Vous avez dit Charlie ?

Depuis les attentats de Charlie Hebdo, l’état en a profité pour accentuer le contrôle social. La manipulation de l’opinion publique par les médias, l’installation de la peur, puis bien sûr «la solution » : l’unité nationale et plus de lois totalitaires (sous prétexte de défense de la liberté d’expression). Le choix présenté devient clair : soit t’es pour la république, soit t’es un terroriste. Le terrorisme dénoncé par l’état est à petite échelle ce que l’état fait massivement subir ailleurs. Cette construction médiatico-étatique du « terrorisme » fait que tout est permis pour les combattre ; Le sacrifice de libertés, la surveillance généralisée, les mesures draconiennes… Même le meurtre est justifié, alors que la peine de mort est censée être abolie. L’état en profite pour préparer le terrain et passer les lois antiterroristes dans un climat où même exprimer un désaccord, tel que « Je ne suis pas charlie » peut entraîner des conséquences juridiques. Il se prépare à isoler des détenu-e-s jugés « islamistes » pour qu’illes ne partagent pas leurs idées, comme illes en isolent déjà d’autres dont les idées gênent le pouvoir. Dans ces états d’exception, le pouvoir tente de faire passer un maximum des mesures renforçant le contrôle social, en l’absence de réaction forte ces mesures d’abord ‘exceptionnelles deviendront une norme largement acceptée et s’appliquant à tou-te-s.

Ces mesures amènent à plus de flicage, plus de patrouilles, plus de militaires devant les lieux de culte et ailleurs, plus de financement pour les services de renseignements… Alors que cet automne, des centaines de manifestations à travers la france et les état-unis prenaient la rue contre la police et notamment contre les meurtres policiers commis en toute impunité. On était plein dans la rue à crier « tout le monde déteste la police » et aujourd’hui « on » salue les « braves policiers » parce qu’ils ont encore tué des personnes ? Il y a un an dans le val de suse, des arrestations sous couvert de « lutte anti-terroriste » (une idéologie forgée par les néoconservateurs américains) ont tenté de briser le mouvement de contestation contre la ligne LGV Lyon Turin (et son monde), ce qui n’a pas marché. L’incendie de quelques machines sur un chantier aurait eu de «  graves répercussions sur l’image du pays ». L’accusation de terrorisme a fini par être abandonnée mais les accusé-e-s ont été condamné-e-s à plusieurs années de prison ferme. A la mi-décembre, des anarchistes en espagne et catalogne ont été arr?té-e-s sous l’unique motif qu’illes utilisaient un compte mail sur un serveur qui s’engage à protéger la confidentialité des données échangées (riseup). Cette logique nous fait rentrer dans une nouvelle phase d’augmentation de la surveillance où le fait de vouloir préserver la moindre parcelle d’intimité vis-à-vis de l’état fait de quelqu’un-e un-e « terroriste », supprimant ainsi les supposés droits et libertés.

Liberté d’expression pour qui ?

Charlie Hebdo n’est pas le seul journal que quelqu’un essaie de faire taire. La censure existe dans « notre  belle démocratie ». Les annonceurs, actionnaires la pratiquent très bien, quand les journalistes, pour des raisons de survie professionnelle, ne les ont pas devancés. On fait mieux taire à base de pognon et de pouvoir qu’à base de kalachnikovs . Le « 4ème » pouvoir n’est pas un contre pouvoir1 mais un outil largement aux mains des ennemis de la justice sociale. Les médias sont en majorité intégrés à des groupes industriels (Bolloré, Lagardère, Dassault, Bouygues, Arnault détiennent la grande majorité du capital des médias français.) qui dépendent économiquement par leurs marchés de l’état, donc du pouvoir politique. De quelle liberté d’expression parlons nous ? Qui a voix au chapitre dans les médias ? Qui n’entend-on pas ?

Non, la liberté de critiquer l’islam n’est pas menacée en france. Au contraire, c’est de moins en moins subtilement qu’on nous suggère que chaque musulman-ne serait un-e « terroriste » potentiel-le. Dans le contexte actuel, c’est pourtant un autre type de foi qui semble réellement gagner en force : la foi nationaliste. Que quelques sifflets écorchent un hymne raciste et sanguinaire2 et les mêmes qui défilent aujourd’hui derrière la bannière de la liberté d’expression crient à l’outrage à la nation ! Le délit de blasphème existe donc bel et bien. Depuis 2003, les lois Sarkozy prévoient de très lourdes amendes et peines de prisons contre toutes « offense au drapeau ou à l’hymne national ». Prison, c’est aussi ce qui menace celles et ceux qui disent, écrivent, crient les faits : la police française assassine dans les banlieues, les centres de rétention, les prisons… Dans un silence de mort-e-s… La france, tu l’aimes raciste ou tu la fermes ?

Ni charlie , Ni Coulibaly

Nous ne nous sentons representé-e-s par aucun « camp » dans cette affaire :

– Parce que Charlie Hebdo entretient une vision raciste du monde sous couvert de critique du dogme religieux.

– Parce que la france mène depuis de nombreuses années au nom de la guerre contre le terrorisme une politique impérialiste, colonialiste pour l’accaparement des ressources dans le monde provoquant de nombreuses victimes civiles. Pourquoi la france, qui n’est bien sûr pas le gendarme de l’Afrique, maintient-elle ouvertes des gendarmeries en permanence au Tchad, en Centre-Afrique, à Djibouti, au Gabon, etc.?

– Parce qu’au vu des réactions, la vie des français-e-s blanc-he-s semble avoir plus de valeur que celle d’un personne racisée née en france, comme le prouve le traitement médiatique, dans les affaires d’assassinats policiers en banlieue (environ 10 par an). Y-a-t-il eu de grands rassemblements de solidarité ? Qui se souvient même de leurs noms ?

– Parce qu’en disant que ces « terroristes » venaient « de l’extérieur » alors qu’ils sont nés en france, les médias insinuent que l’immigration participe au terrorisme3, faussant ainsi le débat. A qui cela profite-t-il ? – Parce que ce pays c’est plus de 80 attaques racistes sur les mosquées , kebab et personnes en une semaine. 

Tous ces éléments mettent en lumière le racisme républicain banalisé.

Cependant nous faisons une grande différence entre des personnes croyantes et des personnes qui font du dogme religieux un programme politique totalitaire. En plus d’instaurer le fascisme, l’état islamique a un fonctionnement économique semblable au capitalisme (exploitation de raffineries de pétrole, impôts, hiérarchie, profit, esclavagisme…). Ils sont nos ennemis comme tous les autoritaires, racistes, sexistes et homophobes

Ne laissons pas le débat aux partis , fachos et réacs de tout poils !

Que crève l’état , islamique ou pas.

1- Voir a ce sujet le film documentaire : Les nouveaux chiens de garde réalisé par Gilles Balbastre, Yannick Kergoat 2-La marseillaise avait été sifflée au stade de france en prélude à un match de foot entre la France et la Tunisie 3- Débat radio europe 1 « l’immigration favorise-t-elle le terrorisme en europe ?