L’expérience de Rennes sous une loupe basque.

Pourtant ce n’est pas non plus un hasard si dans certains milieux basques, écologistes en premier lieu et surtout autour du mouvement Eguzki (= soleil), c’est allumée toute une série de critiques (2) à propos de la nouvelle Alternatiba de Bilbao (3). En établissant aussi une liaison avec ce qui se passe en Bretagne, dans la petite métropole de Roazhon (Rennes) (4). Mais en tenant compte d’autre part d’une profonde crise « identitaire » de la société basque contemporaine, qui est en train de se laisser derrière soi, progressivement et peut-être pour toujours, certaines de ses ultimes particularités collectives. Même si on constate entre-temps un indubitable processus de récupération de la langue originelle, l’euskara, une reconquête d’autre part assez liée au mouvement écologiste plus radical du pays.

Pour comprendre peut-être un petit peu tout cela, dans la ligne de cette hypothétique tradition communautariste, ce serait intéressant de savoir qu’ils existent encore aujourd’hui des expériences sociales (et donc aussi politiques) pas mal hors du commun dans cette Europe-âge-COP21. Ce qui pourrait même expliquer, selon certains politologues, la persistance d’une guérilla très radicale tout au long des derniers 50 années. Et tout cela dans une des régions les plus industrialisées de l’ouest du continent.

Mais restons aux témoignages associatifs réellement alternatifs, comme justement ceux du mouvement écologiste Eguzki (5), et que l’on pourrait aussi constater pour le très inhabituel internationalisme d’Askapena (6), ou dans l’expérience basque-zapatiste d’Aldarrika Sarea (7) ; comme également dans le cas d’une assez drôle d’activité des Arkitekton Biltzarra (8) (Assemblée d’architecture) ancrée dans l’université de Donostia.

Ce qu’il faudrait alors rappeler c’est ce fameux document référentiel appelé EGA (Accord Social de Futur) (9) diffusé depuis une vingtaine d’années précisément par Eguzki, mais toujours d’une incroyable actualité et clarté par rapport aux défis de la prochaine COP21. Nous parlons d’une vingtaine de pages qui touchent en fin des comptes les questions de fond de ce qui pourrait même être une phase final de l’Anthropocène, et voilà, juste contradictoirement, données à connaître au public à travers de plusieurs torrentueuses rencontres au niveau local, de base précisément ; c’est à dire entre paysans, pécheurs, syndicats ouvriers et militants radicaux de tout gendre. Un manuscrit qui reprend en partie, mais d’une forme au moins apparemment plus modérée, certaines clefs de la pensée sur la démocratie et l’État du philosophe basque-argentin Karlo Raveli, probablement encore méconnu en France (10), et qui a réussi à introduire dans un certain langage commun, mais surtout politique, des nouveaux concepts comme « construction nationale » ou « développement démocratique de l’écosystème » ; ou bien ceux de biodiversité dans son acception culturelle et d’ « auto-disposition » des peuples, ou de « votocratie », etc.

Justement toute une philosophie et aussi une terminologie que refuse dans l’essentiel la « partitocratie » qui « dynamise » maintenant en bonne partie le mouvement de Roazhon, à coté d’une oligarchie mondiale qui se prépare, toujours avec ses marionnettes institutionnelles, à sa monumentale tentative d’ajustement – final? – COP21.

(1) https://alternatiba.eu/leman/

(2) Une des plus intéressantes: dans http://barcelona.indymedia.org/newswire/display/499793/index.php, en choisissant donc un espace de débat en dehors des très forts contrôles politiques et médiatiques existants à présent en Euskal Herria.

(3) http://alternatibenherria.eus/?lang=es

(4) Roazhon (Rennes) y Bilbo: ¿Alternatiben Herriak? ¿Y ese Ega qué? de Koxme Roteta
http://barcelona.indymedia.org/newswire/display/499909/index.php

(5) http://eguzki.org/

(6) Maintenant sous procès à Madrid sous l’accusation de collaboration avec l’ETA: http://www.askapena.org/eu

(7) La plupart des informations, débats, etc. de beaucoup de ces expériences, comme justement Aldarrrika Sarea, mais aussi Dantzaki ou Aurpegi Gunea, etc. étaient surtout divulgués dans Indymedia Euskalherria, que précisément pour cette raison a été bientôt fermée par deux administrateurs staliniens basque-espagnols, avec en plus la séquestration de tout le matériel publié. Une question qui produit encore aujourd’hui du scandale au Pays Basque. Voir par exemple toute une liste de débats censurés! ici: http://barcelona.indymedia.org/newswire/display_any/428914 , ce qui explique aussi pourquoi certains activistes basques publient actuellement dans Indymedia Barcelone.

(8) https://es-es.facebook.com/arkhitektoonbiltzarra.architectsassembly

(9) http://barcelona.indymedia.org/usermedia/application/13/EGA_Leioa_1999.Lhf.pdf

(10) Voir par exemple «Démocratie ou régime parlementaire» encore dans
http://barcelona.indymedia.org/usermedia/application/2/DEMOCRACIA_o_regimen_parlamentario.pdf