitales de l’action anarchiste diverse? Ce sont des questions qui sont juste le début d’un dialogue qui a vocation d’évoluer dans les squats, les prisons, les groupes d’action directe et finalement les conclusions seront exprimées à travers de l’action, qui est le seul allié fiable pour le développement dialectique des points de vue radicaux.

La campagne «Nike les nations, Squat le Monde » est une occasion unique d’envoyer un message clair à la fois à l’Etat et aux fascistes, en leur disant que le choix qu’ils ont fait en visant les squats anarchistes est un choix auquel nous répondrons de manière appropriée, par l’attaque, le sabotage, la lutte polymorphe, par tous les moyens.

« Donc, la vitalité de l’Anarchie doit cesser d’être un produit agréable au palais, et devenir au contraire, un pincement aigu et réflexif dans le système » (Mauricio Morales)

Pour organiser notre contre-attaque contre l’Etat et les para-étatiques.
Par la coordination informelle de l’action anarchiste
Par l’Articulation Insurrectionnelle de Théorie et Pratique

Nikos Romanos