L’été, les pouvoirs publics profitent traditionnellement des absences et de la léthargie estivales pour mettre en œuvre les infamies qui auraient provoqué un tollé à un autre moment de l’année. Cet été n’a pas fait exception à la règle, avec son cortège d’OQTF, d’expulsions, de procès, de coupures d’eau et de refus de scolarisation. Retour en arrière.

– Campement des Glairons, Saint Martin d’Hères

Le 26 juillet, une descente de police a lieu sur le camp, au cours de laquelle de nombreuses personnes se voient remettre une OQTF (obligation de quitter le territoire français). La Patate Chaude demande à quatre avocat-e-s de faire des recours contre celles-ci. Malgré tout, le 1er septembre, une armada de gendarmes débarque sur le camp, emmenant une quarantaine de personnes en centre de rétention administrative (CRA) à Rouen et Paris entre autres, et une dizaine à l’hôtel de police. Des bulldozers détruisent ensuite les cabanes et creusent une tranchée dans le terrain pour éviter une réinstallation. Plus d’une cinquantaine de personnes sont laissées sur le trottoir, sans solution. Des membres de la Patate Chaude demandent à la police de sauver quelques caravanes. Trois pourront être sorties du camp, et mises sur le parking attenant, 4 autres seront écrasées. Puis les militant-e-s appellent le Conseil Général, qui est, rappelons-le, en charge de la protection de l’enfance, pour lui demander d’héberger les familles. Très curieusement, celui-ci demande à la Patate Chaude de trouver des chambres d’hôtel qu’il paiera par la suite… Six familles avec enfants de moins de 3 ans seront logées, mais pour 12 jours seulement. En attendant, les gens dorment dans les caravanes restantes, dans des voitures ou dehors, sur le parking.

Certaines des personnes placées en CRA sont expulsées quasiment immédiatement, sans que les associations chargées de faire respecter leurs droits aient même pu les rencontrer. Quelques-unes, plus chanceuses, seront relâchées un peu plus tard.

Le lendemain, la police passe devant le parking. Un Rom fait un geste de dépit en leur lançant « dégage ! » Des policiers descendent de la voiture et l’un d’eux le frappe devant une membre de la Patate Chaude qui prend des photos. Le policier auteur des violences viendra ensuite confisquer l’appareil photo pour le rendre un instant plus tard, mais toutes les photos de l’appareil ont alors été effacées…

Pendant les jours qui suivent, les Roms expulsés du terrain seront chassés de tous les endroits où ils tenteront de s’installer. Tout d’abord du campus, où après avoir passé une nuit dehors, ils sont délogés par la police qui leur indique vaguement un lieu où aller qu’ils ne trouveront jamais. On les dirige ensuite vers un autre endroit en leur disant qu’ils ne pourront pas y passer la nuit. Ils choisissent alors de s’installer dans une maison vide qu’ils ont repérée, mais trois jours plus tard, un bulldozer arrive et la détruit… Les Roms se rendent alors sur le camp de la halle Neyrpic, où se trouvent déjà deux caravanes et quelques habitants.

Plusieurs démarches ont été effectuées auprès des autorités. Le jour même de l’expulsion, une partie des personnes expulsées va avec des membres du collectif à la Mairie de Saint Martin d’Hères où ils passeront l’après midi, attendant de rencontrer le maire qui ne les recevra pas. Le lendemain, c’est à la Métro que se rend un groupe de personnes composé de deux femmes et deux hommes de l’ancien camp ainsi que de membres du collectif. Ils rencontrent Olivier Noblecourt et Jean-Philippe Motte, en charge respectivement de l’hébergement et des gens du voyage. Les membres de la Patate Chaude demandent une réponse écrite sur la position politique de la Métro quant au problème du logement des Roms. Les premiers concernés ne souhaitent savoir qu’une chose : la Métro peut-elle leur proposer un terrain ? Face à la réponse négative de Noblecourt, ils quittent la salle.

Depuis, plusieurs anciens occupants des Glairons ont signé des aides au retour volontaire. A l’inverse, certaines personnes expulsées reviennent. Enfin, le lundi 26 septembre, trois personnes s’étant rendues à la préfecture « pour se renseigner sur leur situation » ont été interpelées et envoyées au CRA de Rouen, d’où elles ont été expulsées vers la Roumanie.
Pour plus d’informations sur l’histoire du campement, voir les articles du blog de la Patate Chaude ici, ici et là.

– La Tronche, 10 août

Mercredi 10 août 2011 vers 6 heures du matin, à la Tronche, 88 personnes sont réveillées par un important dispositif de la police nationale. Cette dernière est armée, elle encercle les logements et soumet chaque habitant-e à un contrôle d’identité. Une femme veut s’opposer à l’intrusion de la police dans son domicile : elle est contrainte de céder devant la menace du jet d’une bombe lacrymogène dans son intérieur ! La police nationale confisque les cartes d’identité et autres papiers personnels d’un autre habitant. Sept hommes reçoivent en main propre une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). Quatre autres sont embarqués sur le champ, sans pouvoir emmener d’effets personnels ni dire au revoir à leurs femmes et enfants, vers une destination inconnue. Sous le coup d’APRF (arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière) anciens, ils sont enfermés au CRA de Palaiseau, puis expulsés au petit matin du 11 août avant l’arrivée de l’association France Terre d’Asile.

– Saint Martin le Vinoux

Le Conseil Général de l’Isère a décidé de lancer une procédure d’expulsion contre les Roms qui occupent une de ses maisons à Saint Martin le Vinoux avec le soutien du collectif. Pourtant, les familles ont tout fait pour obtenir un logement par la voie « normale », en montant des dossiers DALO conjointement avec la Patate Chaude et les associations Roms Actions et Un Toit Pour Tous. Le procès, qui devait avoir lieu le 23 août, a été reporté au 4 octobre. À suivre…

– La Tronche encore

À la Tronche, des membres de la Patate Chaude s’évertuent à essayer d’inscrire à l’école les enfants roms présents sur la commune. Mais le maire UMP de la ville, Hervé-Jean Bertrand-Pougnand, a donné l’ordre au personnel du service de vie scolaire de n’inscrire aucun enfant rom roumain sous prétexte, entre autres, qu’ils sont sans droit, ni titre ou qu’ils occupent illégalement un terrain – le fait d’être pauvre et discriminé devenant la raison d’une nouvelle discrimination. Suite à l’intervention de membres du collectif auprès de l’inspection académique, l’inspecteur de l’éducation nationale (IEN) de la circonscription prend rendez-vous avec M. Bertrand-Pougnand. Résultat : l’IEN déclare que celui-ci « campe sur ses positions » et qu’il ne peut rien faire. Pourtant, les mairies ont l’obligation légale d’inscrire les enfants – tous les enfants, sans aucune discrimination – à l’école. L’association Roms Action est avertie. Elle établit des certificats de domiciliation et entame, à la demande du CASNAV (centre académique pour la scolarisation des nouveaux arrivants), un recensement de tous les enfants roms roumains scolarisables sur la commune. De son côté, les membres de la Patate Chaude ont décidé de recontacter l’IEN et d’étudier avec un avocat les recours possibles, voire le dépôt d’une plainte.

– Rue Germain, Grenoble

Se retrouvant à la rue et sans autre solution, de plus en plus de personnes s’installent dans la maison occupée de la rue Germain. Ils tirent de l’eau, absolument indispensable à leur survie, d’une canalisation dans la cave. Mais voilà qu’un jour de ce mois de septembre aux chaleurs très estivales, la Régie des Eaux de Grenoble, réalisant que les habitants de la maison bénéficient de l’eau à son insu, décide de la leur couper… Le collectif proteste auprès du président et du directeur de la Régie, qui ne semblent pas s’en émouvoir pour autant.

Le collectif la Patate Chaude