Une victoire juridique? Pas si évident…

Il faut d’abord savoir que cette décision de ne pas statuer sur les ordonnances d’expropriations des propriétaires ayant refusé les indemnisations, tant que les autres tribunaux saisis par l’ACIPA pour annuler l’arrêté de cessibilité ne rendront leur verdict, peut être un trompe l’oeil.

En effet, l’ACIPA et d »autres assocations et partis politiques, qui avaient signé l’accord de la grève de la faim du 8 Mai, pensent que la décision d’attente de la cour de cassation les protègent des expulsions, avant que les autres tribunaux ne statuent dessus. Or comme le déclarent les promoteurs du projet, les recours posés devant les autres tribunaux ne sont pas concernés par l’accord de la grève de la faim. De plus, le recours envers la cour de cassation a été radié en attente d’une décision des autres tribunaux.

La radiation de ce recours pouvant ainsi être interprété comme une annulation du recours par les promoteurs, on sait que le passage en force avec un tel flou juridique ne serait pas un fait nouveau, d’autant plus que la justice s’est toujours placé du côté d’AGO et du conseil général PS. Il ne resterait alors plus qu’un recours protégé par l’accord du 8 mai, recours du CDEPA, or ce recours pourrait être jugé très rapidement. Quand on sait que celui de la cour de cassation devait être rendu à la fin de l’année 2013, et qu’il a été rendu en Janvier, on se dit que la justice peut être très rapide quand des intérêts financiers et politiques importants sont en jeu…

Sur un point de vue plus politique, nous pensons aussi que cet accord du 8 mai n’engagent à rien du côté des politiques, d’autant plus qu’il n’a aucune valeur juridique. Il a juste servi à calmer la contestation à une époque, comme les politiciens savent déjà bien le faire avec les syndicats…

Pour ceux/celles qui croiraient encore à cet accord et à la commission de dialogue, on aimerait leur rappeler les centaines de camarades blessés, ceux/celles interdits de territoire, en prison, mais aussi les destructions de cabanes, de bouts de forêts, de champs, de fermes et de maisons ! Cet accord et la commission de dialogue ne servent que les intérêts de ceux qui souhaitent la paix sociale, au détriment de la lutte contre l’aéroport et son monde.

Une décision juridique qui ne change rien à l’avancement du projet

La victoire juridique, si il y en a une, ne change en tout cas rien sur le terrain. Les fouilles archéologiques préventives, en vu de la construction d’une 4 voies de plusieurs kilomètres au sud du projet d’aéroport, ont repris de plus belle, saccageant de nombreux champs. Une ferme a été détruite en Janvier et une autre, qui est occupée par des paysan-ne-s, est menacée de destruction. D’autres suivront bientôt, si la vigilance n’est pas constante et l’occupation systématique. Les départs de propriétaires et d’exploitant-e-s, qui ont accepté les indemnités d’AGO s’accélèrent, et si l’occupation de la ZAD ne s’amplifie pas, de nombreuses zones seront libres d’accès pour l’avancement des travaux.

Concernant un éventuel report des travaux, il faut aussi savoir que la décision ne concernerait que le projet d’aéroport, et non le projet de 4 voies attenant au projet d’aéroport.

De plus, si on jette un oeil sur le site des promoteurs du projet, le commencement des travaux de l’aéroport de NDDL s’effectuerait vers mi-2014, ce qui correspondrait à la période de report des expropriations suite à la « victoire juridique ». Or AGO avait déjà annoncé cette date de début des travaux en Octobre 2012, bien avant la décision de la cour de cassation. Cela ne change donc rien au calendrier des travaux.

Il ne faut pas non plus oublier que rien n’empêche Vinci d’engager les travaux, même si le report des expropriations était validé et durait, en s’illusionnant, deux ans et demi. La ZAD est immense et, malheureusement, la majorité des habitant-e-s historiques ont accepté les indemnités d’AGO; ce qui permet à Vinci d’initier des phases de travaux par tranche, en se réservant les îlots de résistance pour la fin. Si on compte sur le fait que les habitant-e-s ne ne soit pas usées par une résistance constante et refusent d’abdiquer.

C’est pour cela qu’il est primordial de ne pas tomber dans le piège de l’optimisme béat, car Vinci et le PS ne reculeront pas si facilement sur ce projet, les enjeux étant importants pour eux (mais pour nous aussi ! .

L’occupation massive de la ZAD et la résistance physique aux travaux est la première des résistances, et la plus grande épine dans le pied de Vinci et du PS. Ce n’est pas pour rien que les forces de l’ordre ont été aussi nombreuses et violentes(euphémisme) pour expulser les camarades occupant-e-s de la ZAD, sans le réussir; tandis que le PS et Vinci balaient depuis 10 ans, comme un vulgaire moucheron, chaque recours juridique déposé par les associations et partis opposés au projet. Les seuls reports de dates de travaux par AGO, et non d’expropriations (à ne pas confondre, ce qui est fait souvent !), ont été effectués à la suite de résistances concrètes et fortes sur le terrain. Aucun recours juridique ou accord politique n’a permis de report des travaux…mais peut-être certain-ne-s continueront toujours à vouloir se voiler la face, car les accords avec le PS sont sans doute trop précieux…n’est-ce pas Europe Ecologie Les Verts ?

Depuis deux semaines, les camarades occupant-e-s de la ZAD subissent des harcèlements constants de la part des forces de l’ordre, des arrestations en série via des course-poursuites dans les champs, des destructions de barricades, des insultes, coups de pression,… Les fouilles archéologiques se poursuivent aussi sous bonne escorte militaire et les géomètres se baladent sur la ZAD. Mais à en croire un porte-parole de l’ACIPA, à propos de camarades de la zone est de la ZAD qui se mobilisent constamment sur les barricades et chicanes pour empêcher les forces de l’ordre de faire leur sale boulot, « ils ne ne suivent pas le droit chemin! », n’hésitant pas à se désolidariser d’actions dites « illégales » et de procès !

Si défendre concrètement la ZAD des bétonneurs et de leurs milices privées, n’est pas suivre le droit chemin(sic), alors nous avons envie d’entonner : « prenons de suite le maquis, et non leurs chemins conformés et policés! »

Pour conclure, comme l’a écrite un-e camarade de la ZAD : « En tout cas, on manque d’indien-ne-s ! »

Pour une action directe sur la ZAD et partout ailleurs !

L’aéroport et son monde ne passeront pas !

Venez nombreux-se-s soutenir et/ou participer à la résistance !

Des membres du Collectif de Lutte Contre l’Aéroport de Notre Dame Des Landes

N.B : des infos concordantes mentionnent un début des travaux de terrassement de la 4 voies pour mars, et d’autres infos moins sûres parlent d’une opération d’expulsion massive à cette même période… on aura besoin de pas mal de camarades résistant-e-s !

ReN.B : les besoins de soutien actuels face aux harcèlements des militaires se situent pas mal au niveau de la zone sud-est de la ZAD (sur la D281 essentiellement). Quand aux fouilles archéologiques, elles se déroulent pour l’instant essentiellement aux extrémités est et ouest du sud de la ZAD, les moins occupées et habitées (le projet de 4 Voies frôle le sud de la ZAD, bien qu’il n’est pas indiqué sur la carte ci-dessous)