{{Manifestons notre solidarité avec les mutins de Clairvaux lors de leur passage au Tribunal Correctionnel de Troyes (Aube)

le lundi 15 décembre 2003, à 14h.
(83, rue du Général de Gaulle)}}

Mutinerie de Clairvaux :
les raisons de notre solidarité avec les prisonniers.

En 2003, deux mutineries (mais l’année n’est pas finie…) ont éclaté à la maison centrale de Clairvaux (Aube). Dans cette prison ultra-sécuritaire, se trouvent environ 150 prisonniers, tous condamnés à de longues peines (et parmi eux, beaucoup sont condamnés à perpétuité, sans date de sortie fixée), avec derrière eux de longues années déjà effectuées en maison d’arrêt ou dans d’autres centrales.
La première mutinerie a eu lieu le 8 février dans le bâtiment A. Une cinquantaine de prisonniers ont saccagé le bâtiment, vite déserté par les matons : surveillance vidéo, réfectoire, système électrique, feu aux matelas, le tout en protestation contre les sanctions prises contre deux d’entre eux. Ils ont aussi fracturé des portes de cellules, brisé des fenêtres et inondé les coursives et tenu 7 heures avant l’assaut des CRS et des gendarmes mobiles. Le bâtiment, devenu insalubre, a donc été vidé de ses tumultueux occupants… Pour le dire autrement : balluchonnage pour tous, dans des maisons d’arrêt de la région parisienne et du nord-est de la France, et en sus, pour certains, le quartier d’isolement. Ce n’est qu’en septembre que la cinquantaine de mutins a été remis à Clairvaux ou dans d’autres centrales.
La seconde mutinerie a eu lieu le 16 avril. Cette fois-ci, la révolte est partie des ateliers du bâtiment B, qui ont été incendiés par 80 prisonniers, notamment en protestation contre la fermeture stricte des cellules le jour. Suite à l’intervention des forces de l’ordre en fin d’après-midi, 13 prisonniers ont été transférés les jours suivants. Même punition : retour en maison d’arrêt, et QI pour certains.
C’est suite à ces mutineries que Perben, le garde des sots, a annoncé la création des ERIS : des équipes de « super-matons », entraînés comme les keufs du GIGN, cagoulés comme eux, également experts au maniement de la matraque… (voir le texte de juin 2003, « Il n’y a pas d’arrangement », par des prisonniers du QI de Bois d’Arcy, après le tabassage de trois d’entre eux).

Les mutineries à Clairvaux, une tradition respectable

Durant ces 30 dernières années, plusieurs mutineries et évasions spectaculaires ont eu lieu à Clairvaux, provoquant la mort de cinq détenus et d’un maton. Encouragé par une direction (Danet et Dupaty) exceptionnellement arbitraire et barbare, les prisonniers qui se sont mutinés en 2003 n’ont fait qu’entretenir une respectable tradition… Petit rappel pour les plus jeunes : le 18 juillet 1974, la révolte qui débuta dans un bâtiment, laissant très vite l’ensemble de la prison aux mains des mutins, permis la destruction totale des ateliers. C’est lors de l’intervention de la police que deux prisonniers ont été tués.
Tous les ans, dans la cour de la prison, l’Administration Pénitentiaire célèbre la mémoire des matons tués à Clairvaux lors des différentes mutineries et évasions. C’est le moins qu’on puisse faire, nous, de leur rappeler que ce sont nos franginEs que visent les matons du mirador… nos franginEs aussi qui continuent à se battre à l’intérieur…

Mutin plutôt que maton !

La situation, dans les centrales, est la suivante : le rapport de forces entre prisonniers et matons a entériné la pratique de laisser une certaine liberté de mouvement (toujours strictement limitée…), permettant ainsi à ceux qui doivent passer des dizaines d’années entre quatre murs d’aller boire un café dans la cellule d’un poto, faire une petite bouffe à plusieurs… C’est grâce à ce rapport de forces qu’au parloir peut être préservé un minimum d’intimité pour les couples, lorsque les matons sont obligés de ne « plus s’en mêler ». Bref, ce minimum de sociabilité et d’intimité, bien dérisoires pour les gens qui sont dehors… ça s’appelle l’humanité.
Mais l’humanité doit être un luxe pour ces messieurs-dames de la Pénitentiaire… Danet et Dupaty n’avaient qu’un mot à la bouche : « la reprise en main » de leur prison. Perben a réitéré, suite à la mutinerie de Moulins (novembre 2003), sa volonté que les portes des cellules soient fermées, en journée, dans toutes les centrales. Alors quoi ? En serrant la vis en détention et au parloir, pas étonnant que ça leur pète à la gueule !
La tentative d’évasion de la centrale de Moulins, qui a eu lieu au début de l’année, montre bien l’impasse actuelle : les candidats à l’évasion étaient tous des condamnés à de très longues peines, ayant effectué déjà plus de quinze ans de détention. C’est bien leur certitude qu’on ne leur laissera aucune chance qui les a motivé à s’arracher.

Parce que nous savons que les prisons ne sont faites que pour humilier, contrôler les « classes dangereuses » (nous contrôler), distiller toujours et encore la peur…
Parce que tant qu’existeront des prisons nous ne fermeront pas notre gueule…
Parce que les prisons sont le laboratoire du « dehors »… qu’il n’existe d’ailleurs plus de « dehors » et de « dedans »… ouvrons notre gueule avant qu’ils nous enferment tous !

SOLIDARITE AVEC LES MUTINS !
SUPPRESSION DES ERIS !
ABOLITION DES QUARTIERS D’ISOLEMENT
ET DES MITARDS !
A BAS TOUTES LES PRISONS !

contact : vivelesmutins@free.fr

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