Hier, après 5 jours de manifestations réprimées brutalement par la police catalane, plus de 60 arrestations et des dizaines de blessés, des centaines de personnes ont réoccupé Can Vies et commencé sa (re)-construction. Elles ont triés les matériaux récupérables et elles ont formé une chaine humaine sur plusieurs centaines de mètres pour déposer les gravats irrécupérables devant les portes de la mairie du quartier de Sants, responsable de la démolition du Centre Social.

Hier soir, malgré l’état de siège policier, 20.000 personnes se sont manifestées dans le centre de Barcelone en soutien au squat partiellement démoli, réclamant la libération des personnes encore détenues dont 2 personnes placées en détention préventive, l’arrêt des poursuites et la démission des maires de Barcelone et de Sants. Après la manif, un groupe de 200 personnes qui rentraient à Sants, a été retenu pendant 3 heures dans la rue par les flics pour être photografiées. Certaines personnes ont été brutalement obligées de revêtir un passe-montagne pour être prises en photo.

CSA CAN VIES est un Centre Social Autogéré, établit dans un batiment squatté il y a 17 ans. L’ampleur des manifestations suite à son délogement s’explique d’abord parce que Can Vies a reçu le soutien des habitants et de l’association de quartier de Sants. Can Vies est devenu pendant ces 17 années d’activités le carrefour des movements « okupas »(squatteurs), vécinaux, étudiants, féministes, queer, etc… Aujourd’hui, à travers la résistance au délogement de Can Vies s’exprime la résistance au modèle de ville conçu pour les touristes et non pour ses habitants, la résistance à l’expulsion de milliers de familles de leur logement, la résistance à la destruction des droits sociaux, des systèmes de santé publique et d’éducation publique, la résistance à un Etat policier qui impose à coup de matraque les diktats de la troïka.
témoignage de Eric Nak : https://www.facebook.com/eric.nak.7/posts/707603919299237

voir aussi : vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=w2BhsiFMjNk
et reportage : http://latele.cat/efectecanvies/31-de-maig-reconstruccio-de-can-vies-contrainfos

La manifestation de plus de 20.000 personnes dans le centre de Barcelone en soutien au Centre Social Autogéré Can Vies :
http://directa.cat/noticia/solidaritat-amb-can-vies-desborda-els-carrers-barcelona

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Compte-rendu des derniers jours : vendredi 30 mai, 13h : « Hier jeudi 29 mai, la police annonce avoir arrêté 38 personnes lors des émeutes. Ils sont en garde-à-vue au commissariat Les Corts des Mossos d’Esquadra. Le soir, deux mineurs et 12 majeurs étaient relâchés, et 18 autres avaient leur GaV prolongée.
Le soir du 29 mai, une nouvelle manif de 2000 personnes s’est rendue devant le comico de Les Corts, exigeant la libération des arrêtés (« Liberté pour les prisonniers, flics hors du quartier »), avant de se disperser. Les premières vitrines sont alors tombées (dont une agence Banco Popular incendiée) et de nouveaux containers de poubelle ont brûlé. Des panneaux publicitaires ou des feux de circulation ont aussi été détruits. Il y a eu au moins 23 nouveaux arrêtés cette nuit. Comme les nuits précédentes, Barcelone est survolée par un hélicoptère de police doté d’une puissant phare. Certains tags à Sants disaient « No negociamos. Luchamos » (Ne négocions pas, luttons), ou « Sants, Gamonal, Atenas, Río ».
Aujourd’hui vendredi 30 mai au matin, la mairie annonce 16 000 euros de dégâts pour cette nuit (171 000 euros depuis le début), entre matériel urbain et 16 containers cramés de plus. Elle donne le chiffre de 200 containers renversés chaque nuit de lundi, mardi et mercredi (28 mai), et 200 cramés en tout jusqu’à présent, ce qui donne une idée de l’ampleur des barricades dans différents quartiers.
Enfin, plutôt que de se dissoudre dans le mouvement en cours, les squatters du CSOA Can Vies ont fait une conférence de presse à 10h, où ils ont formulé des revendications à la mairie, entamant de fait un dialogue avec elle et commençant ainsi à médier le conflit et à proposer des portes de sortie aux institutions. Cette conférence de presse a été faite avec un membre de la Plataforma de apoyo a Can Vies et un autre de la Asamblea de Sants.
Ils exigent, en bons syndicalistes demandant plus pour obtenir moins : la démission de maire de Barcelone Xavier Trias et du conseiller du district de Sants-Montjuïc, Jordi Martí [les autres, non] ; la remise en liberté immédiate des arrêtés ; le départ des forces anti-émeute du quartier de Sants [merci bien pour les autres quartiers qui se bougent aussi depuis trois nuits] ; et surtout l’arrêt de la démolition du lieu (il reste le bâtiment principal). Ces travaux sont de toute façon arrêtés depuis le début des émeutes (la pelleteuse a cramé et le bâtiment est seulement vigilé), le maire ayant déjà annoncé dans la nuit sur TV3 qu’il était prêt à suspendre officiellement la démolition pour ouvrir le dialogue*. Les squatters proposent d’ailleurs demain un rassemblement devant le lieu… pour commencer une « reconstruction citoyenne » de la partie démolie !

On remarquera que non contents de renouer le dialogue, les squatters et leurs amis associatifs tentent également de relocaliser le conflit à Sants pour y mettre fin, plutôt que de chercher à l’étendre à tout Barcelone et bien au-delà, alors que des manifestations sont prévues ce week-end à travers tout le pays et que la presse et le pouvoir agitent en permanence le chiffon rouge de Gamonal** – cette lutte émeutière et victorieuse d’un quartier de Burgos en janvier dernier, qui est devenue le symbole de comment la poudre du mécontentement social accumulé peut exploser dans d’autres villes par contagion…
Hasard ou coïncidence, au moment où les protagonistes initiaux tentent de récupérer une situation qui est en train de les dépasser, un rapport interne des Mossos d’Esquadra filtre dans la presse de ce matin. Il est question comme d’habitude de « mercenaires entraînés en Italie qui dirigent les éléments violents de Barcelone », etc. etc. Et quand certains titres n’insistent pas sur les « anti-système experts en guerilla » de Madrid, Valence et Saragosse (c’est-à-dire les anarchistes) ou ceux de Galice et du Pays-Basque (c’est-à-dire les indépendantistes), ils se lâchent contre les jeunes des quartiers qui participent à ces émeutes, en faisant des comparaisons avec… les « banlieues de Paris ». Bien sûr, il s’agit de sensationnalisme et de contre-mesures policières pour opposer « méchants étrangers au quartier » à « vrais habitants pacifiques », ou « étrangers » tout court à « braves citoyens ». Mais quand le pouvoir commence à tirer ces cartouches-là (il a attendu quatre nuits pour voir si ces émeutes allaient durer ou pas), cela est révélateur à la fois de l’enjeu qu’il y met, lui, et du fait que la question sociale dans l’air reste explosive.
La fin du résumé d’hier est toujours plus brûlante : « une des questions qui se pose maintenant est assez banale : comment continuer à étendre et approfondir des feux de la révolte qui commencent à dépasser le cadre initial (l’expulsion du CSOA et le quartier de Sants), pour qu’ils détruisent tout ce qui nous détruit et ouvrent de nouveaux chemins sans médiation vers quelque chose de complètement autre ? »

* Il y avait eu une réunion juste avant entre des représentants de Can Vies et l’envoyé de la mairie, le conseiller du district de Sants-Montjuïc, et en présence de la Federación de Asociaciones de Vecinos de Barcelona (FAVB). C’est au cours de celle-ci que ce point a été acté informellement entre squatters et institutions, provoquant l’annonce du maire un peu plus tard à la télé. Par ailleurs, le collectif des ex-squatters se réunit à Can Batlló, un lieu sous convention avec la mairie du quartier de Poblenou.
** Comme ce titre de Hechos de hoy : « Dégoût et crainte de la guerilla urbaine à Sants et l’effet Gamonal » ou celui de El Pais du 30 mai : « Trias [le maire] négocie pour éviter que Sants ne se convertisse en nouveau Gamonal ».

Autres témoignages et mises à jour : http://cettesemaine.free.fr/spip/article.php3?id_article=6986

Can Vies : tout un symbole !

Lundi 26 Mai vers 13h30, les Mossos d’Escuadra ont expulsé l’historique Centre Social Occupé de Can Vies après plusieurs années de conflits ouverts avec la Mairie et le proprietaire du lieu, la TMB, entreprise des transport publics de barcelone.
Can Vies était ce genre de lieu qui avec ces 15 années d’existences, de résistance à deux procédures d’expulsions avait réussit à s’imposer, comme un lieu décisif sur le quartier de Sants, tout comme au niveau de la Métropole de Barcelone.
Occupé en 1997, par une première équipe, il était devenu très vite le lieu ou il faisait bon passé pour boire une bière les soirs de « kafeta », ou il y avait moyen de trouver une salle pour organiser une réunion en intime, une soirée de soutien pour un scouat ou pour des inculpés, comme dernièrement dans le procès contre le siège du Parlement de Catalogne en Juin 2011. C’était aussi un de ces espaces qui avait réussit a tisser à travers des années de lutte des liens fort avec les habitants et les jeunes du quartier. Lors des dernières campagnes de résistance contre son expulsion, plusieurs centaines de personnes avaient répondu à l’appel en se joignant à des manifs où il était fréquent que l’on s’y retrouve masqué pour redécorer l’avenue principale du quartier. Can Vies c’était un de ces espaces où il y avait moyen de se retrouver, de conspirer, de porter quelques coups à la Métropole et de pouvoir par la suite s’y réfugier.
La Mairie et les flics l’avaient compris. Cette zone d’opacité et d’organisation était devenu un problème de sécurité publique. Le processus de gentrification et de transformation du quartier de Sants ne pouvant pas se poursuivre avec un lieu ouvertement positionner comme lieu de contre culture, base arrière d’une partie du mouvement, affaiblit ces dernières années par la répression et la politique anti-scouat de la Generalitat.
voir la suite sur Rebellyon : http://rebellyon.info/?Barcelone-brule-CAN-VIES-NO-ES-TOCA

5 témoignages espagnols des violences policières :
http://www.youtube.com/watch?v=xD0cNwx7oQw
Les violences policières ont continué dans plusieurs endroits de la vile.

Site ouaib du CSA Can Vies (avec plateforme de soutien) : http://canvies.barrisants.org