REJOUONS AU JEU DE GUERRE.

« Mon Dieu c’est la merde, mais déter’ je fais la guerre »

Des marchands du centre-ville aux plus idiots des journalistes de Ouest France ; de la fine fleur républicaine locale aux plus solidaires de nos syndicalistes, tous et toutes partagent le même constat, ce monde si vieux auquel ils s’accrochent fermement leur glisse des doigts et toutes leurs tentatives pour canaliser cette chute ou tenter de la réformer n’y changeront rien.

Nous sommes ces « jeunes », ces « casseurs », ces « incontrôlables », sujet de si nombreux articles ces dernières semaines, cette menace vibrante alimentant les fantasmes des flics de Waldeck ; nous sommes celles et ceux à s’être époumoné à rappeler que « tout le monde déteste la police » lors de chacun de ces rassemblements, nous sommes cette fougue audacieuse ayant pris conscience d’elle-même dans ce que les éditorialistes aiment à appeler un énième « mouvement social ».

« Le code pénal sous la semelle, nique le week-end, nique la semaine »

Dans la joie de ces retrouvailles entre nous et nous, entre nous et la rue, entre nous et partout, dans ces échanges que nous avions désertés depuis plusieurs années, nous nous sommes souvenus que ces liens lorsqu’ils étaient forts pouvaient être indéfectibles. C’est cette reconfiguration qui est en train de se jouer en ce moment-même dans chaque canette et chaque pierre balancées contre un bouclier de flic, dans chaque distributeur de banque mis hors-service, mais aussi dans chaque mutilation au flashball, dans chaque comparution immédiate…

Notre force et notre misère c’est que nous n’avons rien d’autre à perdre que cette survie dont nous ne voulons pas et c’est bien là tout ce qui fait la différence entre eux et nous, ce qui rend notre révolte inarrêtable, même si la peur ne nous quitte jamais vraiment, nous tient toujours ça et là. La peur de ces flics et de leurs armes qui nous mutilent et nous tuent, la peur de cette justice et de ces juges qui nous enferment et nous tuent, la peur du pouvoir et de ces chiens de garde qui perdurent et nous tuent.

« J’veux pas de cette vie banale »

Mais les peurs de ce monde ne laisseront pas place à la tétanie, les princes et les rois ont joué trop longtemps au jeu de guerre, ils en connaissent les coups et les feintes, à nous de nous retrouver, d’en trouver de nouveaux, de jouer sans les règles. Les derniers jours laissent entrevoir du possible jusque là même plus envisagé, des rues chantant à l’unisson à la gueule des mauvais jours « Une Porsche, un flic, c’est quoi la suite ? »…

C’est bien la question qui reste en suspend ; quelle suite nos adversaires donneront-ils à ce qui s’expérimente depuis des mois dans les rues, et quel coup jouerons-nous sur le plateau du jeu de guerre ? Quelle sera la prochaine étape dans une partie que nous n’avions plus vécue depuis des années ? Alors que « le monde ou rien » résonne encore sur les murs des villes et dans nos mémoires et que ce monde toujours si vieux semble annoncer la fin de la récré, nous avons commencé à nous murmurer encore timidement que nous ne voulions plus de retour à la normale.

« J’voulais le monde, je le veux toujours »

Quelques rescapé.e.s du comité de réquisition