BRETAGNE et « BONNETS ROUGES » : SE BATTRE POUR LE REVENU, PAS POUR RETENIR LE TRAVAIL ! POUR LUTTER CONTRE LES LICENCIEMENTS ET LA MISÈRE, LES OUVRIERS NE PEUVENT COMPTER QUE SUR EUX-MÊMES (Mouvement communiste)

publié par Yves, le samedi 30 novembre 2013

Sous prét­exte de la mon­dia­li­sa­tion et de la crise (mais y-a-t-il vrai­ment une crise si grave pour les patrons ?), les capi­ta­lis­tes accé­lèrent les restruc­tu­ra­tions au prix de licen­cie­ments en cas­cade. Presque tou­jours, à l’image des sala­riés en Bretagne, les tra­vailleurs réag­issent avec hargne et dét­er­mi­nation à ces coups frappés par la classe domi­nante. Mais leurs luttes n’abou­tis­sent pas. Les licen­cie­ments pas­sent avec quel­ques menus amé­na­gements du genre pro­mes­ses vaseu­ses de reclas­se­ments, de for­ma­tions à n’en plus finir et, si ça va bien, un peu d’argent en plus pour solde de tout compte. La prin­ci­pale raison de ces échecs est simple à com­pren­dre : les patrons frap­pent unis, de concert avec leur État, tandis que les tra­vailleurs ripos­tent isolés. Divisés usine par usine, bureau par bureau, entrepôt par entrepôt, ils finis­sent par subir la curée.

Pendant ce temps, l’État, les orga­ni­sa­tions patro­na­les et les syn­di­cats enton­nent en choeur les chants des lamen­ta­tions tour à tour contre la dés­er­ti­fi­cation indus­trielle, la concur­rence délo­yale de l’étr­anger et la mon­dia­li­sa­tion. Tous, dans le camp des clas­ses domi­nan­tes, en appel­lent à l’État tantôt pour qu’il fasse passer la pilule aux ouvriers tou­chés, tantôt pour qu’il se sub­sti­tue aux entre­pre­neurs défaillants, tantôt pour qu’il fasse bar­rage par la loi aux vils assauts de l’étr­anger. Tous, sans dis­tinc­tion, s’achar­nent à déf­endre les entre­pri­ses natio­na­les et rég­io­nales, l’outil de pro­duc­tion si cher aux syn­di­cats et aux partis bour­geois de gauche, d’extrême-gauche comme de droite et d’extrême-droite.

Le plus sou­vent, les tra­vailleurs licen­ciés tom­bent dans le pan­neau en s’accro­chant aux machi­nes et aux locaux à l’ori­gine de leur déf­aite. Des machi­nes et des locaux dont le capi­tal ne veut plus. Pourtant, l’outil de tra­vail, le moyen de l’exploi­ta­tion d’antan, devient aux yeux des tra­vailleurs tou­chés un bien précieux qu’il faut déf­endre à tout prix. Mais cette rés­ist­ance s’avère déris­oire car, exac­te­ment comme eux, l’outil et le lieu de tra­vail, devien­nent sur­numér­aires, inu­ti­les à la valo­ri­sa­tion du capi­tal. C’est pour cette raison et seu­le­ment pour cette raison que le capi­tal s’en déb­arr­asse pour miser sur des acti­vités, des pro­duc­tions plus ren­ta­bles. Et tant pis pour les rava­ges que cela pro­vo­que dans le tissu social. Défendre l’outil et le lieu de tra­vail dém­antelés, tenter de rete­nir le capi­tal qui s’envole ailleurs, revient à déf­endre un système qui licen­cie et jette dans la misère

Les tra­vailleurs expulsés de l’agro-ali­men­taire breton ont été les der­niers en date à tomber dans le piège mortel de l’unité des sala­riés licen­ciés avec ceux qui les ont virés. Les quatre cas les plus emblé­ma­tiques le dém­ontrent.

DOUX FAIT ÉCOLE DANS LA DÉFAITE Un signal avait été donné, en juin 2012, lors de l’annonce de la fer­me­ture de plu­sieurs sites du volailler Doux suite à la ces­sa­tion de paye­ment. Pour relan­cer l’entre­prise, le patron a aban­donné le pôle « pro­duits frais » (1 400 sup­pres­sions d’emploi) pour conser­ver le pôle « congé­lation » tout en accrois­sant la pres­sion sur les pro­duc­teurs (baisse dras­ti­que des prix d’achat). Jamais au cours de la lutte n’a été posée la ques­tion de mener des actions qui fas­sent mal au patron, comme blo­quer notam­ment les sites qui ne fer­maient pas. Les nom­breu­ses mani­fes­ta­tions traîne-sava­tes (Château­lin, Vannes, Plaucadeuc, Quimper), l’appel à l’État pour obte­nir des finan­ce­ments, les dis­cus­sions alter­na­ti­ves sur le choix des repre­neurs (une grande spéc­ialité syn­di­cale qui ne marche jamais) se sont soldées par une déf­aite et une pro­fonde démo­ra­li­sation jusqu’au der­nier projet de reprise par des capi­taux saou­diens. Les syn­di­cats ont obtenu un peu plus pour les licen­ciés, un point c’est tout. Pour les sala­riés expulsés de Pleucadeuc, dont la moyenne d’âge est de 53 ans, il va fal­loir cra­va­cher pour retrou­ver un boulot.

TILLY SABCO : SOUTENIR LE PATRON ?

Basé à Guerlesquin dans le Finistère, comme Doux, ce groupe est spéc­ialisé dans le poulet congelé spéc­ialisé dans l’expor­ta­tion au Moyen-Orient. La crise aviaire de 2006 l’entraîne dans le dépôt de bilan. Il est pro­gres­si­ve­ment repris par l’un de ses cadres, Daniel Sauvaget. Mais, suite à l’arrêt des sub­ven­tions europé­ennes, en 2013, l’acti­vité plonge de 40 %. Tilly-Sabco, c’est 335 sala­riés et 150 à 200 éleveurs qui four­nis­sent l’abat­toir. Le lundi 4 novem­bre, les ouvriers et les éleveurs se retrou­vent devant l’usine de Guerlesquin pour une opé­ration escar­got jusqu’à la sous-préf­ec­ture de Morlaix. Le Sous-préfet accepte volon­tiers de rece­voir une délé­gation de sala­riés menée par le PDG et les représ­entants syn­di­caux. Restés dehors, 200 ouvriers et éleveurs détr­uisent le por­tail à l’aide d’un trac­teur et s’engouf­frent dans la cour. L’action est dirigée par l’un des cadres de la boîte. Le 8 novem­bre, le minis­tre Le Foll annonce une aide d’urgence de 4 mil­lions d’euros, prin­ci­pa­le­ment des­tinée à sauver le chep­tel repro­duc­teur. Le 22 novem­bre, la com­mis­sion de Bruxelles annonce des aides pour la filière franç­aise expor­ta­trice de pou­lets. L’entre­prise est donc « sauvée » pour l’ins­tant (la fer­me­ture était prévue pour jan­vier 2014). Quel est le bilan côté ouvrier ? Le sursis obtenu est des plus préc­aires même si syn­di­cats, patron et État se réjou­issent de la « vic­toire ». Se plaçant d’emblée sur le ter­rain de l’unité entre exploités et exploi­teurs, la lutte a sur­tout agi en sou­tien au nou­veau patron face à l’État. Faut-il que la seule option que les ouvriers s’accor­dent dans ces cas soit celle de se ranger der­rière tel ou tel patron ?

GAD : LE POISON DE LA GUERRE ENTRE TRAVAILLEURS

Le groupe GAD à Lampaul-Guimiliau (Finistère) est un spéc­ial­iste de l’abat­tage, de la déc­oupe et de la trans­for­ma­tion de viande de porc. Le site de Lampaul-Guimiliau intègre une unité de pro­duc­tion de grais­ses ali­men­tai­res pour la fabri­ca­tion de sain­doux, de grais­ses d’os, de protéines ani­ma­les trans­formées à des­ti­na­tion des indus­tries agro-ali­men­tai­res et d’ali­men­ta­tion pour ani­maux domes­ti­ques sur les mar­chés français et européen. Cette usine, qui emploie 850 sala­riés, est menacée de fer­me­ture.

La grève avec occu­pa­tion dém­arre le 11 octo­bre. Le blo­cage du site n’a eu aucun impact. Le patron s’en fout car il veut fermer bou­ti­que. Impuissants face à la décision de l’entre­prise de se séparer d’eux, cer­tains ouvriers de Lampaul-Guimiliau trou­vent un bouc-émiss­aire facile à leurs mal­heurs sous la forme d’une cen­taine de Roumains (employés dans la grosse déc­oupe) qui sont accusés d’accep­ter un salaire de 600 € par mois. Rumeur com­plè­tement fausse car ces der­niers sont payés au SMIC. Le syn­di­cat FO dirige le mou­ve­ment du début jusqu’à sa fin, le 31 octo­bre.

Prenant cons­cience de l’inef­fi­ca­cité du seul blo­cage de Lampaul-Guimiliau, le 22 octo­bre, les tra­vailleurs en grève ten­tent d’étendre le mou­ve­ment à l’abat­toir GAD de Josselin, dans le Morbihan. Sans pré­pa­ration, entre les deux sites, par des ini­tia­ti­ves adaptées de sen­si­bi­li­sa­tion, l’action se solde par un nouvel échec marqué par des affron­te­ments entre sala­riés des deux sites.

La ten­ta­tive ratée de blo­cage de l’usine de Josselin montre que l’unité de combat entre ouvriers de différ­entes usines, y com­pris au sein de la même entre­prise, n’est guère garan­tie d’emblée. Elle doit être préparée soi­gneu­se­ment et, même quand c’est le cas, ne peut se cons­ti­tuer sans fric­tions au sein même du camp des tra­vailleurs. Les inci­dents de Josselin four­ni­ront le prét­exte au patron et aux syn­di­cats pour clore la partie au plus vite. L’accord signé prévoit le dou­ble­ment des primes de licen­cie­ment (400 euros par année d’ancien­neté, pla­fonné à 25 ans), des primes de 2 000 euros jusqu’à trois ans d’ancien­neté et de 2 200 euros ensuite (mon­tant qui, malgré cela, reste déris­oire). Les journées de grève seront payées aussi. L’assem­blée des sala­riés de Lampaul-Guimiliau approuve sans bron­cher le pro­to­cole d’accord. Cerise sur le maigre gâteau : 320 sala­riés sur les près de 900 visés éch­appent au licen­cie­ment … mais seu­le­ment pen­dant un an grâce aux finan­ce­ments publics.

MARINE-HARVEST : UNE « VICTOIRE » DE PLUS ?

L’usine Marine-Harvest de Poullaouen (près de Carhaix) est une unité de trai­te­ment du saumon. Après dix jours (du 4 au 13 novem­bre) de grève avec occu­pa­tion dirigée par la CGT, les 287 sala­riés obtien­nent 80 reclas­se­ments au lieu des 64 prévus ini­tia­le­ment.

En revan­che, les ate­liers de pro­duc­tion s’arrê­teront comme prévu en mai 2014 tandis que l’acti­vité logis­ti­que d’expé­dition ces­sera en déc­embre 2015. En éch­ange de quel­ques conces­sions, le patron norvégien a obtenu une rapide reprise de tra­vail néc­ess­aire pour faire face à la grosse vague de com­man­des de la pér­iode de Noël. De son côté, la CGT, majo­ri­taire dans l’usine, était pressée de conclure avant d’éventuels déb­or­dements. Encore une brillante vic­toire syn­di­cale ? Pas vrai­ment. Nombreux dans les pér­iodes de pic de pro­duc­tion comme l’actuel, les inté­rim­aires ont par­ti­cipé acti­ve­ment à la lutte mais ont été exclus des accords. Les conces­sions appa­rais­sent attrayan­tes : prime de mobi­lité de 15 000 € ; prise en charge des frais de démé­na­gement et de dép­la­cement pour les sala­riés reclassés à Landivisiau ; indem­nité sup­plém­ent­aire (qui s’ajoute à l’indem­nité conven­tion­nelle) allant de 20 000€ à 94 000€ sui­vant l’ancien­neté des licen­ciés.

Si ces mon­tants ser­vent à faire passer mieux la pilule, ils ne sont véri­tab­lement intér­essants que pour les tra­vailleurs pro­ches de la retraite qui per­dent ainsi leur emploi. Les autres tou­chent un joli pac­tole, certes, mais ils ont une vie de tra­vail devant eux. Le tra­vail ne court pas les rues aujourd’hui tandis que les crédits cou­rent tou­jours et les char­ges de famille res­tent. Et les reclassés vont devoir faire face à des com­pli­ca­tions liées au dép­la­cement géog­rap­hique de leur nou­veau lieu de tra­vail, sis à près de 50 km de l’ancien. Ceci expli­que peut-être pour­quoi envi­ron une qua­ran­taine d’ouvriers se sont ravisés et ont accusé la CGT de tra­hi­son. Ils ont rejoint le « Comité pour le main­tien de l’emploi en Centre-Bretagne » qui reven­di­que de « vivre, tra­vailler et décider au pays ».

LES BONNETS ROUGES : LE FAUX-NEZ DES PATRONS ET DES AUTONOMISTES

Ce Comité dont les objec­tifs poli­ti­ques rejoi­gnent ceux des auto­no­mis­tes/indép­end­ant­istes bre­tons, se pro­pose de réunir les Bretons en tant que tels, toutes clas­ses confon­dues contre le cen­tra­lisme pari­sien. L’idée qu’il faille vivre, tra­vailler et, sur­tout, décider au pays sous-tend qu’aux clas­ses domi­nan­tes « étrangères » devraient se sub­sti­tuer celles du cru, censées être plus sen­si­bles aux reven­di­ca­tions des sala­riés. Les patrons d’ici seraient-ils différents de ceux d’ailleurs ? Mais d’où sont-ils ori­gi­nai­res les Doux, les Pinault, les Bolloré et autres Leclerc ? Créé à Carhaix le 18 octo­bre 2013, à l’issue d’une assem­blée de 600 per­son­nes, le Comité pour le main­tien de l’emploi en Centre Bretagne est la prin­ci­pale source ins­pi­ra­trice des dits Bonnets rouges. Comme dans le Comité, chez les Bonnets, on retrouve des représ­entants du MEDEF local, de l’UDB, de Breizistance (extrême-gauche auto­no­miste) et de la FNSEA.

Les forces socia­les qui se sont coa­gulées sous ces pit­to­res­ques couvre-chefs lar­ge­ment dis­tri­bués gra­tui­te­ment par la société Armorlux lors de la mani­fes­ta­tion du 2 novem­bre à Quimper (le véri­table lan­ce­ment du mou­ve­ment), vont des petits patrons aux pay­sans de toutes extrac­tions (les gros comme les petits), les arti­sans, les trans­por­teurs, des sec­teurs ouvriers et autres usa­gers de la route. Leur pre­mier objec­tif commun est la lutte contre l’écotaxe, déc­rite comme un péage imposé à la Bretagne par l’État jaco­bin cen­tra­li­sa­teur. Toute la pano­plie de lég­endes bre­ton­nan­tes a été res­sor­tie pour l’occa­sion afin de donner de l’emphase à la pro­tes­ta­tion. Mais dès que l’écotaxe a été sus­pen­due par le gou­ver­ne­ment, les trois prin­ci­pa­les orga­ni­sa­tions patro­na­les ont quitté les Bonnets rouges, à savoir, le MEDEF local, le syn­di­cat des trans­por­teurs et « Produits de Bretagne ». Les tra­vailleurs qui se rac­cro­chent à ce char bran­lant se trou­vent une nou­velle fois séparés de leurs autres frères de classe et mani­pulés par ces exploi­teurs locaux et poli­ti­ciens en mal de réél­ection.

LES SYNDICATS COURENT APRÈS LES BONNETS, SANS LES RATTRAPER

FO est le seul syn­di­cat de sala­riés à avoir appelé à la mani­fes­ta­tion des Bonnets Rouges à Quimper, le 2 novem­bre. Les autres cen­tra­les avaient appelé à se réunir le même jour à Carhaix. Ces der­nières, tou­jours sans FO, arrimée aux Bonnets et au Comité, ont rem­pilé dans plu­sieurs villes bre­ton­nes le 23 novem­bre. Objectif : oppo­ser une alter­na­tive aux Bonnets et au Comité qui, le 30 novem­bre, veu­lent réé­diter le succès de Quimper.

Mission ratée : le 2 novem­bre à Carhaix ils ne seront que 3 000 au plus sous les dra­peaux de la CGT, de la FSU et de Solidaires ; le 23, ils ne seront que 5 000 à 7 000 à battre le pavé à l’appel de la CGT et de la CFDT.Les syn­di­cats anti-Bonnets expli­quent qu’ils ne veu­lent pas défiler avec les patrons. Explication qui ne trompe per­sonne car ils sont tou­jours en pre­mière ligne quand il s’agit d’inci­ter les tra­vailleurs à déf­endre les usines et les emplois, plutôt que leurs reve­nus y com­pris quand les patrons les licen­cient. Ce sont eux qui lient les reve­nus à l’emploi, qui font croire que, sans l’emploi, il n’y a pas de salut. Ce sont encore eux qui ont déclaré la mobi­li­sa­tion géné­rale après avoir tenu isolé les der­nières luttes contre les licen­cie­ments. Enfin, ce sont tou­jours eux qui appel­lent à se ras­sem­bler autour des usines en lutte au moment où les prin­ci­paux conflits ont cessé.

POUR UNE ACTION OUVRIÈRE INDÉPENDANTE

Revenons au mot d’ordre de « vivre et tra­vailler au pays » anti­cham­bre du rég­io­nal­isme « vrai », voire de l’indép­end­ance. Qui peut croire séri­eu­sement, que le fait de décider au plus près chan­ge­rait quoi que ce soit à la nature de ce petit État ou de cette région auto­nome ? Qui peut prét­endre que les patrons bre­tons licen­cie­raient moins que les autres ? Qui peut penser que les rap­ports capi­ta­lis­tes puis­sent dis­pa­raître mira­cu­leu­se­ment une fois fran­chie la Vilaine ? Seuls peu­vent y croire ceux qui aspi­rent à des bonnes places au chaud au sein de ce micro-État vir­tuel, pas les ouvriers qui sont licen­ciés par « leurs » patrons qu’ils soient bre­tons, français ou norvégiens.

Faut-il s’accro­cher aux entre­pri­ses et déf­endre le vivre et tra­vailler au pays ? Bien sûr, l’arrêt de l’usine, lieu de souf­france pour la plu­part des tra­vailleurs, c’est tout d’abord la perte de l’emploi et du revenu. Pourtant, c’est bien ce lien entre l’emploi et le revenu qu’il faut tran­cher par l’action col­lec­tive et indép­end­ante des sala­riés avec ou sans tra­vail. Le véri­table enjeu pour les prolét­aires est de ne pas payer deux fois pour que le capi­tal sur­vive : la pre­mière par leur exploi­ta­tion, la seconde par leur expul­sion de la pro­duc­tion et leur plongée dans la misère. Pour ce faire, il ne faut pas que les ouvriers en lutte contre les licen­cie­ments et les fer­me­tu­res d’usines s’ima­gi­nent meilleurs ges­tion­nai­res que les patrons en pro­po­sant des alter­na­ti­ves sur le ter­rain du patron.

Il faut au contraire qu’ils affir­ment fiè­rement « C’est vous qui avez pris la décision, pas nous ; et donc nous n’avons pas à subir les conséqu­ences de vos décisions. Que l’on ait un tra­vail ou que vous l’ayez sup­primé, nous exi­geons notre paye, un point c’est tout. Jusqu’à quand ? C’est tout simple, jusqu’à la retraite. Et cela, on va vous l’impo­ser comme vous nous avez imposé un tra­vail avant de le reti­rer. » Comment y par­ve­nir ? Par une lutte d’ensem­ble de tous les prolét­aires plongés dans la misère par le capi­tal et son État. Une lutte capa­ble de s’arti­cu­ler dans les ter­ri­toi­res pour pren­dre col­lec­ti­ve­ment, par la force si néc­ess­aire, ce qui sert pour vivre : ne plus payer les crédits aux ban­ques ; ne plus payer trans­ports, loyers, élect­ricité, etc. ; aller se servir ensem­ble dans les super­mar­chés.

C’est la condi­tion pour « vivre au pays » quand le tra­vail s’en va. Il n’y a pas d’alter­na­tive réelle à ce type d’action col­lec­tive et indép­end­ante contre le capi­tal et l’État. Les échecs des récents com­bats sont là pour le dém­ontrer. Mais cela n’est pos­si­ble que si le prolé­tariat est fort, capa­ble d’impo­ser ses pers­pec­ti­ves et son agenda comme aiment dire les patrons. Prouvant leur force et leur auto­no­mie de toutes les autres clas­ses de la société, les exploités en lutte devien­dront une référ­ence, un phare dans la nuit pour les tra­vailleurs les plus isolés et les pay­sans pau­vres, vic­ti­mes à leur tour de l’exploi­ta­tion capi­ta­liste de la terre.

PRENDRE COLLECTIVEMENT CE QUI SERT POUR VIVRE

LUTTER POUR LE REVENU GARANTI

S’ORGANISER DE FACON INDÉPENDANTE POUR COMBATTRE LE CAPITAL ET L’ÉTAT

Mouvement Communiste/Kolektivn? proti kapitálu, le 29 novem­bre 2013

Pour toute cor­res­pon­dance écrire, sans autre men­tion, à : BP 1666, Centre Monnaie 1000, Bruxelles 1, Belgique.

Consulter le site ?nter­net de Mouvement Communiste : www.mou­ve­ment-com­mu­niste.com