Comme l’indique le site du Pot’Col’Le : « Au départ, en 2010, le « quartier des Lentillères » c’est une manifestation de 200 personnes qui s’achève sur une friche, et la transforme en potager collectif. »

Face aux menaçants projets de la mairie, le collectif organise une manifestation. L’appel précise qu’au quartier libre des Lentillères, « “la solidarité” et les “liens de quartiers” ne sont pas que des concepts marketings ».

Et pourtant difficile de ne pas trouver cette solidarité bien sélective quand on se rend compte qu’elle ne s’étend même pas jusqu’à l’ensemble des personnes qui forment ces « liens de quartiers » si cher au collectif. En effet, la date retenue pour la manifestation est le samedi 8 mars à 14 heures.

La date du 8 mars a été reconnue par la technocratie internationale comme « journée du droit des femmes ». Concrêtement, dans la rue, dans les médias et dans les têtes, c’est donc un jour où les enjeux féministes peuvent plus facilement se faire entendre que d’autres.

Décider d’organiser une manifestation à cette date n’est pas neutre. Cela participe activement à occuper l’espace public et l’espace médiatique. Cela dirige les énergies vers d’autres choses que la participation aux actions de luttes féministes qui se font à travers le monde cette journée là.

Les tenants d’un ordre moral retrograde se liguent dans des « manifs pour tous » depuis plus d’un an. L’accès à l’IVG médicalisée a été sévèrement restreint en Espagne mi-décembre. Et pourtant en janvier, le collectif a décidé de choisir la journée du 8 mars en connaissance de cause, partant du principe qu’il ne se passera rien d’autres à Dijon ce jour-là.

Le message que cela envoi, c’est bien « les violences et discriminations faites aux femmes ou l’accès à l’IVG, on s’en fout, les Lentillères avant tout. » Est-ce vraiment celui que le quartier souhaitent faire passer ?

Averti du problème, il semble que la seule réponse envisagée par le collectif soit de se rendre à une manifestation qui aurait lieu le matin… afin de distribuer des tracts pour la manifestation qu’il organise l’après-midi.

Jusqu’où le collectif souhaite-t-il tirer la couverture à lui et réduire aux silences d’autres luttes ? Est-ce la fascination des outils de jardins traditionnels qui empêche « les lentillères » de soutenir l’accès aux techniques modernes d’IVG ? La pioche, y aurait donc que ça de vrai ?

Passer son dimanche au jardin, c’est bien aussi… le 9 mars n’est plus disponible pour décaler la manif ?