Nous sommes contre le developpement durable. Bien sûr, cela va surprendre. Partout, le developpement durable est érigé en model absolu de ce qui est juste, bon et qui va sauver la planète. S’y opposer est déjà une hérésie. Le développement, on parle ici de developpement économique, c’est le fait d’accroître, d’étendre l’emprise de l’économie. La croissance économique, dans le cadre d’une société capitaliste, consiste à produire toujours plus. Au besoin, on détruira du vieux pour construire du neuf, non pas par nécessité, mais à seule fin de nourrir l’économie. Ce développement économique ne profite pas équitablement à tout le monde, il profite par nature à celles et ceux qui détiennent déjà les richesses. Que les bénéficiaires de ce système veuillent le rendre durable, cela n’a rien de surprenant. Non pas parce qu’il est juste, bon et qu’il va sauver la planète, mais parce qu’il est juste bon pour certain-e-s et qu’il va sauver l’économie. Le développement durable est un marché porteur. Il permet de proposer des produits du “capitalisme vert” qui ne seront accessibles qu’aux classes moyennes et aisées. Par exemple, le “bonus à la casse” incite à jeter des voitures en parfait état en les taxant de polluantes pour acheter des voitures “vertes” plus coûteuses. Résultat, on augmente la quantité de déchets, on utilise toujours plus de matières premières et d’énergie et on fait travailler des ouvrier-e-s qui avaient sans doute mieux à faire.

Comment peut-on justifier la construction d’un aéroport et la destruction d’un espace naturel au nom de l’environnement ? C’est le défi qu’essaie de relever Nantes Métropole. La construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes nécessite le bétonnage de 2000 hectares de bocage et l’expulsion de ses occupant-e-s. Le site du projet d’aéroport abrite quelques-uns des derniers tritons crêtés de la région qui appartiennent à une espèce protègée. Ce qui est particulièrement odieux, ce n’est pas que Jean-Marc Ayrault et sa clique demande une dérogation à l’Europe pour les exterminer, c’est qu’ils osent encore se présenter comme des pionniers de la biodiversité. Ce qui est répugnant, ce n’est pas seulement de supprimer des centaines de terres agricoles, c’est de se vanter d’en avoir épargné d’autres. On crée des normes environnementales vides de sens et dans le même temps on programme un désastre. Jean-Marc Ayrault et ses valets l’expliquent sans trembler du museau : “l’aéroport sera de Haute Qualité Environnement (HQE), le projet est d’utilité publique”. Pas de doute, la région est développée de façon très durable. De Total à Mc Donald, chaque entreprise a sa fondation de defense de l’écologie. Nantes Métropole va plus loin, elle lance la semaine du développement durable et arrose de subvention les associations écologiques qui acceptent de lui servir de caution morale. Cette semaine est l’occasion pour Nantes Métropole de s’acheter une respectabilité et de rejeter la responsabilité des désastres écologiques sur ses administré-e-s. Si la planète va mal, c’est de leur faute, c’est parce qu’elles et ils prennent trop la voiture, ne trient pas suffisament leurs déchets et n’éteignent pas la veilleuse de la télé. En un mot, on nous reproche de vivre dans la société que Nantes Métropole à contribuer à construire pour nous. On nous culpabilise dans l’espoir que l’on renonce à pointer du doigt les vrais responsables.

La serre volante est à l’image de la semaine dont elle est la mascotte. Ni la verdure dont elle est entourées, ni ses hélices qui semblent animées par le vent ne suffisent à masquer le moteur inutile caché à l’interieur.