Jeudi dernier après la manif, il y avait beaucoup de lycéen-nes et d’étudiant-es à remplir l’amphi, enfin, ceux qu’on appelle « la jeunesse » en ce moment. Celles et ceux, qui depuis trois semaines sont jettés sérieusement dans la lutte. Ces 493 personnes discutèrent de comment s’organiser face à la police qui se met toujours en travers de nos objectifs que ce soit atteindre la mairie, le PS, ou encore la préfecture qui ce jour là invitait monsieur Le Drian à déjeuner. On s’accorda sur notre détermination à continuer et à ne pas se laisser dicter nos mouvements par la police ou encore les journalistes qui, depuis les premières manifs n’expriment que du mépris à l’égard de celles et ceux qui sortent dans la rue. L’idée de faire des actions en dehors des manifestations fût abordée, « si on veut se faire entendre et montrer notre détermination nous devons organiser des blocages » disaient les plus modéré-es. C’est ainsi que rendez-vous fût pris pour le mardi suivant à 10h, pour un bloquage économique.

Mardi à 10h, c’est plus d’une centaine de personnes qui se retrouvent à la fac pour partir bloquer la rocade. Les flics eux pensent que nous allons vers le sud de la ville et se tiennent prêts aux abords d’un centre commercial. Or c’est par l’ouest, à deux pas de la fac, que nous prenons la rocade, munis de poubelles, de fumis et de gilets jaunes. Dans le cortège on est euphorique mais aussi un peu tendu par la peur de se faire massacrer par la police une fois sur la rocade. Tout le monde a en tête les charges, les blessé-es de la semaine dernière ainsi que les nombreuses vidéos qui tournent sur les réseaux sociaux de jeunes tabassés par la police devant les lycées, les facs et en manif. Mais on se tient groupé, prêt à mener à bien notre blocage. On reste moins d’une demi heure avant que les flics arrivent pour nous pousser hors de la rocade puis hors des boulevards. Repoussé jusqu’au métro de la fac on se dit que si c’est ainsi on a qu’à bloquer le métro. Pendant que certain-es vont actionner les alarmes du métro pour qu’il arrête de fonctionner, d’autres vont chercher des chaises pour les mettre sur les rails. Les alarmes sont actionnées, une agente d’entretien appelle le PC pour prévenir du blocage, les chaises sont jettées sur la voie alors que les métros ne circulent plus, mais…. tout d’un coup un bruit métallique se fait entendre. Il semblerait que le STAR (réseaux de transport de Rennes) n’ait pas pris au sérieux ni les alarmes tirées, ni l’appel de la femme de ménage, ni la présence des chaises sur les rails et n’en ayant rien à foutre ait remis en marche le métro.

Pour répondre à tout ceux et celles qui ont pris un malin plaisir à raconter des conneries sur ce qu’il s’est passé ce matin là, nous rappelons que : ceci était un blocage dans le cadre du mouvement contre la loi travail, où depuis trois semaines, des dizaines de milliers de personnes sortent dans la rue, s’organisent en AG, occupent des facs, des mairies, attaquent des locaux du PS, du MEDEF, se font massacrer par la police, mépriser par la presse, abandonner par l’ancienne génération.

L’indifférence du STAR quant à l’avertissement de sécurité préalable, l’image de cette rame qui continue son chemin malgré les obstacles sur la voie ainsi que la stupidité des journalistes à relayer ce que le pouvoir attend d’eux, nous a saisi avec le même effroi que l’on a à la vue d’un monde qui s’evertue à vouloir « fonctionner » dans l’indifférence de son propre effondrement.

Ainsi nous demandons au STAR de bien vouloir s’excuser publiquement pour ce qui s’est passé ce matin.

AG de Rennes 2