Pour l’action de blocage, un rendez-vous était fixé à 14h à une station service Total. But : bloquer le chargement des camions allant à la raffinerie. La vélorution se retrouve devant une station fermée avec la gendarmerie pour compagnie. Celle-ci bloque les voies d’accès au niveau du gros rond point adjacent. Les activistes discutent avec les automobilistes et des banderoles Arrêt Total sont posées. Ce n’est pas le lieu prévu initialement pour l’action, mais les gens s’enchaînent aux vélos sur la route. Ensuite, ils vont vers les voies d’accès à la raffinerie. Mais lorsque le blocage se met en place, les hommes en bleu dévient la circulation. Après une longue assemblée générale, le groupe retourne bloquer le rond point. Toute la circulation est déviée et bloquée pendant trois heures, puis plusieurs petits groupes se forment et partent vers de nouvelles aventures. Sur la centaine d’activistes présents, une vingtaine de cyclistes réussit à entrer dans la raffinerie ; le service de sécurité et les pompiers paniquent, les gendarmes sont médusés. Les vélos sortent rapidement.

A proximité, la voiture d’un camarade allemand, contenant des bouteilles, est contrôlée par les gendarmes. Ils se font du souci sur le « liquide suspect » qu’elles contiennent : du jus de pommes bio.

Par le plus grand des hasards, un détachement de l’armée des clowns intervient au même moment sur ce même rond point. Les clowns ont l’habitude des ronds points et les aiment autant que bien des élus locaux. Ils commencent par ouvrir un squat de réfugiés climatiques au milieu, puis remplissent les voitures bloquées de pet-trole à l’aide d’un dispositif constitué d’un entonnoir et d’un long tuyau qui relie leurs fesses au réservoir des véhicules. C’est un nouveau gaz pour rouler au naturel obtenu grâce aux haricots de la veille ! Les militants présents rendent un hommage aux clowns en bloquant une voie où strictement aucun véhicule ne cherche à passer. Au grand désespoir des activistes munis d’un nez rouge, les gendarmes sont beaucoup trop mous. Ils tentent de les réveiller en escaladant un camion rempli de matières inflammables et libèrent l’air des pneus d’un autre camion qui a écrasé un vélo.

Trois clowns cherchent à entrer dans la raffinerie. Le vigile pense avoir le temps de fermer l’accès lorsqu’il se rend compte qu’un quatrième activiste est à côté de lui pour « l’aider ». Ce clown a eu l’idée de passer par la sortie et se retrouve avec ses trois compagnons dans la raffinerie avec une vingtaine de cyclistes.

Quelques temps plus tard, les clowns se rendent dans la gare du Havre et font une alerte Ceveso. En effet il y a 17 sites classés Ceveso 2 a proximité. Ils collent avec du ruban adhésif les portes et les fenêtres et font retentir une sirène en étant aidés par la résonance des lieux. Ils sont bien accueilli par un public étonné et amusé.

Le public est justement la cible d’être d’un autre groupe. Lors de cette journée d’actions d’autres activistes ont arpenté les rues du Havre, puis la plage pour poser des questions aux gens et recueillir des témoignages :
– chasser le naturel, il revient au galop ; et au Havre ?
– qu’évoque pour vous le paysage industriel ?
– Havre de paix ?

Le but de cette action était de créer un forum de rue pour mieux comprendre les limites des engagements des gens, de rencontrer d’autres personnes que celles qui sont déjà convaincues « car la société, comme la révolution ne se font pas à quatre », ont déclaré les activistes. Dans notre société d’experts, des non-experts ont pu se réapproprier la parole et la rue, espace qui devient de plus en plus marchand, est devenu un lieu d’action. Dans cet espace politique à durée déterminée, des gens qui n’ont jamais la parole ont pu reprendre du pouvoir !

Reprendre était le thème de la dernière action. Reprendre une partie de ce que les grandes surfaces nous prennent avec leurs marges exorbitantes. Plus tard dans l’après-midi, un groupe d’activistes se rend dans un supermarché Dia pour tenter une auto-réduction. Le but est de remplir des charriots de produits de première nécessité et de négocier une sortie gratuite. La trentaine de personnes bloque les caisses quelques temps mais le cogérant refuse de céder. Il fait fermer le magasin et retient donc ses clients en otage ; il appelle la police. Un tract distribué à l’extérieur explique aux habitants de la cité avoisinante le sens de l’action, qui a beaucoup de succès. Malgré l’échec de l’action, de bons contacts sont noués entre les activistes et les habitants. Les premiers ignoraient que c’était le supermarché le plus braqué du Havre, ce qui a poussé le cogérant à surréagir ; les seconds sont venus visiter le camp dans la soirée. Les activistes sont repartis en étant suivis par deux voitures de la BAC et ont montré leur postérieur aux forces de l’ordre. Si les culs étaient fichés, les flics auraient pu remplir leurs albums photos ! Prochain rendez-vous pour des actions : le 16 octobre !