Ces attaques s’inscrivent dans un climat idéologique et médiatique qui, au nom de la « guerre contre le terrorisme » ou d’une conception particulièrement cynique de la devise « liberté, égalité, fraternité », entretient la haine contre ceux et surtout celles qui sont décrits comme « étrangers ». Un climat qui s’est encore alourdi depuis les attentats de janvier 2015 contre Charlie-Hebdo et l’Hyper Casher.

Depuis une trentaine d’années, l’islamophobie est devenue le canal privilégié d’expression du racisme contemporain. Car, sous le prétexte fallacieux de « pouvoir critiquer l’islam », ce que personne ne conteste, et derrière le masque trompeur des « valeurs universelles » (la République, la laïcité, l’égalité des sexes…), le racisme se redéploie et se régénère : un redoutable système d’exclusion se construit jour après jour, en France comme dans les autres pays occidentaux.

Combattre le racisme efficacement nécessite d’en comprendre le fonctionnement et les évolutions. Ignorer la place centrale qu’occupe l’islamophobie aujourd’hui dans le système raciste, sous prétexte que cela « diviserait l’antiracisme », c’est refuser à celles et ceux qui en sont les premières victimes, directes ou indirectes, de faire valoir leurs droits. C’est, en d’autres termes, abandonner l’idéal de justice et s’interdire de combattre ceux qui profitent des inégalités multiples – raciales, sociales et sexuelles – qui se cachent derrière la prétendue « critique de l’islam ».

Illustration parmi tant d’autres de la parenté entre islamophobie et judéophobie, la question juive hier, celle de l’islam aujourd’hui, sont des lieux privilégiés du « délire idéologique ».On ne saurait appréhender la réalité de l’islamophobie sans passer par le détour de l’antisémitisme, dont elle est largement un avatar tardif et une mutation coloniale.

La progression fulgurante de l’extrême droite, qui profite à plein du racisme ambiant, la radicalisation des politiques gouvernementales, toujours plus conservatrices, et les tergiversations de tous ceux qui, se présentant comme « de gauche », hésitent à s’engager dans la lutte contre l’islamophobie sont des phénomènes d’autant plus préoccupants qu’ils se renforcent mutuellement.

Le site « Contre-attaque(s) » entend donc favoriser les mobilisations en publiant des textes d’analyse et de discussion, en dressant une revue de presse de ce que les médias et les politiques disent de l’islam et des musulmans, en relayant toutes les initiatives locales, nationales et internationales contre l’islamophobie. Il vise aussi à offrir à tous des documents et des kits d’information pour aider à ces mobilisations. Il se veut un lieu de large convergence dans un combat qui engage l’avenir de notre pays.

http://contre-attaques.org/magazine/article/pourquoi-ce