Après des années de luttes « conventionnelles » à Notre-Dame-des-Landes  comme au Testet et bien d’autres lieux, après des mois de violences  policières et de multiples blessures de plus en plus graves qui ont fait  basculer le rapport de force par l’indignation qu’elles ont provoquées,  après la mort d’un militant, simple jeune homme concerné qui pourrait  être chacun-e d’entre nous, après des études qui démontent de plus en  plus officiellement ces grands projets inutiles et imposés, tout est mis  en place pour soit disant éviter une catastrophe demain et, en fait, énerver les uns et apeurer la majorité. 

Mais qu’en est-il réellement ? Combien sont venu-e-s à la réunion  préparatoire PUBLIQUE mercredi pour décider ensemble de ce que serait cette manifestation liée à un appel national après une semaine de  mobilisations multiples. Pire, des alliés historiques que sont l’ACIPA et le CEDPA, présumant de ce qui n’était absolument pas décidé, se retirent par avance et tombent  dans le piège de condamner plutôt que construire, ou, simplement dire, comme les C.O.P.A.I.N.S. : ce n’est pas notre fonctionnement, nous avons  peur de ce qui risque de se passer, mais nous sommes nous aussi aussi en colère et le signifierons par une marche symbolique à Notre-Dame-des-Landes où nous avons connu les mêmes violences

Car c’est bien ça qui est renié à force de pressions et chantages : l’alliance de  forces, fonctionnements, et donc capacités différentes, face à la répression.  Les responsables de ces colères aux multiples visages sont pourtant toujours les mêmes que nous combattons depuis le début, ensemble, mais différemment. Et ces expressions de colères de plus en plus incontrôlables ne sont que la conséquence du fossé qui se creuse, année après années, promesses électorales après reniements politiques, entre les possédants et les dépossédés. 

Je revoyais par hasard il y a 5 jours une vidéo d’un Julien Durand, co-président de l’ACIPA, fier et ému en parlant de cette incroyable alliance il y a deux ans. Je croisais il y a  peu des zadistes ayant apporté une tonne de pommes de terre de leur récolte à Calais ou d’autres, 300kg de patates au Testet. Ces mêmes zadistes qui proposent toutes les semaines un « non-marché » où leurs productions locales sont à prix libre. Car oui beaucoup sont devenus cultivateurs, boulangers, fromagers,… Et résident, résistent, même en  plein hiver, dans des habitats précaires au creux d’une zone humide. 

Poètes crotteux… vos papiers !
Dire que les zadistes sont des casseurs, dire que les manifestations sont prises en otage par des anarchistes qui n’ont rien à y faire (!!!)  c’est aussi simpliste, réducteur et surtout manipulateur comme raisonnement que tout ce qui a entrainé des chasses aux sorcières, de tout temps. Trouver la minorité à accuser, l’ennemi (intérieur…) qui fait bien peur, parce que la  police, elle, les gens d’arme, les gardiens de la paix, ne sauraient  être effrayants. Parce que les gouvernants, les responsables, les entrepreneurs ne  sauraient avoir tord…

Surtout, rangeons bien nos tristesses et colères, processus naturel du deuil, mettons nos mouchoirs dessus malgré nos poings serrés, taisons-nous et laissons bien tout en ordre. Regardons encore et toujours plus les politiques se grimer en tristes clowns, écoutons leurs paroles s’atrophier, dans une simplification dramatique qui en appelle toujours plus à nos réactions plutôt qu’à notre intelligence…

Débordements ?
Qui ça étonne encore ?