L’idée ne date pas d’hier et ne surprend qu’à moitié. Depuis des années, la guerre des ayants droit contre la culture fait rage: ACTA, PIPA (Protect IP Act), E-Parasite Act (Enforcing and Protecting American Rights), COICA (Combating Online Infringement and Counterfeits Act) et aujourd’hui SOPA (The Stop Online Piracy Act)… Tous ces acronymes ne désignent en réalité qu’un seul et même projet: garantir les profits des industries de la propriété intellectuelle par le filtrage et la censure d’Internet.

Un bon travail de lobbying

L’action de pression sur les autorités américaines ne date pas d’hier. Il y a un an, l’association américaine de l’industrie cinématographique (MPAA) s’était déjà manifestée auprès des autorités américaines, brandissant une liste des sites à abattre.

Parmi les plus connus, on trouvait ThePirateBay.org (Suède / Pays-Bas), Megaupload.com (Hong Kong/USA), Megavideo.com (idem), RapidShare.com (Suisse/Chine) et bien d’autres.

Vous l’aurez remarqué, la liste ne comprend pas que des sites hébergés aux États-Unis, et c’est bien là tout l’enjeu de cette affaire.

Aujourd’hui, le même lobby du cinéma applaudit le projet de loi (surprenant non?).

Une stratégie guerrière

Le projet vise donc les sites américains, mais aussi basés à l’étranger. Afin de faire couler tous ces terroristes qui partagent (plus précisément, qui sont suspectés de partager la culture ou de faciliter le piratage ), la stratégie consistera à les assiéger:

blocage au niveau des FAI,
des registres DNS,
des moteurs de recherche,
des services de paiement (paypal, mastercard etc),
des annonceurs présents sur ces sites (ah! Voilà quelque chose de censé ;-) )
etc…

Ces mesures pourront de plus être prises de façon préventive, sans même la tenue d’un procès!

De nombreux effets collatéraux

Alors que traditionnellement, ce sont les contenus qui étaient visés, les sites dans leur totalité le sont aujourd’hui.

Pour Trevor Timm de l’Electronic Frontier Foundation:

« Tandis que TOR est conçu pour la promotion de la libre expression, la protection de la vie privée et des droits de l’Homme (…), il peut être également utilisé pour masquer l’adresse IP lors d’un téléchargement de contenu copyrighté, comme de la musique. Les entreprises concernées par le téléchargement illégal de musique pourraient utiliser la loi SOPA pour forcer Visa et Mastercard à couper les donations à Torproject.org – bien que le but de Tor soit de faciliter l’activisme et non le piratage ».

Un autre effet collatéral désastreux sera aussi un renforcement de la surveillance au niveau des FAI, car si leur responsabilité est engagée, il est évident qu’ils se livreront à un espionnage des communications pour s’assurer qu’aucun contenu transitant n’est illégal.

Sommes-nous impuissant-e-s?

Une mobilisation internationale se met en ce moment même en place, et la réaction des Google, Facebook, Yahoo, eBay, AOL, Twitter, LinkedIn etc. ne s’est pas évidemment pas fait attendre: dans la présente logique, un portail comme Youtube, hébergeant sans accord de nombreuses vidéos sous droits, serait concerné.

De nombreuses associations civiles se mobilisent elles aussi comme L’EFF (Electronic Frontier Foundation) et dénoncent ce qui est désormais considéré comme étant l’équivalent de la grande muraille numérique de la Chine.

Plusieurs pétitions circulent actuellement sur le net:

http://americancensorship.org/ (EFF, FSF, Mozilla, Wikimédia…)
https://wwws.whitehouse.gov/petitions/!/petition/stop-e-parasite-act/SWBYXX55 (dépôt officiel sur le site de la maison blanche pour demande d’annulation du projet)
http://www.avaaz.org/fr/save_the_internet_fr/?slideshow

Bien que les pétitions ne soient pas le moyen le plus contraignant pour ces adversaires puissants, n’hésitez pas à les signer (n’oubliez pas que les pseudos existent! ;-) ), et à diffuser au maximum l’information autour de vous!

Si nous sommes déjà concernés, il faut bien comprendre que comme pour ACTA, si le projet passe aux États-Unis, il ne tardera pas à arriver en Europe, et à servir de modèle de référence dans le monde entier…