Depuis sa publication en 1989 (New York, Routledge), Refuser d’être un homme est devenu un classique dans les études de genre, largement cité dans les ouvrages de référence. John Stoltenberg déconstruit l’identité masculine comme un rapport social et trouve dans cette analyse les raisons de penser son changement. L’ouvrage aborde successivement la question de l’identité sexuelle masculine, de la pornographie et de la suprématie masculine et enfin la question du militantisme féministe et de l’identité sexuelle masculine. Le titre provocateur du livre interpelle tous les hommes qui s’interrogent sur leur identité et les rapports de genre dominants dans la société. À ceux-là, ce livre ouvre l’espoir d’un changement possible basé sur le consentement, la réciprocité et le respect dans les relations entre les hommes et les femmes. Les hommes ont le choix, nous dit John Stoltenberg, ils peuvent refuser l’identité masculine dominante. Au moment où se multiplient des tentatives de restaurer la virilité et détourner l’ébranlement du virilisme par le mouvement des femmes, John Stoltenberg déconstruit avec brio et dans un langage accessible l’essentiel du patriarcat tel que le vivent les hommes. Au-delà de la scie libérale des « stéréotypes », il y montre un investissement actif dans le pouvoir sur l’autre, instillé dans le rapport aux femmes et aux hommes, la sexualité, le contrôle social de la procréation et, en bout de ligne, dans l’identité sexuelle masculine. Militant proféministe et compagnon d’Andrea Dworkin (Pouvoir et violence sexiste, Sisyphe, 2007), Stoltenberg demeure l’analyste le plus attentif du machisme et du masculinisme contemporains. Il témoigne du construit de la virilité patriarcale dans ses diverses conséquences (viol, homophobie, objectification sexuelle, pornographie, violence conjugale, militarisme et contrôle masculin sur la procréation des femmes). Ses coups de sonde trouvent dans la culture occidentale et dans le quotidien des hommes – gays comme hétérosexuels – des résistances et des accointances (chez James Baldwin et Kafka, notamment) au projet radical d’une véritable égalité sexuelle, en validant une identité morale intime, qui place la justice au-dessus du plaisir encore éprouvé à « être un homme ».

Avant-propos de Christine Delphy ici: http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2013/03…lite/