Mais c’est surtout le titre principal choisi  pour son premier numéro qui retient l’attention: « Tuons tous les gauchismes ». Pour la petite histoire, le titre initial était: « Tuons tous les gauchistes », rapidement amendé quand l’auteur a réalisé qu’il tombait sous le coup de la loi. Ce rédacteur perspicace n’est autre que Rodolphe Crevelle, qui déborde d’initiatives ces derniers temps. Ce vieux routier de l’extrême droite radicale au passé sulfureux s’est signalé en 2012 en lançant le Lys Noir, revue d’extrême droite « anarcho-royaliste » et en participant à la liste anti-radars pour les législatives dans l’Hérault. Plus récemment, c’est une autre publication ultra-confidentielle de son cru, la revue l’Arsenal, qui évoquait un projet de putsch militaire durant le mouvement contre le mariage homosexuel (Le Monde du 7 juin).

Par ailleurs, Rodolphe Crevelle s’était lié à Troisième Voie, l’organisation de Serge Ayoub, avant sa dissolution à la suite de la mort de Clément Méric en juin.

Dans son long éditorial, Crevelle prédit que « cela va mal se terminer pour l’oligarchie gauchiste des facs et d’ailleurs ». Avant de demander à ses ouailles d’envoyer aux gauchistes « des photos de Benito [Mussolini] et [sa maîtresse] Clara Petacci pendus à un croc de boucher… Car c’est comme cela qu’ils vont tous finir avec leurs femmes également délicieuses… »

Suit une longue liste de menaces. « C’est ‘à la vie à la mort’ si on les chope (…). Nous trouverons beaucoup d’alliés chez les immigrés pour leur faire la peau (…). Le gauchiste sait que nous avons la majorité des gens et des flics et des militaires avec nous », s’avance encore Crevelle.

Une obsession qui n’est pas nouvelle, puisque, en septembre déjà, le Lys noir titrait : « Faut-il envisager de tuer les gauchistes? »

 Deux militantes de l’UNEF agressées

Comme d’habitude avec Crevelle, il y a une manip’. L’AFU dont il se réclame n’a rien à voir avec l’Action française étudiante, émanation de l’Action française (AF). Crevelle veut profiter de la proximité d’appellation pour recruter plus facilement, ce qui n’a pas manqué de plaire à la rue Croix-des-petits-Champs, siège historique de l’AF. Ce d’autant plus que l’UNEF vient de déposer plainte contre l’AFU pour « incitation à la haine et à la violence ».

En moins d’une semaine, deux étudiantes parisiennes de l’UNEF (proche du PS) ont été agressées et menacées de façon quasi similaire – « On ne veut pas de vous sur les facs. On connaît ton adresse. Si tu continues, on te viole.  On te défoncera, t’es qu’une gauchiste », selon un responsable national du syndicat étudiant. L’une d’elles a reçu des coups de cutter au pied de son domicile. L’UNEF juge que la revue AFU de Crevelle a théorisé ces agressions. Les deux militantes agressées ont déposé plainte, précise-t-on à l’UNEF.

De son côté, l’Action française – la vraie- a réagi par un communiqué laconique de son secrétaire général Olivier Perceval:   » Quelques individus, certainement manipulés, ont cru pouvoir utiliser le titre d’ AFU (Action Française Universitaire) pour déverser un tas d’immondices sur quelques facs, appelant à la violence sur le ton qu’employaient jadis les nervis de l’extrême gauche pour terroriser le bourgeois. L’Action française dénonce cette tentative de récupération de notre appareil étudiant qui est totalement étranger à ces divagations.  Il ne peut s’agir de notre point de vue que d’une grossière manœuvre destinée probablement à faire tomber notre organisation en obtenant son interdiction. Bien sûr, comme tout crime ne peut rester impuni, l’Action française répondra à cette agression par tous les moyens dont elle dispose, même légaux.

http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/2013/10/23/dans-les-facs-une-revue-promet-la-mort-aux-gauchistes/