Des forages sur le tracé de l’autoroute desservant l’aéroport de Notre Dames des Landes ont eu lieu, ces derniers jours, sous haute protection militaire. Ces forages relatifs aux zones humides sont obligatoires avant tout nouveau projet routier et sont surtout très utiles pour mieux faire passer la pilule de « l’aéroport écologique ».

Une première action contre les travaux de débroussaillage préalables aux forages ont eu lieu, il y a environ trois semaines. Les travaux étaient dès lors protégés par deux gardes de sécurité privé (SECURITAS) + une voiture de gendarmerie en patrouille dans le secteur des travaux + une voiture de gendarmerie en amont du chemin qui menait au terrain où tracteur et gyrobroyeur « ne faisait que leur travail », c’est à dire entamait sérieusement la destruction du bocage.

Un groupe d’une trentaine de personnes est cependant parvenu à se frailler un chemin à travers bois jusqu’à la machine en évitant les voitures de la gendarmerie. Plusieurs personnes mettent leurs corps en barrage devant le tracteur pour le forçer à s’arrêter, ce que le conducteur fera difficilement tant il semblait empli d’un haut sentiment de devoir envers la mission qui lui était confié. Devoir qui semblait donc presque s’accommoder d’écraser deux ou trois opposant-es. Pendant que de la terre emplit le réservoir du tracteur et que d’autres sabotages ont lieu, certains tentent de calmer le conducteur, en l’assurant qu’il n’est pas responsable de ce qui arrive, qu’il ne peut rien y faire et qu’il devrait peut être en profiter pour faire une pause. Les gardes de sécurité privés, présents depuis le début n’ont rien pu faire, le groupe s’éclipse dès que le renfort des forces répressives est appelé.

Cette action d’opposition physique et non purement symbolique a semble-t-il principalement eu pour effet d’agacer les forces répressives qui ont ouvert une enquête. La machine, elle, a semble-t-il été réparé très rapidement et les travaux ont continué le jour même et les jours suivants… L’arsenal militaire entourant la machine sera, à partir de ce moment, nettement plus conséquent.

Le lundi suivant, les travaux de forages ont commencé. C’est aussi le jour de l’ouverture de l’enquête publique sur le remembrement (processus autoritaire visant, notamment, à regrouper, redéfinir les limites des parcelles agricoles pour obéir aux lois du productivisme et dans ce cas précis, laisser la place à un aéroport international) dans le bourg de Notre Dames des Landes. Les représentant-e-s de l’Etat venus ce jour participer à ce simulacre de démocratie qu’est cette enquête publique (les décisions sont prises dans des commissions où siègent notamment, technocrates et dirigeants agriculteurs) ont été reçus par de nombreux opposant-e-s, membres de l’ACIPA, habitant-e-s de la ZAD, sympathisant-e-s nantais-e-s et d’ailleurs… Comme pour leur signifier qu’ils ne sont pas les bienvenus, illes ne repartiront que derrière la dépanneuse, pneus dégonflés…

Ce groupe présent à Notre Dames décide alors de profiter de l’occasion pour perturber les travaux de forages qui ont lieu au même moment sur la ZAD ou aujourd’hui dénommée, zone de délaissement. Trop nombreux pour être arrêtés ou était-ce la présence de militant-e-s de l’ACIPA, de « vieux », de médias (une caméra était sur place, qui était-ce ?, toujours est-il que ce jour-là, les travaux seront stoppés, nous avançons, les gendarmes reculent. Les travaux reprendront le lendemain avec 65 militaires pour escorte, mais le fait de les avoir fait reculer reste une belle image qui habite les esprits.

Sur ce terrain, duquel nous les avions chassé, nous savions qu’ils devaient revenir pour terminer les travaux. Certain-e-s ont donc décidé d’occuper les lieux. Des tripodes, trois poteaux de 3,4 mètres de haut attachés ensemble à leur sommet et se positionnant « en tipi », pour permettre à quelqu’un de se jucher en haut, hors d’atteinte. La présence d’un tripode occupé sur chacun des trois accès au terrain et de personnes en plus dans un chêne tout près devait empêcher la machine d’accéder au terrain. Le jour J, chacun-e était prêt; juché sur les tripodes à chacune des trois entrées possibles. Apparemment, la tête des gendarmes étaient belle à voir, l’effet de surprise était réussi… Pas pour longtemps, cinq, dix minutes d’hésitation avant que ceux-ci se décident à ‘accéder au terrain à pied, la machine sous le bras, celle-ci étant assez légère. Les travaux ont donc eu lieu, sous les yeux médusés des occupant-e-s du terrain et ce n’est pas la dizaine de personnes arrivés en soutien qui aurait pu empêcher quoi que ce soit. Les travaux se sont donc déroulés quasi-tranquillement ce matin, le travailleur géomètre/foreur et son escorte de 65militaires sont donc repartis, laissant derrière eux le constat que la machine est en route et qu’on ne l’enraillera seul-e-s.

Un opposant.