Prenons le temps de rappeler quelques vérités factuelles : Breizh Info est le site phare de l’extrême-droite bretonne, avec à sa tête Yann Vallerie (en annexe, un n-ième rappel de la vie et l’œuvre de ce personnage), et s’il faut bien reconnaître qu’il déploie de l’énergie pour se donner une façade « apolitique », le vernis craque vite pour qui prends le temps de comprendre ce qu’il y lit.

Bertrand Plouvier, élu de droite au conseil municipal de Rennes, assureur, soutien d’Alain Juppé, fait parti de ces bonnes gens fortement incommodées du fait que la Maison du Peuple (salle de la Cité) soit à nouveau occupée par le Peuple depuis mardi 03 mai 2016. Obsédé par l’expression populaire et collective contre la Loi Travail et son monde, voilà déjà deux bons mois qu’il se fend chaque jour de Tweets pathétiques, alternant attaques contre la Mairie (jugée laxiste), et soutiens à ces mêmes poujadistes du centre ville. Il ne parle plus que de ça, et trouve écho chez les Identitaires.

Cette intimité entre l’extrême-droite de Breizh Info et des élus à façade citoyenne de droite n’est pas un fait nouveau. Rappelons que déjà, Marc Le Fur et Isabelle Le Callenec (porte parole de l’UMP), se sont déjà prêtés à l’exercice il y a tout juste un an, au cours de « l’affaire Maryvonne », attaque droitière contre des occupants d’une maison en ruine et vide depuis des années, initiée par Adsav et divers néo-nazis locaux, soldée par des propositions de lois « anti-squats », « anti- locataires indélicats », anti-occupations au sens large, promue par une grande entente allant du PS au FN à l’Assemblée Nationale.

Cette droite sait définitivement bien où trouver ses amis. À chacun-e d’en tirer ses conclusions.

Nous finirons en rappelant que le 08 février 2014, la Mairie de Rennes avait accordé l’accès de la salle de la Cité au Front National, que cette insulte à la mémoire de celles et ceux qui luttent avait donné lieu une forte et belle mobilisation, et que c’est enfin aujourd’hui qu’une partie de cette blessure politique peut s’effacer, au travers de la réappropriation du lieu par celles et ceux qui l’ont créé, fait vivre, et qui lui ont donné un sens. N’en déplaise aux fascistes de Breizh Info, à l’UMP, ou au PS.

Annexe.

Yann Vallerie est à l’origine un supporter hooligan de Rennes au début des années 2000. Déçu par ses échecs de ce côté et par le KOP de supporter auquel il appartenait il a co-fondé un KOP de supporters rival, les Breizh Stourmer.

C’est à cette époque qu’il intègre Adsav-PPB. On peut alors considérer qu’il passe réellement au militantisme politique. Il y reste quelques années, où il fréquentera entre autre Boris Le Lay, exclu d’Adsav plus tard… parce qu’il était trop nazi ! Ce qui est quand même pas banal étant donné qu’Adsav est principalement constitué de skinheads nazis eux-mêmes, à l’image d’Eric Alhinc. Le Lay n’a pas changé d’un iota et s’occupe maintenant du site Breiz Atao.1 Là on est carrément dans le national-socialisme. Il y fréquente aussi potentiellement Gérard Hirel, qui à l’époque travaille sur un projet d’Organisation Bretonne du Renseignement visant à ficher leurs ennemis.2 Et bien sûr, déjà présent, Ronan «Kornog» Le Gall, qui prend le micro a toutes les récentes manifestations.

Les Breizh Stourmer sont dissous par arrêté préfectoral pour des faits de violence récurrents. Vallerie quitte Adsav vers cette époque. Pendant un temps il ne fait plus grand chose, puis réapparaît d’un coup vers 2009, lorsqu’il co-fonde Jeune Bretagne, une branche du Bloc Identitaire, avec Mickaël Prima et Philippe Milliau. C’est à cette époque qu’ils créent leur local Ti-Breizh à Guerlesquin. Fondée le 19 août 2008, Jeune Bretagne va essayer dès le début de camoufler ses réelles intentions grâce à un discours confus vaguement régionaliste. L’organisation prônait la « métapolitique ». C’est-à-dire : agir sur le long terme en diffusant des valeurs et grilles de lecture dans la société. Préparer la prise de pouvoir par tous les canaux possibles sans passer forcément par la tenue d’une position politique. Pourtant, très vite, le vieux fond raciste ressort, malgré une volonté certaine de le cacher. Les accointances avec le milieu foot ultra/hooligan d’extrême droite se perpétuent.

Après le fiasco du putsch tenté par Philippe Milliau à la tête du Bloc Identitaire et son éviction du parti, Jeune Bretagne devient indépendant. Puis il y a un putsch dans le putsch et Christophe Daniou, le bras droit de Vallerie revient au Bloc Identitaire avec la quasi-totalité des effectifs. Jeune Bretagne s’effondre en 2014. Il nous semble important, sans que ce soit exhaustif, de revenir sur quelques unes de leurs actions passées, son impact n’ayant pas été négligeable sur les dernières années.

En 2009.
En mars a lieu une commémoration du 66ème anniversaire de l’exécution de l’abbé Perrot dont nous évoquerons le passé juste après. Cérémonie et recueillement au programme.3

En 2010.
Création pour les cantonales d’une liste Bretagne nous avons foi en toi. Ce nom faisant référence à ce fameux Abbé Pierre Marie Perrot (Foi et Bretagne), antisémite virulent et collabo, exécuté par la résistance en décembre 1943.4

Pour le compte de Jeune Bretagne, Aurore Pêcheul appelle avec son compagnon Simon Danjou à la tenue d’un « apéro saucisson pinard » à Rennes, qui sera interdit. Sur le blog de celle-ci, supprimé depuis, elle exprimait alors son : « envie de butter toutes ces vermines de négros », et sa haine du « Maroc et tout ces bougnoules ».5

En 2011.
Jeune Bretagne participe à la Marche des Cochons avec toute l’extrême droite radicale lyonnaise, rassemblement émaillé de violences racistes.6

Présents à Luton, au côté de l’English Defense League, Yann Vallerie et Mickael Prima, prononcent un discours « contre l’islamisation et la racaille musulmane ».7

En 2012.
Yann Valérie, écrit un texte en soutient aux agresseurs racistes de Audrey Pulvar et Arnaud Montebourg.8

À Nantes, ils affichent une banderole contre l’inauguration du mémorial de l’esclavage.9

En Italie, on note la présence de Christophe Daniou à Casapound, un mois après les meurtres de Sénégalais, perpétrés par cette organisation.10

En 2013.
Le 23 mars, organisation à Chartres-de-Bretagne d’une journée de débat sur le thème « Que faire face à la crise ? » en présence d’une dizaine d’organisations de France et de l’étranger, de la plus dure extrême droite qui soit, des organisations qui se revendiquent fascistes et ont à leur actif quantité de faits d’ultra violence raciste. On comptait parmi elles Troisième Voie de Serge Ayoub, dissoute après l’assassinat de Clément Méric par certains de ses membres (l’organisation est issue des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires dont bon nombre de membres passeront devant les tribunaux pour des violences à caractère politique ou raciste – y compris pour meurtre). Le Réseau Identité (issue de l’organisation néo-nazie Unité Radicale, dissoute en 2002 après qu’un de ses membres a tenté d’assassiner Jacques Chirac). Riposte Laïque (co-organisatrice avec le Bloc Identitaire en 2010 un rassemblement à Paris appelé « apéro saucisson pinard » et dont la défense de la laïcité sert uniquement de prétexte au déversement des pires insanités xénophobes). CasaPound, l’organisation italienne souhaitant incarner un « fascisme du troisième millénaire » (ses militants se sont signalés par leurs violences contre les étudiants grévistes et les militants de gauche et par l’assassinat, en décembre 2011 à Florence, de deux vendeurs ambulants sénégalais, et de la blessure de trois autres). Adsav qui s’inscrit dans la lignée directe de la frange du mouvement indépendantiste/autonomiste breton qui, sous l’Occupation, a collaboré avec les nazis (Adsav « se refuse à condamner ceux qui ont combattu pour l’indépendance bretonne avec sincérité et droiture, quelles que soient l’époque et les circonstances », dernièrement l’organisation s’est rendu coupable le 14 novembre 2015 d’une ratonnade sans précédent à Pontivy au cri de « À mort les immigré.e.s ».11

Malgré ce dernier coup, Jeune Bretagne disparaît donc en 2014.

Vallerie n’a donc plus d’organisation ni de militants. C’est là qu’il se centre sur la production de propagande d’extrême-droite par le biais du faux organe de presse Breizh Info. Breizh Info est pile la suite du site de Jeune Bretagne que Vallerie a animé seul pendant plusieurs années, mais c’est aussi dès le début une copie de Novopresse, la fausse agence de presse du Bloc Identitaire. D’ailleurs au début, Breizh Info s’appelle Novobreizh et la charte graphique est quasi-identique.

Après un temps, Vallerie redevient membre d’Adsav en parallèle de son activité sur Breizh Info. Ses contacts avec les hooligans ne cessent pas, entre autre via Christophe Daniou. Ces liens se sont trouvés confirmés à de nombreuses reprises sur les dernières actions ou manifestations menées par Adsav (et déjà avant sur d’autres événements, organisés par d’autres mouvements). Par exemple à Brest lors d’une manifestation récente contre l’imam et la mosquée, à Sérent lors d’une manif à quatre contre les immigrés, ou encore à Pontivy où se sont déroulés des faits extrêmement graves de ratonnade au cri de « Mort aux immigrés » au lendemain des attentats de Paris : parmi les manifestants, toujours, des membres de Roazhon 1901 ou de la Brigade Loire nantaise. Et régulièrement Yann Vallerie. Tantôt comme « journaliste », tantôt un drapeau à la main.

  1. Ce torchon est consultable à cette adresse : http://breizatao.com/ []
  2. On en parle ici : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2008/05/adsav-la-raclure-national-folkloriste/ []
  3. Collectif Antifasciste Rennais, « Les identitaires aux législatives de juin 2012 en Bretagne : 40 pages pour revenir en détail sur les manoeuvres de l’extrême droite. », page 23, mai 2012. En ligne ici : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2012/05/dossier-les-identitaires-aux-legislatives-de-juin-2012-en-bretagne/ []
  4. Ibid., page 22. En ligne ici : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2012/05/dossier-les-identitaires-aux-legislatives-de-juin-2012-en-bretagne/ []
  5. Ibid., page 22. En ligne ici : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2012/05/dossier-les-identitaires-aux-legislatives-de-juin-2012-en-bretagne/ []
  6. Ibid., page 9. En ligne ici : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2012/05/dossier-les-identitaires-aux-legislatives-de-juin-2012-en-bretagne/ []
  7. Ibid., page 14. En ligne ici : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2012/05/dossier-les-identitaires-aux-legislatives-de-juin-2012-en-bretagne/ []
  8. Yann Vallerie, « Tribune libre : Montebourg – Pulvar : les arroseurs arrosés », Novopress, 29 février 2012. À lire ici : http://fr.novopress.info/109021/tribune-libre-monteboug-pulvar-les-arroseurs-arroses-par-yann-vallerie/ []
  9. Collectif Antifasciste Rennais, « Adsav-PPB, Jeune Bretagne et Génération Identitaire », op. cit., mars 2013, page 8. Consultable ici : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2013/03/dossier-adsav-ppb-jeune-bretagne-et-generation-identitaire/ []
  10. Collectif Antifasciste Rennais, « Les identitaires aux législatives de juin 2012 en Bretagne », op. cit., page 15, mai 2012. En ligne ici : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2012/05/dossier-les-identitaires-aux-legislatives-de-juin-2012-en-bretagne/ []
  11. Collectif Antifasciste Rennais, « Pontivy : rassemblement contre les idées d’extrême droite », 15 décembre 2015. Plus d’infos ici : http://www.antifabzh.lautre.net/roazhon/2015/12/pontivy-rassemblement-contre-les-idees-dextreme-droite/ []