LES LUTTES AU MAROC

APPEL AU BOYCOTT DU SOI-DISANT FORUM MONDIAL DES DROITS DE L’HOMME !

LES LUTTES DES TRAVAILLEURS

1. Luttes des travailleurs en 2011

2. Luttes des salariés de la poste Maroc – juillet 2014

3. Luttes des salariés de l’Office Chérifien des Phosphates – juillet 2009

4. Luttes des salariés des mines de l’Office Chérifien des Phosphates – avril 2014

5. Luttes des salariés des mines d’AKKA – juillet 2013

6. Luttes des travailleurs de Sebta et Mélilia – juin 2013

7. Luttes des salariés du tramway de Casablanca – octobre 2013

8. Luttes à Tanger – avril 2014

9. Grève générale nationale – 29 octobre 2014


LES LUTTES DES PAYSANS

1. Présentation générale de la situation et des luttes – 2000 / 2010

2. Luttes des travailleurs agricoles de la région de Souss – juin 2012

3. Menaces sur les travailleurs agricoles de la région de Souss – 2014

 

LES LUTTES DES REGIONS MARGINALISEES

1. Grève générale à Beni Tadjit – avril 2014

2. Luttes du village d’Imider

3. Marche de protestation des élèves de la région de Tanafnit M’Rirt – octobre 2014 pour dénoncer la situation catastrophique de l’enseignement.

 

LES LUTTES CONTRE LA CHERETE DE LA VIE

Lutte contre la hausse des prix de l’eau et de l’électricité– octobre 2014

 

LES LUTTES DES FONCTIONNAIRES

Grève générale de la fonction publique pour les retraites – septembre 2011

 

LES LUTTES DES DIPLOMES CHOMEURS


LES LUTTES DU MOUVEMENT DU 20 FEVRIER

Répression contre le mouvement du 20 Février – avril 2014

 

LISTE NON EXHAUSTIVE DES PRISONNIERS POLITIQUES AU MAROC

I- Groupe UNEM (Union Nationale des Étudiants du Maroc)

1- Prison Fès

2- Prison Taza

3- Prison Toulal 2 Meknès

4- Prison d’Agadir

5- Prison Boulamharez de Marrakech.

II- Groupe Sahraouis

1-Prison Aït Melloul

2- Nouveau groupe de Guelmim réparti sur plusieurs prisons

3- Prison Benslimane

4- Prison Dakhla

5- Prison Salé 1

6- Prison Salé 2 Groupe Gdeim Izik (transférés à la prison de Salé 1. Leur procès est fixé

finalement au 1er février 2013-Jugement prononcé le 17 février 2013)

7- Prison Laâyoune

8- Prison de Taroudant

9- Prison de Tiznit

10- Prison d’Inzgane

III- Groupe Ouarzazate

Prison Ouarzazate

IV- Groupe Imider-Mineurs

Prison Ouarzazate

V- Groupe Chlihat

Prisons Laksar El Kébir et Tanger

VI- Groupe Agadir (Condamné(e)s à la prison avec sursis)

VII- Groupe 20-Février

1- Prison El Hoceima

2- Prison Oukacha de Casablanca

3- Prison de Tiznit (Groupe d’Ifni)

4- Prison de Tanger (Sept Villages)

5- Taza

6- Kenitra

VIII- Groupe Liberté d’expression, liberté de la presse, syndicalistes, etc.

IX- Groupe Marrakech (Sidi Youssef Ben Ali dont deux mineurs, libérés après deux

mois de prison ferme)

X- Groupe Zayou (poursuivi en liberté)

XI Groupe Amchad-Ksiba (Béni Mellal)

XIII Groupe ANDCM-Rabat

XIV Groupe Jeunes de Mohammedia

XV Groupe Carrières centrales-Casablanca

 

LUTTES DES PRISONNIERS POLITIQUES : exemples de résistances

1. Déclaration a l’opinion nationale et internationale des détenus politiques Aziz Khalfaoui et

Rédouane Elaademi

2. Déclaration a l’opinion publique des détenus politiques Aziz Khalfaoui et Rédouane Elaademi

3. Déclaration a l’opinion nationale et internationale du détenu politique Abdelhak Talhaoui

4. Le groupe Aziz Elbour appelle a boycotter le soi-disant « forum mondial des droits de l’homme »

et appelle a entamer une grève de la faim pour dénoncer cette mascarade, de l’intérieur des

prisons de la réaction !

5. Information adressée a l’opinion publique nationale et internationale des prisonniers politiques

de la prison Toulal de Meknès et de la prison Ain Kadous de Fès

 

L’ETAT MAROCAIN REPRIME ET ASSASSINE !

BOYCOTTONS LE SOI-DISANT FORUM MONDIAL DES DROITS DE L’HOMME !

Les 27, 28, et 29 novembre prochains, se déroulera à Marrakech le soi-disant forum mondial des

Droits de l’Homme.

Ce soi-disant forum va se tenir dans un contexte national caractérisé principalement par une répression toujours plus farouche et des attaques inlassables contre les libertés politiques et syndicales. Ce contexte est aussi celui d’une politique antipopulaire, représentée par la destruction massive de tous les acquis sociaux arrachés pourtant par des luttes de longue haleine.

Cette politique de répression vise toutes les formes de luttes et toutes les régions du Maroc. Or, quel autre régime – si ce n’est celui du Maroc – peut ériger aussi haut ce fameux drapeau des Droits de l’Homme, quand on regarde de plus près son bilan actuel qui ne comptabilise rien que sur ces derniers mois :

– la répression du mouvement populaire du 20 février

– la répression des manifestations populaires contre la cherté de la vie

– la répression des soulèvements populaires des régions marginalisées

– la répression des manifestations des diplômés chômeurs

– la répression des luttes exemplaires des étudiants dans toutes les universités du Maroc

pour la défense de l’enseignement public gratuit

– la répression des grèves des travailleurs et des travailleurs agricoles

– la répression des grèves menées par les élèves et les lycéens

– la répression tournée vers l’association des Droits de l’Homme elle-même, qui dénombre par exemple depuis juillet 48 interdictions d’activités – sans compter toutes les entraves quotidiennes à l’action de ses militants.

On ne compte plus – à la suite de ces répressions – le nombre des personnes arrêtées, torturées et jugées dans des procès iniques et montés de toutes pièces pour criminaliser les luttes du peuple Marocain. A ce jour, sont aussi dénombrés plus de 350 prisonniers politiques incarcérés dans les geôles de cet Etat réactionnaire. S’ajoute aussi à ce bilan déjà exemplaire par son respect des Droits de l’Homme, les assassinats qui ciblent directement les militants politiques.

L’ensemble de ce tableau sinistre démontre clairement à qui sait sortir des schémas préétablis sur le Maroc et des discours officiels , que dans ce pays, même les Droits de l’Homme les plus élémentaires sont au quotidien bafoués et qu’aucune forme de protestation ou de contestation – selon l’un des ces droits fondamentaux, à savoir celui de la liberté d’expression – n’est possible, si ce n’est au prix de l’emprisonnement ou de la mort.

Dans ce contexte, nous dénonçons fermement la tenue de ce soi-disant « forum mondial des Droits de l’Homme » au Maroc ; en acceptant de faire de ce pays le pays d’accueil d’un tel forum, caution est donnée au régime pour poursuivre sa politique répressive et sanguinaire, et occasion lui est aussi accordée pour une fois de plus masquer la réalité quotidienne catastrophique que subit le peuple Marocain.

Nous appelons à boycotter ce forum et à soutenir toutes les activités et manifestations qui vont dans ce sens et qui feront obstacle à sa tenue ; et en particulier, nous apportons tout notre soutien et notre solidarité inconditionnelle aux prisonniers politiques incarcérés qui ont décidé de s’opposer à cette tenue en se mettant en grève de la faim durant les trois jours du forum.

Paris, le 24.11.2014

Comité d’Action et de Soutien aux Luttes du Peuple Marocain

Appel soutenu par :

– Comité pour la Solidarité avec les Prisonniers Politiques en Europe AÖTDK

– Comité international de solidarité avec les prisonniers politiques UPOTUDAK

– Comité anti-impérialiste – France

– Solidarité avec le peuple Marocain (SLPM)

– Bloc rouge (unification des maoïstes)

 

LES LUTTES AU MAROC

LES LUTTES DES TRAVAILLEURS

1. Luttes des travailleurs en 2011

356 grèves effectives rien que pour les 9 premiers mois de 2011 contre 241 pour toute l’année 2010. Le nombre de journées non travaillées au titre de l’année entière tourne autour de 250 000, au lieu de 77 277 il y a cinq ans.

L’année 2011 marque une très forte recrudescence de la conflictualité dans le monde du travail. Rien qu’au titre des neuf premiers mois de l’année, le nombre de grèves effectives recensées même par le ministère de l’emploi a battu le record de ces dix dernières années en s’établissant à 356. Il faut remonter à 2001 pour atteindre un tel niveau avec 309 grèves à l’époque.

Le nombre d’établissements touchés par ces grèves s’élève à 265 pour les neuf premiers mois, soit environ 300 pour l’année, contre 194 en 2010, 185 en 2009, 179 en 2008 et 147 en 2007. Le piquet de grève, ce qui se note dans cette évolution, tend à se propager, ce qui indique une exacerbation du mécontentement des travailleurs. C’est d’autant plus vrai que les statistiques concernant les grèves finalement non menées sont encore plus «lourds». Selon le ministère de l’emploi, sur les neuf premiers mois de 2011, cela concerne 727 conflits, touchant 609 établissements ; soit le double de ceux qui ont été déclenchés.

Cette recrudescence des conflits collectifs de travail montre à l’évidence que les attentes des travailleurs sont loin d’être satisfaites.

2. Luttes des salariés de la poste Maroc – juillet 2014

Les deux syndicats représentatifs (CDT et UMT) ont observé un débrayage de 72 heures, les 23, 24 et 25 juillet courant.

Après plusieurs manifestations dénonçant la situation des diplômés, une nouvelle crise vient d’éclater chez les salaries de Poste Maroc, affiliés à la Confédération Démocratique du Travail (CDT) et l’Union Marocaine du Travail (UMT). Non satisfaits de leurs conditions de travail, les salariés observent une grève nationale de 72 heures à partir d’aujourd’hui, 23 juillet.

En effet, le Syndicat national des postes (CDT) et la Fédération nationale des postes et de la logistique (UMT) déplorent un manque d’effectif «cruel», un manque de motivation salariale, une importante pression pour atteindre les objectifs et surtout ils reprochent à l’administration le fait de prendre des décisions stratégiques de manière unilatérale.

«Près de 50% de l’effectif qui part en retraite n’est pas remplacé et les salaires n’ont pas connu d’augmentation depuis une assez longue durée. Cette situation ne peut pas durer et elle ne touche pas que les salariés de la Poste. Les citoyens souffrent aussi de ces conditions de travail lamentables, puisqu’il est de plus en plus pénible de satisfaire toutes les demandes dans un délai raisonnable», fustigent les grévistes.

3. Luttes des salariés de l’Office Chérifien des Phosphates – juillet 2009

Depuis juillet dernier, 850 travailleurs de l’Office chérifien des phosphates (OCP) sont en lutte continue contre leur licenciement abusif par leur employeur, géant groupe étatique qui domine le marché mondial du phosphate.

L’OCP, à travers sa filiale Smesi, n’a pas hésité à licencier les 850 travailleurs parce qu’ils ont décidé de créer un bureau syndical pour défendre leurs droits.

Derrière cette décision, la direction de l’OCP veut surtout augmenter sa rentabilité et remettre en cause tous les acquis sociaux des phosphatiers gagnés dans le passé et imposer une précarité à outrance, notamment en multipliant les CDD par l’intermédiaire des sociétés d’intérim.

Un comité de solidarité national (CSOS) a vu le jour, regroupant des représentants des travailleurs en lutte et des militants de différentes villes du Maroc et de différentes forces de la gauche radicale.

Plusieurs initiatives ont été prises : manifestations et rassemblements notamment à Khouribga, ville minière et centre de production du phosphate, à Casablanca devant le siège de l’OCP, et à Rabat devant le ministère de tutelle et le siège du Parlement.

Une caravane de solidarité a également été organisée par l’Association marocaine des droits humains (AMDH) et a connu un net succès.

Le pouvoir marocain, face à ces revendications légitimes, n’a apporté qu’une seule réponse : la répression (des dizaines de blessés et plusieurs poursuites judiciaires). Le pouvoir au Maroc prouve encore une fois qu’il n’a pas changé de nature, dix ans après la mort de Hassan II : une dictature répressive qui défend les intérêts du grand capital, emprisonne les militants (des étudiants et d’autres détenus politiques croupissent encore dans les geôles du pouvoir marocain), bafoue la liberté d’expression et interdit les journaux indépendants (fermeture de Journal Hebdo, titre phare de la presse indépendante), etc.

Dans le contexte actuel marqué par une situation économique qui se dégrade et des inégalités sociales qui ne cessent de se creuser, et face au non-respect continu des droits fondamentaux des classes laborieuses, les luttes sociales au Maroc s’amplifient. Les travailleurs de l’OCP continuent de se battre, convaincus que seule la lutte paie.

Leur combat s’ajoute à de nombreux autres : celui des diplômés chômeurs, organisés dans plusieurs associations, dure depuis des années, malgré la répression féroce et les procès iniques. Les habitants des quartiers populaires à Casablanca, les sans-logis à cause des intempéries, s’organisent pour exiger que l’État prenne ses responsabilités. Le mouvement étudiant, malgré la répression et les arrestations, se bat contre la réforme de l’enseignement qui a transformé les universités en des usines à chômeurs ou à main-d’oeuvre pas chère et corvéable à souhait. Le mouvement de grève dans l’Éducation nationale, à Zagora et ailleurs, revendique sans relâche la gratuité de l’enseignement.

Les militants politiques et syndicalistes luttent au quotidien contre les politiques libérales préconisées par les institutions financières internationales et mises en oeuvre par le gouvernement marocain ; contre la politique répressive du pouvoir ; pour défendre les intérêts des classes populaires.

Face à cette situation, la solidarité internationale doit continuer et s’amplifier car il s’agit d’un moyen de pression important sur le pouvoir marocain, mais également un élément important d’encouragement des travailleurs en lutte.

4. Luttes des salariés des mines de l’Office Chérifien des Phosphates – avril 2014

Autre front de la colère sociale, la révolte des mineurs, dépendant de filiales de l’entreprise d’état : l’Office chérifienne de phosphate (OCP) à Khouribga (dans le centre du pays). Une entreprise florissante puisqu’elle représente à elle seule 25 % des exportations du Maroc. Une entreprise sous contrôle direct du roi, qui nomma le directeur, d’où la difficulté d’y gagner des luttes syndicales. Pas touche à un des joyaux de la couronne.

Cette réalité et cette pesanteur n’en empêchent pas moins une vraie combativité ouvrière et une vraie détermination de ses sections syndicales. Il y a cinq ans, une grève très âpre avait duré pas moins de huit mois suite au licenciement sec de 850 salariés. Cette fois, ce sont les mineurs des filiales de l’OCP (dont beaucoup sont, ce qui n’est pas neutre, d’anciens leaders syndicaux licenciés il y a cinq ans) qui se battent, appuyés par un comité de solidarité avec les travailleurs intérimaires du phosphate du groupe OCP (CSPI).

Leurs revendications : la reconnaissance de leurs droits syndicaux, inexistants pour l’heure dans les filiales de l’OCP, des revalorisations salariales et surtout leur intégration officielle au groupe OCP ce qui leur permettrait d’avoir des contrats à durée indéterminée. Une première grève a eu lieu les 16 et 17 avril. Il est à prévoir que d’autres journées d’actions et de manifestations verront le jour dans les semaines et mois à venir.

5. Luttes des salariés des mines d’AKKA – juillet 2013

Suite à l’arrêt d’un chantier périphérique à 28 km de l’exploitation d’Akka, opéré par Top Forage, un sous-traitant de la mine, une grève a été enclenchée le jeudi 11 juillet 2013.

Initialement, le chantier employait 26 personnes. Une fois ce chantier arrivé à terme, le prestataire a proposé aux ouvriers de ce chantier une indemnisation ou une relocalisation dans un autre site. Seize ouvriers ont choisi d’être indemnisés et de mettre ainsi fin à leur contrat avec le prestataire, tandis que trois ont accepté une relocalisation dans un autre chantier. Deux autres ouvriers ont demandé un temps de réflexion.

Les cinq ouvriers restants, membres de la Confédération Démocratique du Travail (CDT) ont revendiqué un transfert dans le centre de la mine d’Akka dans l’un des chantiers de Top Forage. Les chantiers en question tournant en sous régime, l’allocation de ressources supplémentaires n’y est pas justifiée. Une situation de blocage a résulté de la position de ces cinq ouvriers. Près de 140 employés de différentes entreprises et membres du même organisme syndical (CDT) se sont joints au mouvement.

La mine, qui compte un effectif global de 650 employés incluant la régie, les sous-traitants et les titulaires AGM, continue ses activités de production.

6. Luttes des travailleurs de Sebta et Mélilia – juin 2013

Les 4000 travailleurs marocains porteurs d’un permis de travail dénoncent les conditions discriminatoires à l’emploi dans Sebta et Melilla. Soutenus par l’union marocaine des travailleurs (UMT) ces travailleurs réclament une carte de séjour à l’instar des marocains installés dans les présides occupées. Ce qui les ferait bénéficier des allocations de chômage, d’une couverture médicale et allégerait leurs taxes sur les revenus fixés, par l’administration fiscale espagnole, à 25%.

La manifestation, prévue en fin de semaine, vient en réaction à l’échec des négociations engagées par ces travailleurs avec les ministères marocains concernés, a annoncé leur porte parole dans une conférence organisée mercredi dernier à Rabat. Les travailleurs comptent bloquer pour quelques heures les frontières avec Sebta et Melilia. La majorité travaille dans le secteur du bâtiment, de la restauration ou dans le service domestique. Ils sont obligés de renouveler, chaque année, leur permis de travail pour un coût estimé à 750 euros, soit plus de 8500 dirhams, suite aux derniers changements dans la loi espagnole.

7. Luttes des salariés du tramway de Casablanca – octobre 2013

Pas de tram ce mercredi dans la ville de Casablanca : les chauffeurs ont entamé une grève qui devrait durer 48 heures.

Cette grève résulte de la passivité de l’administration, qui n’aurait toujours pas répondu à la liste de revendications qui lui a été transmise par le bureau des travailleurs. Ce dit bureau est affilié au syndicat de l’Union des fédérations nationales des conducteurs et professionnels du transport. Parmi les revendications du personnel, figurent l’augmentation des salaires à 6 000 dirhams pour les conducteurs et 9 000 pour les agents de maîtrise.

8. Luttes à Tanger – avril 2014

A Tanger, le 27 avril, les ouvriers des zones franches se mettent en grève « pour le respect des droits syndicaux, pour l’union, la solidarité et la lutte ». Région particulièrement dynamique, Tanger a vu depuis quelques années s’implanter nombre de multinationales.

Parmi celle-ci, Renault, qui y possède désormais une usine ultramoderne, suite à la délocalisation d’une partie de la production des sites de Douai et Cléon.

Les travailleurs et travailleuses poursuivront, là aussi, à n’en point douter, leur mouvement pour rappeler aux multinationales, qu’ici comme ailleurs, on ne joue pas avec la dignité d’un peuple habitué à ne compter que sur lui même.

9. Grève générale nationale – 29 octobre 2014

Maroc : 83,7% de participation à la grève générale !

Contrairement à la grève du 23 septembre, celle du 29 octobre, à l’appel de l’UMT, CDT et FDT, est majoritairement suivie dans la fonction publique et le privé, notamment les banques et le transport à l’exception des taxis. Jusqu’à présent, le gouvernement n’a pas encore réagi au débrayage. En revanche, les syndicats affirment que la moyenne nationale de participation a atteint 83,7%.

A l’UMT, l’heure est à la satisfaction. « La grève générale est réussie », déclare à Yabiladi, Said Sefsafi, membre de la direction de la première centrale du pays. Les chiffres qu’ils énoncent varient entre 80 et 90% aussi bien dans le secteur public que dans le privé, notamment les banques, où « le taux de participation au débrayage a atteint les 95% », explique-t-il.

Forte adhésion à l’appel de la grève : « La forte mobilisation ayant précédée la grève générale a largement contribué à ce résultat que nous considérons juste », assure notre interlocuteur.

Et d’ajouter que « ce constat ne concerne pas uniquement Rabat et Casablanca mais il est presque le même dans les autres grandes villes du pays ».

A Casablanca, la participation de la société Mdina bus et des travailleurs du tramway a nettement boosté le nombre des grévistes au secteur privé, surtout dans les grandes entreprises du textile et la confection. Au port, l’activité tourne, également, au ralenti. Et il en est de même dans la capitale du Détroit. Les employeurs de Tanger Med et l’usine de Renault ont observé la grève dès les premières heures du mercredi.

 

LES LUTTES DES PAYSANS

1. Présentation générale de la situation et des luttes – 2000 / 2010

Quelques indices principaux sur le retard qui affecte les ruraux d’une manière générale

Analphabétisme élevé approchant les 57 %. Taux plus élevé encore d’abandon scolaire.

Pauvreté extrême : environ le quart de la population rurale est pauvre. L’espérance de vie des ruraux ne dépasse pas 68 ans chez les ruraux (contre 76 ans chez les urbains).

La situation des femmes rurales est insupportable : l’analphabétisme dépasse les 70 %, et plus de 83 % des jeunes filles ne vont pas jusqu’au secondaire ; 60 % des femmes ne bénéficient pas d’assistance médicale à l’accouchement, 227 femmes sur 100 0000 meurent à l’accouchement, comme 40 % des enfants meurent à la naissance.

Manque énorme des infrastructures et des services indispensables : 57 % des familles n’ont pas d’accès à l’eau potable à partir de réseaux d’adduction dans le milieu rural (contre 4 % en milieu urbain). 97 % des familles ne disposent pas de réseau d’assainissement (contre 14 % en milieu urbain). Et 20 % n’ont pas d’électricité (contre 3% en milieu urbain).

L’enclavement et la marginalisation : éloignement de douars des villes et des souks de dizaines de kilomètres, absence de services de transport public, manques énormes de routes goudronnées, dégradation par les aléas climatiques des routes goudronnées. Ce qui favorise l’augmentation de l’abandon scolaire, l’absence de services de santé et l’augmentation de la misère. L’exode rural qui approche les 200 000 personnes par an, surtout du fait des jeunes hommes. Le nombre des habitants en milieu rural atteint les 14 millions, soit 40 % de la population totale. La population active y atteint les 5 millions.

Le nombre d’agriculteurs dans tout le pays est de 1,5 millions, dont 5 % sont sans terre et 70 % possèdent moins de 5 ha. Donc le nombre des agriculteurs pauvres et appauvris (sans terre et possédant moins de 5 ha) représente 75 % des agriculteurs. La concentration foncière : 15 % des surfaces cultivables sont concentrées dans les mains d’1 % de propriétaires, composés d’exploitations de plus de 50 ha. 71 % des agriculteurs ne disposent que de 26 % de la surface totale cultivable, composée de petites propriétés de moins de 5 ha.

Cette concentration foncière conduit à la paupérisation des petits agriculteurs, puisqu’entre 1974 et 1996, plus de 500 000 agriculteurs qui exploitaient moins de 1 ha ont disparu.

Le Plan Maroc vert, présenté par l’Etat en 2008, a pour objectif de créer les conditions d’investissement réclamées par les multinationales étrangères. Ce plan s’appuie sur la grande agriculture principalement tournée vers l’exportation et promet la servitude aux petits et moyens agriculteurs. Il ordonne la disparition des agriculteurs pauvres en les appelant clairement à abandonner les terres à faible rendement, et en particulier les terres à céréales, qui représentent environ 60 % des terres cultivables.

Exemples de protestations de populations rurales entre 2000 et 2010.

Les premières protestations de ruraux ont émergé à la fin des années 1990 avec la marche d’Aït Bilal, dans la province d’Azilal, le 4 avril 1999, pour 3 revendications (goudronnage de la route, création d’un dispensaire, équipement du marché hebdomadaire) à laquelle ont assisté près de 1400 personnes ; cette marche a été durement réprimée et a abouti au jugement de 13 citoyens.

Elle a été suivie le 2 février 2000 par l’insurrection du village de Tarmilate dans la province de Khemisset contre les abus de la société d’embouteillage d’eau Oulmès. Elle aussi été confrontée à la répression et a abouti à l’arrestation et au jugement de 7 personnes.

Les protestations des habitants de Sidi Taibi Baahouaz sur la commune de Kenitra au cours de laquelle 1000 personnes ont occupé le 10 avril 2000 la route principale entre Rabat et Kenitra contre la destruction de leurs maisons, répression féroce et présentation de 56 personnes arrêtées devant le tribunal.

Puis l’insurrection au sujet de l’électricité à Imilchil dans la province d’Errachidia le 4 mars 2003 contre les coupures répétées d’électricité où les forces de l’ordre ont défoncé les maisons et ont semé la terreur et où ont été arrêtés plus de 20 jeunes.

Les protestations de ruraux se sont multipliées de manière considérable au début de l’année 2005, avec pour commencer la marche des habitants de la commune de Aït Yaha à Rich Imilchil le 5 février 2005 qui ont parcouru environ 50 km en direction de la préfecture d’Errachidia pour revendiquer le goudronnage des routes, le désenclavement de leurs maisons et la levée de l’arbitraire du caïd.

Puis les protestations des habitants de Tamasint à L’Hoceima en avril 2005 contre l’indifférence de l’Etat suite au séisme dont ils ont été victimes et la manière légère dont été utilisées les aides internationales et locales.

Puis la marche de 6000 habitants de Ait Izzer dans la province de Midelt en direction de Rabat pour la santé, l’éducation, l’électricité, les routes, et le développement local, puis les protestations des habitants de Tata en mai 2005 pour la suppression des honoraires des services de santé, le premier soulèvement d’Ifni en août 2005 contre l’exclusion et pour les droits sociaux et le départ d’une protestation à Talsint et Bouarfa en octobre 2005 pour la réduction du montant des factures d’eau et d’électricité et la création d’opportunités d’emploi.

Bien sûr nous ne parlons ici que des exemples les plus frappants, puisque des dizaines de protestations dans zones rurales et de montagne reculées se sont déroulées dans le silence.

Elles n’ont pas trouvé d’écho dans la presse aux ordres.

Ces protestations vont continuer tout au long des années 2006 et 2007, dont une marche de 4 tribus dans la commune de Tanchar dans la province de Taourirt le 11 mai 2006 pour le goudronnage d’une route de 14 km et la création de projets de développement, et l’occupation d’habitants de Ras Imlil à Guelmim le 25 janvier 2007 pour bénéficier de la promotion nationale, pour l’équipement du centre de santé, pour l’eau, l’électricité, et des projets de développement, et le sit-in de femmes d’Aghbalou Nassidane dans la région de Khenifra le 17 septembre 2007 qui ont coupé la route avec des pierres pour demander la création d’un institut de formation et la levée de la marginalisation de leur région, puis la bataille des habitants de Zaouia Ben Smim dans la province de Ifrane-Azrou en septembre 2007 contre l’accaparement par une société capitaliste des eaux douces de la source de Ben Smim.

Et la marche des habitants de Aït Abdi sur la commune de Zaouiat Ahansal (province d’Azilal) fin novembre 2007, qui ont parcouru près de 110 kilomètres à pied pendant 5 jours en direction du siège de la province d’Azilal dans la neige et dans le froid pour le goudronnage de la route, la construction d’un dispensaire et son équipement pour mettre fin à l’humiliant transport des femmes enceintes sur des planches en bois, et la marche des douars de Kalaa (région de Tahla, province de Taza) le 31 décembre 2007 ont parcouru environ 15km dans les alentours de Taza pour demander le goudronnage de la route, un dispensaire, l’électricité et contre le comportement abusif du caïd suite aux résultats des élections le 7 décembre 2007.

Après les vagues de protestations contre le coût indécent des exigences de la survie quotidienne en 2006, le champ des protestations va s’étendre avec l’émergence des tansiquiate (coordinations) contre la vie chère (plus de 70 tansiquiate locales). Un des exemples remarquables est le soulèvement de Albahlil et de Sefrou le 23 septembre 2007 avec le sit-in de plus de 5000 personnes devant le siège de Sefrou contre la cherté de la vie, suivi d’une forte répression et du jugement de 37 personnes arrêtées.

Et parmi ces exemples remarquables également, cette dynamique militante des habitants de Bouarfa qui se sont abstenus de payer les factures d’eau depuis septembre 2006.

L’année 2008 a commencé avec les protestations de Boulmen-Dadès les 5 et 6 janvier après que des chutes de neige aient coupé la route qui mène au chef lieu de région et aient coupé 20 000 personnes de l’extérieur, les privant ainsi en approvisionnement en vivres pendant des jours, avec comme réponse de l’Etat la répression et le jugement de 10 personnes.

Puis a suivi le soulèvement de Sidi Ifni pendant les mois de juillet et août 2008 emblématique de la nécessité de la lutte populaire contre la pauvreté et l’exclusion, ainsi que la marche des affamés à Zagora le 5 août 2008 pour leur part de farine et contre la cherté de la vie. Et les protestations contre la marginalisation et l’exclusion vont se poursuivre dans toute la province de Taza (protestations des habitants de Zrarda à Tahala sur la forte pression sur la seule source d’approvisionnement en eau et l’absence d’enseignement secondaire), et Errachidia (marche d’Aït Yahya vers le caïdat de Tazarine le 16 décembre 2008), puis Beni Mellal (marche des habitants d’Aït Abdi le 23 février 2009 qui ont parcouru 80 km dans le froid et le dépouillement) et Tata (sit in de la tribu Doublal le 18 avril 2009),et Azilal (protestations des douars d’Asamr, de Bousaleh et de Akhdech à l’automne 2009) et le Sud oriental (protestations de la tansiquia d’Aït Ghighouch, issue d’Aknioun, Boulmen Dadès, Kelaat Mgouna, Khmiss Dadès, en décembre 2009).

Et tout au long des années 2008, 2009 et 2010, de nombreuses régions rurales vont connaître des protestations, touchées par des inondations qui ont détruit des maisons, des infrastructures en mauvais état et endommagé les cultures agricoles : par exemple dans la province de Bouarfa (marches de milliers d’habitants de Hay Elkhayam à Figuig en octobre 2008), à Imin Tanout (marche des habitants de 10 h du matin à 20 h avec barrage de la route le 2 octobre 2008) , à Sidi Kacem (désobéissance des habitants de Lkhnichat en avril 2009, marche des habitants du douar de Chmoussa le 16 février 2010), à Marrakech (protestations des habitants de l’Ourika en 2010) et Taroudant (protestations des habitantsd’Oulad Dahou en décembre 2010) etc.

Et le 26 décembre 2010, Tinghir est témoin d’une marche populaire sans précédent historique, révélatrice d’une évolution significative de l’assimilation des leçons des luttes par les habitants des régions rurales marginalisées. Nous avons fait cette longue énumération d’exemples de protestations populaires dans les zones rurales et de montagne qui montrent l’énorme énergie militante qui déborde dans les zones rurales marocaines et qui révèlent une grande radicalité de ses habitants avec leur grande capacité de résistance, surtout de la part des femmes, et malgré l’extrême simplicité des revendications.

2. Luttes des travailleurs agricoles de la région de Souss – juin 2012

Les 6 grévistes de la faim du groupe agricole SOPROFEL ont remporté la lutte grâce à leur résistance et la grande solidarité ouvrière.

Après 38 jours de grève de faim, six ouvriers agricoles dans la province de Chtouka Ait Baha ont remporté leur combat, et contraint la société agricole SOPROPFEL et les autorités locales à répondre à leurs revendications par un accord qui stipule :

– une indemnisation financière : 80.000 DH pour chacun d’eux (la Société SOPROPFEL a licencié les ouvriers arbitrairement il y a près de 4 ans pour avoir créé un bureau syndical)

– l’engagement de SOPROPFEL de renoncer aux poursuites judiciaires et aux amendes estimées à 15.000 dirhams

– les autorités locales prendront en charge les frais d’hospitalisation des séquelles de la grève de faim qui a duré plus de 5 semaines, et devra veiller sur l’état de santé des grévistes qui nécessite une attention particulière (les ouvriers souffraient déjà de divers types de carences et de manques liés à leur combat continue depuis leur expulsion du travail en 2008)

– l’engagement des autorités locales à assumer les versements de prêts dus par deux salariés dont les montants s’élèvent 70.000 DH.

C’est une grande victoire pour des ouvriers qui ont décidé de vaincre ou mourir face à l’arrogance de l’un des grands groupes agricoles au Maroc, soutenu par les associations patronales agricoles et les autorités locales et judiciaires afin de garantir les conditions d’exportation des bénéfices en exploitant fortement les travailleurs et en bafouant le droit syndical.

Cette victoire est le fruit d’une large solidarité ouvrière. Un Comité de soutien comprenant des organisations syndicales et politiques et des associations de la région a été créé pour soutenir les grévistes, et a organisé un ensemble de formes de solidarité (marches de protestation, sit-in, etc.).

Dans le cadre du programme du Comité de soutien, la Fédération Nationale du Secteur Agricole a procédé à une mobilisation exceptionnelle au sein des bases ouvrières qui ont massivement participé au sit-in d’Ait Amira avec plus de 1600 participants, à la grande marche du 29 mai vers le lieu du sit-in (plus de 2000 participants), et au rassemblement d’accueil des grévistes (environ 3000) organisé le samedi le 2 juin 2012 à Aït Amira, où furent présenté les fruits de la victoire et la fin de la bataille.

La Fédération Nationale du Secteur Agricole, tout en saluant les grévistes pour leur résistance et leur victoire, dénonce:

– les conditions d’oppression et d’exploitation subies par les salariés agricoles dans le Souss

– l’offensive du patronat agricole sur le droit syndical

– l’alignement des autorités, et leur silence sur les violations du Code du travail et de la sécurité sociale …, tout en appliquant l’article 288 du Code pénal contre les travailleurs chaque fois qu’ils essayent de défendre leurs revendications. Ceci est confirmé par le projet de loi grève, que l’Etat cherche à adopter.

Nous saluons la large solidarité ouvrière, et nous appelons les travailleurs agricoles à continuer à organiser leurs rangs et à renforcer les liens de solidarité pour défendre leurs droits et arracher des acquis.

Vive la solidarité ouvrière. Aucun droit n’est perdu quand on est là pour le défendre.

3. Menaces sur les travailleurs agricoles de la région de Souss – 2014

La situation des travailleurs agricoles est de plus en plus difficile. En cause, les nombreux licenciements qu’il y a eu récemment dans certaines unités de la région, en raison des nouvelles restrictions imposées à l’entrée du marché européen.

La Fédération nationale du secteur agricole s’inquiète pour les travailleurs des exploitations agricoles de Souss-Massa-Draâ et exige des différents opérateurs du secteur des fruits et légumes de ne pas exploiter la crise pour bafouer les droits de leurs ouvriers.

Les propriétaires des 800 unités agricoles que compte la région de Souss-Massa-Draâ ne doivent en aucun cas profiter de la crise actuelle du secteur des fruits et légumes pour licencier leurs travailleurs.

Si rien n’était fait pour protéger les ouvriers, de 8.000 à 10.000 d’entre eux perdront leurs emplois.

Ces derniers temps, on parle beaucoup de la crise qui menace aujourd’hui le secteur agricole.

Cette crise est liée à la problématique de l’eau. Car, pour la deuxième année consécutive, la région connaît une sécheresse aiguë. Mais elle est surtout liée au problème des nouvelles restrictions que les exportations marocaines devront subir sur le marché européen, lors de la prochaine campagne agricole».

En raison de la nouvelle décision du Parlement européen d’imposer un nouveau système des prix d’entrée des fruits et légumes à partir de la prochaine saison, une douzaine de grandes pépinières (courgette et tomates) ont déjà arrêté leur production, depuis quelques semaines.

Quelque 2.000 ouvriers sont aujourd’hui sans emploi et ont perdu tous leurs droits sociaux à cause de cette mise au chômage technique.

On peut craindre que cette crise ne soit exploitée par certains propriétaires de la région de Souss-Massa-Draâ. Les licenciements ont nettement augmenté cette année. Notamment dans certaines unités de la région, et certains investisseurs étrangers ne respecte pas le Code du travail. De plus, rien qu’en avril 2014, six syndicalistes ont été licenciés par ces mêmes investisseurs sans respect de la loi ni justification plausible.

 

LES LUTTES DES REGIONS MARGINALISEES

1. Grève générale à Beni Tadjit – avril 2014

À Beni Tadjit (province de Figuig, dans l’est du pays, que l’on appelle couramment le « Maroc oublié » tant la misère y est grande), la population s’est mise en grève le 15 avril avec une opération ville morte : avec fermeture totale de tous les cafés, petits commerces, boulangeries. Le mécontentement populaire, latent depuis de longs mois, se concentrait autour de revendications contre la marginalisation de leur ville, et en faveur de la construction d’un hôpital et de l’électrification de quartiers défavorisés en marge de la ville.

2. Luttes du village d’Imider

Une grande assemblée à côté d’un forage de la mine.

Situé au Sud Est du Maroc, à environ 200 kilomètres au Nord Est de Ouarzazate, Imider est une commune composée de 7 villages et d’environ 7000 habitants. Depuis 1969, la société métallurgique d’Imider (SMI) exploite une mine d’argent. Celle-ci est aujourd’hui la plus importante en Afrique. En 1986, la SMI creuse un premier puits en bas de l’Albban pour alimenter l’usine en eau. Ce forage, directement relié à la nappe phréatique et se situant avant le village, aura des répercussions immédiates. Le niveau d’eau baisse et l’agriculture en pâtit. Des manifestations ont lieu et sont fortement réprimées. Plusieurs personnes sont emprisonnées. En 1996, la mobilisation reprend. Le puits est saboté et un sit-in est entamé. Il dure 45 jours. Le 10 mars, la police intervient. 26 personnes sont emprisonnées. Les peines iront jusqu’à 2 ans de prison. La situation reste inchangée.

En 2004, la SMI creuse un forage d’eau et construit un réservoir sur le haut de la montagne de l’Albban de capacité 1600 m3. Inefficace, elle en creuse un deuxième sans autorisation. Les problèmes liés à l’eau s’amplifient. Ce sont d’abord les étudiants qui manifestent le 1er août 2011 lorsque la SMI refuse de les faire intégrer dans la mine pour bénéficier d’un mois de travail qui avait été prévu dans une convention antérieure entre les villageois et la société minière. La situation critique au sein du village entraîne la mobilisation des autres (femmes, hommes, chômeurs, etc.). Naît alors le mouvement sur la voie de 96 (MSV96) en référence aux manifestations de cette année là. Le 20 août, la population occupe le haut de la montagne. Le 23, l’eau du second forage est coupée. Commence alors l’occupation effective de l’Albban depuis 2 ans ½.

Au début de l’occupation, les militants vivent dans des tentes. Après un mois commencent les auto-constructions. Aujourd’hui, une cinquantaine de maisons en pierres sèches ou en terre paille forme un petit village. Actuellement, environ 100 personnes y vivent. En cas de nécessité, Albban peut accueillir jusqu’à 400 personnes. Hormis ce mode d’action, les habitants d’Imider se réunissent plusieurs fois par semaine en petites assemblées. Hommes et femmes s’organisent ensemble. Lors de ces réunions se discutent les lieux de marche (mines, forages ou village). On y donne des nouvelles de prisonniers et on communique sur des informations spécifiques. Les décisions importantes sont prises en grandes assemblées avec les 7 villages : actions directes, manifestations en ville… De ces assemblées ont émergé un ensemble de revendications.

A ce jour, le dialogue avec les autorités (SMI, commune rurale, province) est rompu.

Une commission de dialogue, comprenant 10 membres élus en assemblées, existe mais n’est pas consultée. En effet, en 2012, un pseudo-accord est signé entre les trois parties, faisant croire dans les médias à un arrêt de la lutte. De plus, la commission de dialogue n’est pas incluse dans cet accord. Le mouvement dénonce alors cette stratégie de désinformation par le biais d’une pétition réunissant 2000 signatures s’opposant à cet accord. Cette dernière a été rejetée par le gouverneur de la province. Mais pour les habitants, la lutte continue au jour le jour.

Au niveau juridique, aucune procédure n’est engagée contre les militants qui bloquent le puits. En effet, ce dernier a été creusé illégalement donc la SMI n’a aucun intérêt à faire appel à la justice.

Aujourd’hui, on dénombre plus de 20 détenus, tous condamnés entre 2 à 4 ans ferme.

Le procès des deux derniers condamnés a eu lieu fin février.

3. Marche de protestation des élèves de la région de Tanafnit M’Rirt – octobre 2014 pour dénoncer la situation catastrophique de l’enseignement.

Les élèves de l’internat de la région du barrage de Tanafnit M’Rirt (province de Kénifra) ont organisé une marche de 55 km pour dénoncer la situation catastrophique de l’internat et la dégradation des conditions d’enseignement. Les forces de l’ordre se sont mobilisées afin de faire barrage à cette marche qui a été réprimée.

 

LES LUTTES CONTRE LA CHERETE DE LA VIE

Lutte contre la hausse des prix de l’eau et de l’électricité– octobre 2014

En ce mois d’octobre 2014, nouvelle hausse astronomique des prix d’eau et d’électricité

Le sujet de hausse des prix de l’eau et de l’électricité au Maroc commence à prendre de l’ampleur. Le cercle des protestations s’est élargit et comprend, désormais, de nouvelles régions.

Les habitants de Rich, Midelt, Mrirt, Tounfit, Khemisset et autres, sont tous descendus dans la rue depuis le 21 octobre 2014, pour manifester leur indignation contre la hausse brutale remarquée dans les factures d’eau et d’électricité, qui a dépassé, dans certains cas, les 5000 dirhams. Les grandes villes s’apprêtent également à organiser leurs manifestations.

 

LES LUTTES DES FONCTIONNAIRES

Grève générale de la fonction publique pour les retraites – septembre 2011

Au Maroc, la fonction publique était en grève générale ce mardi 23 septembre à l’appel de deux syndicats, l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et la Fédération démocratique du travail (FDT). Toute la semaine, un autre syndicat, l’Union marocaine du travail (UMT), appelle lui à des actions dans tout le pays.

La question qui fait grincer des dents tous les syndicats est celle des retraites. Le gouvernement planche en effet sur un projet qui obligerait les salariés à travailler jusqu’à 65 ans au lieu de 60, avec des cotisations plus élevées et une retraite moins conséquente. Un syndicaliste résume : « plus de travail, plus de cotisations et moins d’argent, c’est ce qui nous attend ». A ces questions s’ajoutent « le gel des salaires dans la fonction publique, des licenciements à la pelle dans le secteur privé, une augmentation du coût de la vie et une flexibilité du travail galopante, synonyme de précarité ».

 

LES LUTTES DES DIPLOMES CHOMEURS

Depuis plus d’une quinzaine d’années, les « diplômés chômeurs » représentent une catégorie omniprésente du paysage protestataire marocain. C’est en 1991 qu’est créée l’Association nationale des diplômés chômeurs du Maroc (ANDCM), première organisation rassemblant des titulaires de diplômes allant du baccalauréat jusqu’au doctorat en situation de chômage et poursuivant l’objectif d’intégrer ses adhérents à la fonction publique.

Depuis lors, l’espace protestataire des diplômés s’est amplifié en nombre d’acteurs et en dossiers

revendicatifs. Les manifestations des diplômés constituent aussi bien des réponses au chômage qu’à des sujets disparates tels que le renchérissement des transports et des services de première nécessité, le respect des droits de l’Homme ou le détournement de l’argent public.

L’examen de la trajectoire des promoteurs de la mobilisation montre des individus expérimentés dans le domaine de l’action revendicative. Que ce soit au sein du syndicalisme estudiantin, de l’activisme politique à l’extrême gauche ou de la défense des droits de l’Homme, les initiateurs de l’ANDCM avaient acquis un savoir-faire militant dont le projet collectif naissant allait bénéficier.

Les instigateurs qui s’étaient rencontrés à l’université ou en prison, appartenaient donc à des réseaux pré-existants. À la fin de leurs études, sans emploi, confrontés à un rapport problématique avec les autorités, notamment dans le cas des ex-prisonniers, le dossier du chômage devient un domaine où investir des savoirs militants

Dans un premier temps, les sections de l’ANDCM connaissent un succès remarquable quant à la satisfaction de leurs demandes. Étant donnée l’envergure du problème, il s’agit pour l’État de placer les militants pour freiner la mobilisation et tout débordement. Or, ces résultats stimulent la création de nouvelles sections. La mobilisation va atteindre son apogée avec l’avènement du gouvernement Youssoufi en 1998. Cette année-là une grande marche est tenue à Rabat avec pour objectif de montrer la force mobilisatrice de l’ANDCM et faire pression sur le Premier ministre pour qu’il tienne les engagements pris pendant la campagne électorale. Pourtant, les négociations n’aboutissent qu’à l’embauche des proches de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) le parti du Premier ministre (Madani, Belghazi, 2001). La frustration des exclus conduit à une perte des effectifs militants et une simplification idéologique de ceux qui restent. Désormais, et surtout après 2001, quand l’ANDCM perd son siège national dans les locaux de l’Union marocaine du travail (UMT), le nombre d’actions d’envergure nationale sera limité, notamment à cause de la difficulté de mobiliser et de faire converger à Rabat ceux qui habitent loin. En fait, le travail continu de l’association a lieu dans les provinces : c’est là où l’on repère les engagements les plus durables et les plus grandes densités de militantisme.

 

LES LUTTES DU MOUVEMENT DU 20 FEVRIER

Répression contre le mouvement du 20 Février – avril 2014

Le 6 avril, une manifestation à Casablanca à l’appel d’une intersyndicale composée de l’Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération démocratique du travail (FDT) a attiré pas moins de 30 000 personnes. Le mot d’ordre de cette manifestation était axé sur la nécessaire construction d’une grève générale face aux agressions dont sont victimes les travailleurs et les travailleuses et contre la dégradation de leurs conditions de vie.

Depuis plusieurs mois cette mobilisation était en gestation au niveau intersyndical.