Il faut dire que la presse et les pouvoirs publics savent fabriquer cette même opinion publique, bien utile à leurs fins lorsqu’il s’agit de dissumuler voire d’étouffer leurs crimes quotidiens !

Ainsi, combien de pauvres lignes dans la presse sur les manifestant-e-s blessé-e-s, sur des êtres humains mutilés, en rapport aux encadrés, éditos, pages spéciales sur la casse d’objets, de bâtiments ?!

Dans le monde moderne, les valeurs sont renversés, l’être humain n’est rien, le matériel est tout !

L’être humain n’existe que si il se fond dans une existence respectant la suprématie du bien !

Qu’il tente d’abattre dans un élan de révolte cette domination du bien, nous le ramènerons au simple rang de casseur; terme visant à dénigrer son humanité, sa révolte, sa rage, sa colère.

Emotions qui sont le pendant de sa détermination à voire un autre monde naître, un monde où l’existence humaine n’est pas ravalé à la condition de marchandise et d’esclave, n’est pas sacrifiée sur l’autel du profit et de la consommation effrénée !

Quelle plus belle manière de justifier de la mutilation d’une personne que de la désigner comme étant une personne qui est là pour casser ou qui pourrait potentiellement casser (car aujourd’hui toute personne manifestant sa révolte est présumé coupable par avance de casse!).

Quel plus bel exemple aussi de la suprématie du bien sur l’être humain ! Le crime n’est plus de blesser quelqu’un, qu’il soit manifestant ou gardien de l’ordre capitaliste, mais bien de briser les symboles du temple de la consommation.

L’opinion publique, amas non conscient, est la garante de ce temple.

Nous attaquons les conditions de son adoration, les pouvoirs mystificateurs de ce temple, nous nous attaquons à elle !

Nous remettons alors en cause son système de valeurs basé autour du confort, de la liberté et de l’égalité de consommer.

Esclaves oui, mais volontaires si c’est pour de belles miettes !

Gare à nous révoltés, car rien n’est plus abject pour l’opinion publique que de briser les représentations matérielles de sa volonté de profiter encore des recettes du capitalisme du désastre !

Nous entendons ainsi de nombreuses personnes nous entourant, révoltées elles aussi (ou en voie de l’être?), condamner nos actes de casse qui sont de simples actes de révolte, de simples éclats d’humanité !

De ces personnes qui nous condamnent, voire nous répriment (tel le service d’ordre de la CGT), nous pouvons entendre la glorification de cette opinion publique. Cette masse informe, mouvante, qui se voit exister à travers le culte du bien et de la sécurité de ce bien, pouvons-nous la glorifier ? Pouvons-nous y voir l’existence d’une citoyenneté, terme qui lui-même signifie aussi peu que le terme de casseur !?

Et pourtant, la croyance en cette opinion est si forte que des idées de services d’ordre et milice anti-casseurs au sein des manifestations y trouvent de plus en plus d’oreilles attentives ! Voilà que des personnes révoltés contre un monde où le bien est glorifié en viennent à endosser le rôle des gardiens du temple ! Et par là-même à se rendre complices de la stigmatisation d’être humains simplement révoltés et à se rendre acteurs de leur répression et de leur mutilation !

Ces complices de l’ordre établi renforcent aussi par là-même le renversement de valeurs actuel : l’être humain a moins de valeur que le bien !

Nous ne cherchons pas à glorifier la casse, car nous cherchons avant tout à construire !

La casse n’est que l’expression spontannée d’une révolte, d’une opression quotidienne ou momentanée qui ne demande qu’à être renversée, n’est que l’expression d’une humanité qui cherche à s’exprimer, à retrouver de l’empathie, de la solidarité, de la liberté dans un monde qui nous arrache nos lambeaux d’humanité pour le profit de quelques uns et la domination du matériel sur l’être !

Nous cherchons avant tout à construire des assemblées de quartiers et de villages, à recréer des échanges équitables, locaux, débarassés de la notion d’accumalation de biens et de spéculation, à recréer de la solidarité, à pouvoir être libres d’être qui nous sommes sans nous sentir discriminés, à sentir que les êtres humains qui nous entourent ne seront pas là pour nous cracher dessus, nous mutiler, nous dominer, nous opresser, nous humilier afin de nous enlever notre dignité.

Nous rêvons d’un monde où l’empathie nous signifie ! Où l’autonomie est notre puissance et abat tout les pouvoirs !

Mais que pouvons-nous construire dans un monde qui nous opresse dans chaque acte du quotidien, qui à chaque tentative d’alternative, de construction de liens, nous rappele qu’il est présent, qu’il est là pour nous en empêcher !

Car ce monde mortifère, ce monde du bien et du profit, ne l’oublions pas est notre ennemi ! Pour pouvoir exister, il lui faut controler, gérer, opresser, diviser, exploiter, briser notre humanité et nos liens !

Il ne nous laissera pas construire notre autonomie, il ne nous laissera pas ébranler son temple !

 

Nous ne pourrons construire de véritable humanité, de véritable autonomie que si nous acceptons enfin qu’il est nécessaire d’en passer par là ! Par l’attaque, l’occupation et le blocage des fondements et des symboles de ce monde de profit et de mort !

Pour un monde libéré du bien matériel !

 

Pour un monde où nos coeurs sonnent la révolte !