Au lendemain des rassemblements de Tours et de Loches en hommage à Rémi Fraisse, mort sur la ZAD du Testet à la suite de l’explosion d’une grenade lancée par les forces de l’ordre, on pouvait lire dans La Nouvelle République :

« De violents affrontements ont opposé jeudi soir les forces de l’ordre à une cinquantaine d’individus dans la ZUP de Blois. Tout a commencé vers 19 h quand des policiers voulant intervenir après un rodéo à moto, ont été pris à partie. Pour se dégager, un agent a dû faire usage de son flash-ball et a blessé un jeune homme à l’œil. Les incidents ont éclaté rue de Tourville et se sont prolongés jusqu’à 1 h 30 du matin. La gendarmerie est intervenue en renfort. De nombreuses dégradations ont été commises : un abribus a été détruit, deux portes vitrées de magasins ont été cassées et des poubelles ont été incendiées. »

Un nouvel article a été diffusé dans la matinée du 31 octobre et indique que « le préfet de Loir-et-Cher appelle au calme. Il a fait appel à des renforts. Une unité de CRS ou de gendarmes mobiles est attendue à Blois dans la journée pour assurer le maintien de l’ordre en cette veille de week-end. » Une vidéo amateur, déposée par « FN Blois » sur Youtube accompagne les propos du journaliste. Ces « violences urbaines » relatées par la NR méritent toutefois l’apport de quelques précisions.

Flashball, grenades, les blessés graves se comptent par dizaines

Les forces de l’ordre, contrairement aux zadistes et aux manifestants, détiennent le monopole de la violence légitime et sont chargées de maintenir l’ordre économique, politique et social. Quelques années après l’introduction des « armes de force intermédiaires » telles que le Flashball en réponse aux « violences urbaines », les victimes se comptent aujourd’hui par dizaines [1].

En mai dernier, Dominique Baudis, Défenseur des droits, avait dénoncé les « recours irréguliers ou disproportionnés » à ces armes non létales. Il avait rappelé que le tir avec un Flash-Ball, « assimilé à l’usage de la force, est soumis à une exigence de stricte nécessité et proportionnalité ». A la suite de ces déclarations, Marie-France Monéger, patronne de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait, selon Libération, admis « qu’il y a un problème » avec « ces armes de force intermédiaire de type LBD et Flashball ».

Cette année, un an après le sévère rapport de Dominique Baudis, la gendarmerie et la police nationales ont adopté le 2 septembre 2014 de nouvelles règles d’utilisation communes pour les lanceurs de balle de défense (LBD), le pistolet à impulsion électrique (PIE, de marque Taser) et les grenades de désencerclement.

« Pas de révolution, il s’agit surtout d’harmoniser les règles entre les deux corps et répondre à certaines des recommandations du défenseur. La suppression de l’arme la plus imprécise, le Flashball, annoncée depuis des mois, n’est toujours pas à l’ordre du jour. » Médiapart septembre 2014

Portrait-type des victimes de violences policières

« Un profil-type se dessine. C’est un homme noir ou d’origine arabe, habitant un quartier populaire de l’agglomération francilienne ou lyonnaise, âgé de 25 à 30 ans. » Bastamag

« Le meurtre policier de « militants » reste jusqu’aujourd’hui exceptionnel face à l’industrie des meurtres policiers des non-blancs pauvres. (…) La police tue ainsi entre 10 et 15 habitants des quartiers populaires par an en moyenne. Avec la prison et le système de harcèlement et d’occupation policière de la rue, il s’agit d’une véritable entreprise de « nettoyage social » et d’écrasement de toutes formes d’autonomie populaire. » M. Rigouste – Aparté

Les auteur-e-s de ces violences policières sont rarement condamné-e-s, la plupart des procès se soldant par la relaxes des fonctionnaires incriminé-e-s. En France, la première condamnation policière liée à un tir de flashball a eu lieu en décembre 2013 :

« Le tribunal a en effet estimé qu’au terme du code de sécurité intérieure les autorités pouvaient être tenues responsables de conséquences de violences commises lors d’attroupements. La préfecture de police de Paris devra verser un total de 7 900 euros au jeune homme blessé sur la place de la Bastille à Paris, en 2009, lors de la Fête de la musique. » Le Monde

Que fait la police ? Ça crève les yeux…

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Illustration : Sylvain SZEWCZYK sur Flickr « Les flash ball sont surmontés d’un viseur réflex, assez ludique pour l’utilisateur. »

P.-S.
En réponse à la multiplication et l’intensité de ces armes, des militants ont développé tout un système de défensé basé sur l’information et le droit : des manuels diffusent notamment les méthodes pour se prémunir des poursuites judiciaires et des techniques pour se protéger des armes de la police.

Notes
[1] En décembre 2013, le site Médiapart estimait à plus de vingt blessés graves les victimes de tirs de flashball depuis 2004.