Notre parti avait appelé à boycotter les élections régionales, en montrant que rien ne changerait avec une ou deux régions de plus pour la gauche. En effet celle-ci avait montré qu’elle ne pouvait empêcher les licenciements, les délocalisations, la chute de la Bourse, le déficit de la Sécurité Sociale, l’âge de la retraite, en un mot les effets de la restructuration capitaliste. Ne s’attaquant pas à la cause fondamentale qui génère cette situation, à savoir le système capitaliste et l’impérialisme, stade suprême du capitalisme, il lui était impossible de transformer la situation au profit du prolétariat et des couches populaires, c’est-à-dire la majorité de la population.

Au premier tour, les masses ont exprimé à leur façon, ce que nous disions dans notre appel au boycott diffusé sur Internet, leur rejet de la politique « politicienne », la politique bourgeoise. Plus de la moitié (53,6%) des électeurs inscrits (42.426.578) se sont abstenus. En y ajoutant les 3,72% de blancs ou nuls, l’abstention s’élève à 57,32% (soit 24.318.915 abstentions et 18.107.663 votants). Nous additionnons les chiffres des blanc et nuls à l’abstention car nous entendons par abstention un refus de voter pour les partis institutionnels.

Ces abstentions reflètent la méfiance d’une partie de plus en plus importante de la population vis-à-vis des partis politiques de toutes couleurs. Tous sont en recul en nombre de voix (sauf les écologistes et les régionalistes). Les progrès apparents de certains en % sont une « illusion d’optique » car en réalité ils ont tous reculés en nombre de suffrages.

Aux précédentes élections régionales de 2004 l’abstention était de 39,16% (sans les blancs et nuls), soit 14 points de plus d’abstention pour 2010 (même chose pour le second tour). En plus, il faut tenir compte de ceux qui ne se sont pas inscrits sur les listes électorales, et les immigrés qui n’ont pas le droit de vote pour les élections.

Ainsi, la représentativité réelle est d’environ 40%.

Au niveau de l’abstention, ce sont principalement les jeunes et la classe ouvrière qui se sont abstenus. Dans les villes fortement touchées par le chômage et dans les quartiers populaires, l’abstention atteint parfois plus de 70%, en général plus de 60%.

Le NPA a fait un mauvais score. L’illusion d’un parti/front regroupant tous les anticapitalistes et pouvant avancer sur le plan électoral est tombée. Il n’y a que dans quelques rares villes où il fait plus de 5%. Il a quand même des élus dans le Limousin grâce à son alliance avec le Front de Gauche.

Le Front de Gauche progresse dans les scores, fruit d’une alliance entre le P »c »F, le Parti de Gauche de Mélenchon et la gauche unitaire regroupant plusieurs organisations. Il fait jusqu’à 13,3% dans le Limousin (19% au 2ème tour). Le Front de Gauche va participer à la gestion des régions avec le PS, poursuivant et consolidant sa politique social-démocrate.

Europe Ecologie progresse largement et s’impose comme une force que le PS ne peut pas ignorer pour assurer la gestion des régions. Europe Ecologie ne pose toujours pas la contradiction qui existe entre l’écologie et le capitalisme. Ils poursuivent l’illusion réformiste que le système capitaliste-impérialiste peut résoudre la question écologique.

En Corse, les nationalistes (Femu a Corsica et Corsica Libera) font un score historique de près de 28% au premier tour et près de 36% au second. A noter le score des indépendantistes Corsica Libera de près de 10%.

Le FN a fait quelques scores élevés, allant jusqu’à 39% à Hénin-Beaumont et 32% à Marignane et autour de 20% et plus dans quelques villes, relativement nombreuses, (Nord-Pas de Calais et région PACA).

Les partis à la droite du FN, regroupés autour du Bloc Identitaire, font également quelques percées compte tenu de leur jeunesse politique et la radicalité de leurs positions. La Ligue du Sud a ainsi fait 2,69%,

Alsace d’abord 4,98%, le Parti de France 3,71% en Basse-Normandie et 3,55% dans le Centre, la Ligue Comtoise NON aux minarets 2,46% et NON aux minarets en Lorraine 3%.

En conclusion, les élections régionales 2010 ont démontré principalement que la population dans son ensemble ne se reconnaît pas dans le système de représentation de la démocratie bourgeoise. Le premier parti en France est celui de l’abstention. Principalement, la classe ouvrière, les jeunes et la population des quartiers populaires ont affirmé leur dégoût pour les partis politiques réformistes. Cela accentue la crise du réformisme qui traverse également les organisations syndicales. Clairement, c’est la légitimité de la démocratie bourgeoise qui est attaquée. Mais personne ne la remet en cause, par peur de ne plus en tirer les bénéfices.

Contrairement à ce que certains affirment, la forte abstention n’est pas le signe d’un désintérêt politique, pas plus que l’appel au boycott que nous avons fait n’est un désengagement de la lutte politique. Bien au contraire ! Premièrement, la forte abstention dénote surtout que l’illusion démocratique bourgeoise du changement par les urnes ne fait plus recette et prépare donc le terrain à des luttes plus radicales, pour un changement réel du système. Deuxièmement, l’appel au boycott est justement un appel à la généralisation et à la radicalisation des luttes politiques EN DEHORS du système électoral bourgeois, en autonomie des partis et organisations réformistes.

Nous le réaffirmons ici, la lutte politique n’est pas cantonnée, comme certains le pensent, à la lutte électoraliste. La lutte politique, pour nous Communistes Révolutionnaires, est la lutte du prolétariat et des masses populaires pour la prise du pouvoir politique. Dans la situation actuelle, cette lutte politique ne peut porter ses fruits qu’en dehors du système où la bourgeoisie dicte ses règles du jeu. La participation aux élections pour les Communistes Révolutionnaires est conditionnée à un fort mouvement de masse et une forte polarisation entre le camp réactionnaire et le camp révolutionnaire (situation qui, clairement, n’existe pas aujourd’hui).

Les résultats des régionales de 2010 confortent notre position de non participation aux élections bourgeoises, non comme position de principe posée à tout jamais mais comme ligne politique à suivre à l’heure actuelle. Nous réaffirmons notre position, synthétisée dans l’article « A propos des élections » du Drapeau Rouge de septembre 2009 :

« Le désintérêt croissant des électeurs a un double aspect : la prise de conscience de la vacuité de telles élections et le rejet des partis de gauche comme de droite. La liquidation programmée du P« c »F, le manque de cohérence des trotskistes, leur opportunisme électoral et la réorganisation de l’extrême-droite, posent la question de la réorganisation du prolétariat dans le Parti Communiste maoïste qu’il est urgent de renforcer.

Concernant les élections, les tâches du Parti Communiste maoïste de France sont :

* Dénoncer chaque élection bourgeoise en expliquant la nature de la démocratie bourgeoise
* Faire tomber les illusions que le système peut être changé par la voie parlementaire
* Expliquer que la seule solution pour changer le système, c’est la Révolution
* Transformer l’abstentionnisme passif en boycott actif, révolutionnaire. »

Plus que jamais, nous avons besoin d’un Parti Communiste révolutionnaire !

Renforçons le Parti Communiste maoïste pour avancer sur la voie de la révolution !

PC maoïste de France

drapeaurouge[at]yahoo.fr

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