L’émission de radio jardin:

1ere partie: https://www.wetransfer.com/downloads/82b0bb85b41b6d572306fb266c313a4920151104111706/7cc546e49669c2ced4d64d551edec4ea20151104111706/1ccb52

2e partie: https://www.wetransfer.com/downloads/2f5676d5de346477a0f953285108dc9e20151105222126/928595f6eacc34113956a635d7ec0e7420151105222126/7b9c6e

Attention le ien ne devrait être valide que quelques jours!

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Sur la ZAC des Gohards, le jardin des ronces s’enracine !

Depuis plus d’un an et demi, une ancienne parcelle maraîchère située en face du cimetière du Vieux-Doulon a été réinvestie par un collectif de personnes souhaitant lui redonner vie autrement que par une éventuellement urbanisation. Préemptée de longue date par les pouvoirs publics pour la future ZAC des Gohards, la biodiversité y avait déjà pleinement repris ses droits. Plusieurs chantiers collectifs ont permis d’aménager de nombreuses zones de culture tout en respectant la faune et la flore qui s’y étaient installées lors des dernières décennies. Le jardin des ronces était né. Depuis, outre les nombreux légumes consommés, plusieurs événements publics réunissant quelques dizaines voir centaines de personnes ont permis à ce lieu de s’enraciner et de s’implanter dans le quartier et plus largement dans la ville, de devenir un lieu où l’on peut réfléchir différemment à ce que l’on souhaite pour notre ville, pour nos vies. C’est aussi un lieu où l’on discute, se ballade, joue à la pétanque, ou encore danse lors de bal folk… Nous ne sommes d’ailleurs pas les seules personnes qui profitent de la liberté que procure cet espace. On y croise aussi des peintres, des promeneurs, des adeptes de la cueillette, ou encore des enfants profitant de ces rares espaces où ils peuvent encore se sentir vraiment libres…

Nous assumons pleinement le fait de n’avoir aucun droit ni statut légal nous permettant d’utiliser ce lieu, dorénavant propriété de Nantes Métropole. Notre action nous paraît pour autant hautement légitime, et nous souhaitons montrer qu’une autre utilisation de l’espace public est possible. La propriété publique serait-elle la propriété de nos gouvernants ? Non, nous souhaitons en faire un espace des communs, directement géré par les personnes qui souhaitent le faire vivre.

Nous assumons aussi pleinement que cet espace a vocation à faire autrement de la politique, dans une optique de démocratie directe. S’organiser collectivement pour se nourrir, sans rapport hiérarchique, sans cadre prédéterminé d’organisation (contrairement à ce que l’on observe par exemple dans les jardins familiaux), en respectant l’autre quel que soit son âge, sexe, sa nationalité,… est en soi un acte politique fort qui ne peut être intégré aux politiques publiques actuellement à l’œuvre. Aussi, nous souhaitons continuer à ce que ce lieu serve si besoin à la mobilisation plus générale face au projet urbain des Gohards.

Nous comptons donc continuer à nous enraciner en conservant notre esprit d’auto-organisation. Nous refusons toute institutionnalisation de cet espace, qui lui ferait perdre irrémédiablement l’esprit qui y règne, sa capacité à y faire vivre autrement le quartier, autrement dit, sa dimension politique. Ne souhaitant donc pas collaborer avec ceux qui ‘pensent’ le quartier pour les autres, nous ne souhaitons pas participer au déroulé de la concertation publique. Toutefois, ayant aussi été contacté par les organisateurs de la concertation, nous tenions par texte à leur apporter une réponse, et à inviter celles et ceux qui le souhaitent à venir poursuivre l’occupation de ces terres.

Contact :
Jardin des ronces, rue de la papotière, Vieux-Doulon
Mail: lesronces@riseup.net
Blog: http://lesronces.noblogs.org/

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ZAC des Gohards : Réflexions pour résister

Depuis Juin 2014, impulsées par des participants du jardin des ronces*, plusieurs réunions publiques indépendantes ont eu lieu sur l’avenir du quartier, en partant de la base de nos envies pour ce quartier et pour notre ville. Ceci a fait naître un collectif de réflexions et de mobilisation face au projet urbain à venir. Ce texte a un objectif double : présenter une résumé de nos réflexions (synthèse d’une brochure plus approfondie que l’on diffusera prochainement), et répondre à la sollicitation de Nantes Métropole via l’agence SCOPIC, organisatrice de la concertation. Comment d’ailleurs ne pas s’interroger sur l’emploi d’une entreprise privée, qui se présente comme agence de design et conseil en communication, pour mener la concertation publique d’un tel projet. A croire qu’une concertation publique n’est qu’affaire de comm’, une hypocrisie démocratique, où les participants n’ont d’autres choix que de se conformer à un cadre prédéfini.

Nous critiquons en effet l’objectif même de ces ateliers dits de concertation qui n’ont pour objectif que d’être une caution démocratique pour un projet qui comme tout projet des pouvoirs publics actuels est pensé depuis longtemps par certaines personnes, dans l’intérêt de certaines autres, et dans une logique politique déjà établi.

Contrairement à ce que l’on essaie de nous faire croire, l’urbanisation n’est pas quelque chose de naturel, d’inéluctable, qui n’aurait aucun sens politique. Au contraire, notre collectif a ainsi l’objectif de démontrer et de combattre le sens politique de ce projet, en le mettant en lien avec le développement plus global de Nantes.

Le problème de ce quartier atypique nantais, plein de particularismes du fait de son histoire, est qu’il se trouve dans une ville qui se veut devenir une grande métropole internationale. Ce projet urbain, comme celui de la Bottière-Chesnaie qui s’achève et bien d’autres, relève d’un concept qu’il convient d’expliquer et de dénoncer : la métropolisation.

Celle-ci implique de nombreux aspects que nous refusons :

  • une concurrence entre les territoires, dont les plus faibles sont voués à devenir au mieux des zones de relégations sociales ou des cités dortoirs, au pire à disparaître ;
  • une spécialisation des territoires (ici on dort, ici on travail, ici on consomme, ici on se divertit) alors que plusieurs de ces fonctions doivent être remplies sur un même territoire pour qu’une vie sociale puisse se développer ;

  • une gentrification des quartiers populaires, à savoir, sous couvert de mixité sociale, le remplacement de populations précaires par des personnes ayant plus de moyens et correspondant davantage au standard de vie et de consommation d’une métropole (exemple Malakoff) ;

  • un contrôle social des populations, nuisant à toute initiative populaire, associé à un dispositif répressif très fort concernant les pratiques qui échappent aux pouvoirs;

  • utilisation d’associations pour institutionnaliser toutes pratiques populaires, surtout si elles sont subversives ;

  • des grands événement culturels totalement dépolitisés, ou le citoyen est consommateur et passif ;

  • de grands projets devant favoriser l’attractivité de la métropole (comme ce genre de projet urbain, mais aussi comme le projet de nouvel aéroport) ;

  • la mise en place de la démocratie participative pour empêcher toute conflictualité, pour permettre l’acceptation par les citoyens des projets déjà pensés en amont ;

  • une propagande bien ficelée diffusée à grande échelle dans les boîtes aux lettres et les médias ;

  • la pratique du greenwashing, où l’on maquille en vert de nombreux projets qui n’ont rien d’écologiques  (comme mettre en avant une coulée verte quand on détruit à côté des dizaines d’hectares de terres agricoles) ;

  • le développement du secteur tertiaire, des services, très rentables économiquement, au détriment de l’agriculture et de l’industrie.

Ce projet urbain découle d’un choix politique de métropolisation que nous souhaitons combattre. S’opposer à ce projet, c’est s’opposer à tout un modèle de développement nuisible et voué à l’échec.

En luttant contre ce projet d’urbanisation, nous revendiquons aussi que Nantes n’a pas besoin de nouveaux logements. D’une part, l’augmentation de la population nantaise mise en avant par nos élus n’est pas naturelle. Elle provient de ce fantasme d’hyper attractivité et de croissance illimitée. Cette hyper-concentration dans les métropoles a des conséquences écologiques, économiques et sociales désastreuses, non seulement pour les quartiers transformés mais aussi pour les zones rurales qui subissent le développement de ces métropoles.

D’autre part, il existe à Nantes des milliers de logements vides, privés comme publics qui pourraient être soit habités en l’état, soit rénovés, ou réquisitionnés. Est-il donc bien nécessaire de transformer tout un quartier pour en reconstruire plus de 2000 nouveaux ? Sans parler des nombreuses autres ZAC à l’oeuvre actuellement dans la métropole?

Des personnes sans logement à Nantes il y en a beaucoup, mais ces constructions une fois de plus, ne serviront pas les personnes en grande précarité, celles qui sont obligées de squatter le presbytère de la Saint Médard pour avoir un toit, ou tant d’autres qui errent dans les rues de Nantes. Celles-ci ne correspondent pas au profil attendu d’un citoyen d’une métropole, et resteront sur le côté. Ce ne sont pas les 25% de logements sociaux annoncés pour le projet qui changeront l’avenir de ces personnes.

Enfin, la densification de l’habitat devait permettre de lutter contre l’étalement urbain, or force est de constater que et densification et étalement ne cessent de s’accroître. Les villes étouffent, et les terres agricoles des campagnes alentour deviennent des zones péri-urbaines ‘cité dortoirs’ ou zones commerciales.

Nous refusons donc de participer au réaménagement de cette zone par Nantes Métropole, pour toutes les raisons évoquées précédemment. C’est pourquoi,nous n’intégrerons pas cette concertation.

Pour autant, il nous appartient de réfléchir et mettre en œuvre un autre avenir pour cette zone. Tout d’abord, rappelons que cette zone n’est pas vierge. La nature y a repris ses droits par endroit ; dans d’autres, des personnes vivent dans diverses sortes d’habitats ; de nombreux jardins, qu’ils soient cheminots, particuliers, ou collectif existent aussi sur la zone. Ensuite, comme a commencé à le faire un collectif au jardin des ronces, une partie de cette zone doit pouvoir servir à un retour à l’agriculture paysanne, non pas symboliquement en installant une ou deux fermes urbaines au milieu de milliers de logements, mais dans une véritable optique de souveraineté alimentaire d’un territoire. Nous ne souhaitons proposer ou imposer un autre projet mais espérons voir naître sur ce territoire des initiatives populaires, des espaces autogérés, et pourquoi pas y retrouver encore des zones plus sauvages, non aménagées par l’homme. Et puis comme nous le faisons ici, permettre la réflexion politique à l’échelle d’un territoire. Nous ne ferons pas de compromis dans nos idées. Nous ne souhaitons pas gagner quelques miettes vertes en collaborant. L’important est d’abord de défendre et faire vivre certaines idées, de construire collectivement les fondations d’une société meilleure, face à un système dont le projet des Gohards en est le symbole. N’hésitez pas à nous rejoindre dans ce combat.

Collectif de mobilisation contre l’urbanisation des Gohards

quelavenirpourlevieuxdoulon[at]riseup.net

* Jardin des ronces : jardin collectif autogéré sur des terres de la zac des gohards, rue de la papotière.