Après l’occupation de la Mairie de Nantes ce midi, le PS a accordé une entrevue aux manifestant-e-s. C’est Pascal Bolo, vice-president de nantes métropole et adjoint aux finances de la ville de nantes, qui a été chargé de recevoir le groupe complet pour leur donner connaissance d’une lettre de soutien de Johanna Rolland au régime des inttermittent-e-s. Il a aussi du écouter les prises de paroles et répondre à certains points… enfin, quand il ne se disait pas incompétent !

En déplaçant la manifestation depuis la Mairie vers le siège de la candidate PS, le parti signifie entériner la notion d’enjeux culturel dans la campagne électorale, et donc rechercher des voix, façon donnant-donnant, pour le prochain mandat. C’est aussi le jeu des syndicats : faire pression lors de cette période est le plus sûr moyen de se faire entendre. Stratégiquement cela se comprend… pour celles et ceux qui voient les stratégies. Reste à savoir qui donne quoi, comment; et qui accepte quoi, au nom de qui, aussi.

L’art est une arme de construction massive.
Jacques Livchine

On sait désormais, on a le recul nécessaire, que chaque euro investit sur le plan culturel est une manne qui se multiplie par 4 à 8 fois : ça c’est pour les économistes, puisque même la « gauche » doit lui rendre des comptes.
On sait aussi que toute personne faisant des demandes de subvention (notre argent de nous  tou-te-s, hein) sera confronté à un devoir de rendu pour tou-te-s : l’art ne suffit pas à lui même : il doit aussi de plus en plus se justifier par du lien social (en plus de l’administratif et du promotionnel puisque le nombre d’intermittents et autres salarié-e-s culturels a chuté ces dernières années)

On sait surtout que désormais, face à la réalité criante de la précarisation des métiers artistiques et culturels, il nous sera systématiquement renvoyé un « ne vous plaignez pas, vous l’êtes pas en Grèce ! » On evite de justesse le cliché du Sahel mais on oublie surtout très vite toutes les autres possibles, entre les projections du CiP IdF ou du Syndeac pour ne parler qu’intermittence, les solutions pratiquées par d’autres pays (non, il n’y a pas que le pire dans le monde), voire les projections d’utopies de plus en plus concrètes comme le revenu de base pour tou-te-s.

La lettre de « soutien » de Johanna Rolland a cela d’intéressant qu’elle ne parle QUE du régime intermittent. Impasse est faite sur la Culture dans son ensemble, sur les choix de la ville comme de l’Etat, sur le fait que tout le monde a grassement profité de l’essor du tourisme culturel à Nantes comme partout, tout en maintenant en place la notion d’artistes privilégiés (malgré les chiffres dramatiques… )

Que ce soit Johanna Rolland ou Pascal Bolo, aucun ne se mouille à dire « oui, nous soutenons l’initiative d’un chapiteau de brassage des idées et confrontations des réalités pour que naisse une vraie solidarité des luttes sociales » !!!
Non. Même pour une campagne électorale, l’entrevue est restée extrêmement matérielle, limitée, dans une projection controllée (comme la projection de l’avenir culturel à dos d’éléphant visible sur la fresque du siège PS, en attendant l’Arbre « au Ayrault », sans doute…)

Mais alors, quitte à rester sur du pragmatisme : quid de ce Chapiteau, qui devait être implanté ? Pourquoi peut-on interdire un spectacle par une circulaire nationnale en 1h30 le soir mais ne pas trouver en plusieurs jours le temps d’envoyer une commission sécurité ?
Et là, monsieur Bolo… n’est plus compétant. Aucune question pragmatique locale ne peut trouver réponse : incompétence… incompétence… incompétence (selon ses propos, hein !) En dehors de quelques « blagues » de « happy few » ou le tutoiement-prénom qui séparent les personnes habituées à négocier du reste des personnes présentes.

Il est important de rappeler le pourquoi de ce Chapiteau : jamais il n’a été question que ce ne soit que la lutte des intermittent-e-s. C’est un chapiteau pour la Culture en Marche, suite à l’initiative nationale « Je marche pour la Culture« . C’est un chapiteau qui doit fédérer, autour de la lutte pour la Culture, toutes les luttes et les rêves dont les artistes, frontalement ou par ellipse, se font les interprètes si souvent.

Doit-on suivre le doigt tendu par le PS et tant d’autres, via les PPP (partenariats Public Privé) par exemple : chercher des fonds et subsides uniquement auprès des plus grosses entreprises. Et donc passer d’une justification socio-politique de notre travail à une justification uniquement « utilitaire de vente » ou « utilitaire de rachat de réputation » ?

Bon, après, il est aussi très peu étonnant que cette commission ne puisse se mettre en place avant… la manif nationale de lutte contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes le 22 février.

Enregistrement de la rencontre à venir en commentaire : avec à peu près dans l’ordre : Pascal Bolo (PS) – Martine Ritz (CGT) – Pierre Roba (Synavi) – Gerard Guerif (Brigade d’intervention poétique) et d’autres individu-e-s qui parlent aussi pour tou-te-s.