8ème journée internationale contre la brutalité policière

Après plusieurs années d’implantation de « police communautaire » dans
toutes les villes du Québec, les autorités nous promettent d’occuper la
rue davantage. En envoyant toujours plus de flics pour patrouiller à pied
avec rien de mieux à faire que de harceler les jeunes de la rue des
quartiers défavorisés de Montréal et de son centre-ville, jusqu’à temps de
les chasser de l’espace public, il est question ici de faire disparaître
des preuves de plus en plus gênantes des inégalités sociales dans cette
société de fric.

Les phénomènes du « profilage racial » et du « nettoyage social » ont pris
une telle ampleur que nos « flics de quartier » ne se cachent même plus
pour désigner officiellement pour cible les attroupements de jeunes dans
les lieux publics, les squeegees, les sans-abri, les travailleurs et
travailleuses du sexe, les consommateurs et les petits revendeurs de
drogue, bref, ces laissés-pour-compte que les médias-collabos nous
dépeignent régulièrement comme des classes dangereuses.

Comme le nombre d’infractions au Code Criminel est en baisse depuis 20 ans
au Canada, la police nous promet donc de mobiliser ses troupes pour une
lutte sans merci contre la petite délinquance, désignée sous une nouvelle
appellation à la mode, les « incivilités ». En cette période interminable
de compressions, les policiers doivent toujours alimenter de vieilles
peurs et éveiller de nouveaux sentiments d’insécurité chez les citoyenNEs
afin de ne jamais être à court de justifications pour maintenir et
accroître leurs effectifs et les budgets faramineux en fonds publics
qu’ils dilapident joyeusement en salaires et en heures supplémentaires.

La police est une force armée envahissante qui s’infiltre sans cesse
toujours plus profondément dans les mailles du tissu social; Elle bâtit
des réseaux d’échanges d’informations avec les commerçants, les pouvoirs
politiques locaux, les groupes communautaires, les directeurs d’école et
les associations de résidentEs; Elle encourage tout ce beau monde à
surveiller et à dénoncer leurs voisins et à jouer les apprentis-vigiles.
Sous l’approche « plus conviviale » de la police de quartier, c’est bien
d’un vaste programme de délation et d’expansion de l’appareil de contrôle
social qu’il s’agit.

Mais loin d’être « satisfaits » du « service » fourni par les policiers,
de plus en plus de gens se lèvent pour dénoncer les abus policiers : des
résidentEs de St-Michel poursuivent la police et la ville pour
discrimination, harcèlement et profilage racial ; des groupes
communautaires dénoncent le harcèlement dont sont victimes les sans-abri
au centre-ville; des sans-statuts algériens dénoncent le fait que la GRC a
électrocuté à coups de teaser deux d’ente eux lors d’une occupation de
bureau à Ottawa; des militantEs radicaux dénoncent la criminalisation de
la dissidence par les arrestations de masse de manifestantEs; même des
militants défusionnistes, en automne, ou de l’UFP, en janvier, ont
dénoncés publiquement le fait d’avoir été approchés soit par la SQ ou soit
par les services secrets canadiens, qui sont en perpétuelle prospection de
mouchards potentiels prêts à monnayer leur traîtrise… Et on n’a pas oublié
l’acquittement, en 2002, du policier Giovanni Stante qui a battu à mort le
sans-abri Jean-Pierre Lizotte sur la terrasse du Shed Café, en 1999.

Pendant ce temps, l’État canadien veut montrer aux États-Unis qu’il fait
sa part du sale boulot dans la grande inquisition antiterroriste :
arrestations et détentions préventives de « suspects », procès secrets
pour des raisons de « sécurité nationale », déportations vers des pays où
la torture et les exécutions sont des pratiques connues et lourdement
documentées… Les cas de Zahra Kazemi, Maher Arar, William Sampson nous
montrent que les services secrets et les fonctionnaires canadiens ne sont
pas pressés de faire la lumière sur leurs liens avec des régimes
dictatoriaux et surtout leur inaction pour sortir des citoyens canadiens
des geôles de ces États policiers.

Ce lundi 15 mars 2004, joignez-vous à notre mouvement contre la brutalité
policière et l’impunité dont jouissent encore les policiers qui abusent de
leurs pouvoirs, contre l’expansion de l’appareil sécuritaire et contre la
criminalisation de la pauvreté et de la dissidence. Plus que jamais, notre
opposition aux abus policiers doit s’exprimer clairement et fermement afin
de leur couper l’appétit de pouvoirs ! La vraie insécurité : la misère, la
précarité et l’exploitation, on la connaît ; on n’a pas besoin en plus de
ça des flics qui nous harcèlent comme si c’était un crime d’être pauvres
ou exclus du système!

Adopté par la Coalition du 15 mars 2004

Pour plus d’infos :
Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP)
(514) 859-9065, cobp@hotmail.com
2035 St-Laurent, Montréal, Québec, H2X 2T5
http://tao.ca/~cobp/

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