Le texte ci-dessous a été rédigé dans la foulée de l’assemblée du Transfo du 12 janvier par des participant-e-s à l’assemblée du Transfo (pas tou-te-s). Depuis, l’assemblée du Transfo a pris des décisions claires suite aux accusations concernant C. Et de prochains rendez-vous sont appelés pour continuer les assemblées antisexistes mixtes.

Suite au texte « Suite aux collages anarchistes-féministes »

Un texte que nous considérons comme mensonger à plusieurs égards, « Suite aux collages anarchistes-féministes », publié le 9 janvier 2014 sur Internet a suscité plusieurs heures de discussion le dimanche 12 janvier lors de l’assemblée hebdomadaire du Transfo.

Il est impossible de résumer tout ce qui s’est dit pendant l’assemblée (qui a duré en tout environ cinq heures…). Ce qui est sûr, c’est que la diversité des points de vue est telle qu’il était difficile d’envisager d’écrire une réponse collective. Pourtant, voici une tentative…

À lire ce texte, on est tenté de penser que l’ensemble des habitant-e-s et des participant-e-s du Transfo adoptent un comportement, une attitude et une pensée antiféministes poussées, proches des pires masculinistes, avec pour objectif politique principal la lutte contres les « anarchistes féministes ».

C’est parce que nous nous sentons insulté-e-s et diffamé-e-s, et que ce texte est public, que nous réagissons par écrit. Nous n’entendons pas entrer dans une sorte de débat sans fin sur Internet. Nous n’entendons pas non plus nous laisser piéger: nous ne nous opposerons pas en adoptant un discours antiféministe, et nous ne ferons pas de leçons de féminisme non plus. « Anarchistes » et « féministes » sont des mots dans lesquels beaucoup d’entre nous se reconnaissent, et ces quelques personnes n’ont pas le monopole de ces termes.

Plus concrètement, voici quelques aperçus de ce qui s’est passé et continue de se passer au Transfo:

– Lorsque ce collage a été effectué, en novembre dernier, de nombreuses personnes de l’assemblée hebdomadaire du squat du Transfo ont pris ce collage au sérieux, ont soutenu son propos quand bien même la forme ne leur convenait pas (pour certain-e-s).
Depuis trois mois que le collage a été fait, les affiches sont toujours en place. Il aurait pourtant été simple pour les soi-disant antiféministes du Transfo de les arracher.
Lorsque des grafs conspirationnistes ont été faits au même endroit, ils n’ont pas tenu plus de deux jours. Quand nous voyons des brochures antiféministes arriver dans l’infokiosque (c’est arrivé ! on peut dire lesquelles si vous voulez), nous les faisons disparaître sans nous poser trente mille questions.

– Suite à la polémique suscitée par le collage, l’assemblée du Transfo a décidé d’organiser une assemblée antisexiste mixte pour discuter notamment des problèmes de violences sexistes, avec l’envie immédiate de partager des idées sur la lutte contre le sexisme et avec la perspective de trouver des moyens de réaction collective au sein du lieu, et au-delà. Ce processus est nécessairement laborieux car il rassemble des personnes très différentes, pas toujours les mêmes, bref, cette assemblée antisexiste mixte n’est pas un groupe homogène et il est « normal » que cela soit compliqué d’avancer.
Dans tous les cas, ces assemblées antisexistes mixtes continueront d’avoir lieu au Transfo.

– Le collage d’affiches au Transfo n’est pas la seule manifestation publique d’antisexisme au Transfo. De nombreuses brochures y sont disponibles et des activités publiques y sont organisées avec une démarche et un propos clairement antisexistes (entre autres exemples, théâtre-forum contre les violences conjugales, cantine de soutien à un collectif d’autodéfense féministe, rencontres autour de la pédagogie féministe, films sur la thématique « Corps, autonomie et luttes des femmes », ateliers bricolage en non-mixité…).

– À plusieurs reprises, notamment lors de concerts ayant eu lieu au Transfo, des mecs ont été sortis du Transfo pour avoir eu des comportements sexistes et/ou homophobes (propos ou insultes sexistes et/ou homophobes, harcèlement, …). Nous essayons de faire en sorte de pouvoir réagir tant que possible, avec toutes les difficultés et l’hétérogénéité propre à tout lieu public accueillant régulièrement des centaines de personnes…

Ces différents exemples ne doivent en aucun cas servir à une éventuelle passivité face à des accusations de violences sexistes, mais il s’agit de poser le contexte.

Nous pensons évidemment qu’il n’est pas suffisant de s’auto-proclamer antisexiste pour l’être réellement, dans les faits. Dans une société patriarcale, cela demande même une auto-critique permanente. Le Transfo n’est pas un îlot magique où tout se passe bien.
Lors des différentes assemblées du Transfo, plusieurs dizaines de personnes sont venues discuter, constituant un groupe très hétérogène. Des propos sexistes ont été tenus, différents points de vue se considérant comme antisexistes ont été exprimés, ceux des colleuses d’affiches y compris. Le fait que l’antisexisme s’exprime de plein de manières différentes, et parfois contradictoires, n’est pas nouveau.
Personne n’est au-dessus de toute critique, pas même les « anarchistes féministes » accusatrices.
Une étiquette n’a jamais suffi à faire la qualité d’une pratique.
On peut avoir les meilleures intentions politiques du monde et se comporter en crapule finie.

Par ailleurs, nous pensons qu’il est malhonnête et insultant de faire une présentation de ce qu’est l’antiféminisme avec en toile de fond ce qui est censé s’être passé au Transfo. Nous voulons favoriser la mise en place d’outils permettant de lutter contre les violences sexistes. Et si ce processus est laborieux et critiquable, accuser l’ensemble des participant-e-s au Transfo de tout faire pour protéger les agresseurs, c’est tout simplement grotesque.
Au milieu de plusieurs autres déformations de la réalité, le mensonge le plus grave du texte est de dire que « les habitant-e-s et les participant-e-s de l’AG du Transfo sont au courant que C. a fait subir des violences conjugales à plusieurs femmes« . Cela est complètement faux. Certaines rumeurs sont arrivées aux oreilles de certain-e-s habitant-e-s et participant-e-s, et seulement très récemment pour la plupart. Beaucoup n’étaient au courant de rien. C’était la confusion la plus totale pour recoller les morceaux de récits/échos. C’est seulement depuis la publication de ce texte que l’initiale de C. apparaît publiquement.
Aucune accusation ciblée n’a été portée, le nom de C. n’a jamais été cité par les « colleuses d’affiches » (avant le texte qu’elles ont écrit), et jamais il n’a été demandé au Transfo de se positionner. Et pour cause ! Se positionner par rapport à quoi, à quelles accusations, envers qui ? Les « colleuses d’affiches » ont dit lors d’une assemblée antisexiste mixte, et nous pensons que c’est pertinent, que c’est aux personnes ayant subi des agressions de décider des moyens d’action et des solutions à trouver. Bien sûr, se solidariser avec ces personnes est très important, mais il est évident qu’on ne pouvait le faire à partir de rien, à partir de rumeurs qui n’arrivent pas dans toutes les oreilles et rarement avec les mêmes informations… L’assemblée du Transfo du 12 janvier en a longuement discuté et plusieurs propositions de résolution ont été avancées.

Nous ne défendons pas C. Nous ne le soutenons pas. Nous ne le jugeons pas non plus. Nous découvrons ces accusations et nous ne les prenons pas à la légère. Pour autant, les insultes et les injonctions à l’ostracisation automatique ne nous aident pas à décider quoi que ce soit.

Le texte refuse le « cas par cas », et pourtant, la réalité est souvent plus complexe que toute la bonne volonté offensive d’un tract. La question a été posée lors d’assemblées antisexistes: est-ce insensé de réagir différemment face à des situations de violence variées ? Le rejet que l’on exprime doit-il être le même pour une personne ayant commis plusieurs agressions sexuelles que pour une personne en ayant harcelé une autre lors d’un concert ? La parole des personnes victimes d’agressions n’est pas toujours la même, la solution de l’exclusion n’est pas toujours souhaitée par elles. Tous les comportements sexistes nous sont insupportables, et la possibilité d’une exclusion est toujours envisageable. Si l’exclusion nous semble le moyen le plus adapté dans bien des cas de violences sexistes, il nous semble important qu’il puisse exister d’autres formes de résolution.

Nous aussi, qui participons au Transfo, « refusons que les femmes qui ont subi des violences sexistes soient mises en danger et subissent encore plus de violences sexistes (indifférence, voyeurisme, culpabilisation, infantilisation, humiliations, malveillance, harcèlement, mépris et curiosités misogynes, mise sous pression et stress, revivre un traumatisme…) de la part de dits ‘antiautoritaires’ aux pratiques de juges, de flics, de psy…« .

Des participant-e-s aux assemblées du Transfo (des-participant-e-s AT riseup POINT net)