Nous publions ci-dessous une initiative citoyenne de la SPINOZA (Société Pour l’Interdiction des Nuisances Onfresques Zet Anarchoracistes). Pour soutenir cette initiative citoyenne, adresser vos signatures à l’adresse suivante : contact.lmsi@hotmail.fr.

Exposé des motifs

Il est question, ces derniers jours, ces derniers mois et ces dernières années ainsi que ces prochains jours, ces prochains mois et ces prochaines années, d’une nouvelle loi d’interdiction de la burqa et/ou du niqab et/ou du voile intégral et/ou du bandana islamique et/ou du bandeau islamique et/ou du chignon islamique et/ou de la casquette islamique et/ou du verlan islamique et/ou de l’identité islamique et/ou du repli islamique et/ou des minarets islamiques et/ou des Quick hallal et/ou de la liste NPA Vaucluse et/ou de Tariq Ramadan et/ou du Coran et/ou des menus sans cochon et/ou des boissons non-alcoolisées.

Nous considérons que la méthode est excellente : dans notre démocratie malade et dévirilisée, il est temps de remettre un peu d’interdit et de répression. Il faut, pour reprendre le joli mot de Fadela Amara, éradiquer ! [1] Ou pour reprendre les jolis mots de Nicolas Sarkozy : liquider et nettoyer ! Ou, pour reprendre le joli mot d’Élisabeth Lévy : remettre un peu de schlague ! [2]. Mais nous estimons qu’il y a erreur sur la cible. Nous considérons quant à nous que l’urgence, pour la sauvegarde de la démocratie, pour l’avenir de la pensée et pour notre épanouissement personnel, est à une interdiction absolue de tout affichage ostensible de la grande gueule de Michel Onfray – dans le services public de télévision et de radiodiffusion, naturellement, mais aussi dans les lieux d’enseignement et de recherche, dans les administrations, dans les hôpitaux et dans tout l’espace public.

Il s’agit pour nous d’une question de principe : Michel Onfray doit être banni de l’espace public car il est incompatible avec les valeurs de la démocratie, de l’émancipation humaine et du simple bon goût. Sa suffisance et ses poses philosophantes sont une insulte ostensible à toute la corporation des philosophes ; son catéchisme antireligieux est une insulte à ce que la libre-pensée a produit de meilleur ; son anticalotinisme crétin, son hédonisme benêt et son aristocratisme puant sont une insulte à Épicure, à Lucrèce, à Spinoza, à Nietzsche, à Deleuze, à Bourdieu et à tous les grands auteurs dont il se réclame et qu’il ne fait que trahir, salir et détourner à son profit.

Ne soyons pas angéliques : la « gauche radicale » qu’il dit incarner est une mystification, un double discours dans lequel il est passé maître ! En effet, comme pour mieux nous embrouiller, Michel Onfray se dit lui-même, et sans rire, libertaire et libéral, anarchiste et partisan de l’économie de marché, propalestinien et sioniste [3]. Il affirme également, sans honte, que c’est Camus qui avait raison contre Sartre sur la question algérienne : en clair, qu’on a raison, lorsqu’il s’agit d’Algériens, de « préférer sa mère à la justice » et de refuser à un peuple le droit de disposer de lui-même.

Si Michel Onfray se réclame volontiers du peuple de gauche, la seule compagnie populaire qu’il affectionne est une petite bourgeoisie suffisamment docile et complexée pour aller l’écouter religieusement lorsqu’il pontifie à « l’Université populaire de Caen » [4]. En dehors de cette relation pas franchement libertaire et égalitaire avec une plèbe pas franchement plébéienne, l’engagement politique de Michel Onfray se résume à des billets soporifiques pour Siné Hebdo, des livres aussi creux et sinistres que leurs titres sont grandiloquents et prétentieux (attention : L’art de jouir, La sculpture de soi, La sagesse tragique, La puissance d’exister, Politique du rebelle, Traité de résistance et d’insoumission, À côté du désir d’éternité, Fragments d’Egypte ou encore Pour une érotique solaire ! – sans oublier les grotesquissimes quatre volumes de son Journal hédoniste intitulés, tenez-vous bien : Le désir d’être un volcan, Les vertus de la foudre, L’Archipel des comètes et La lueur des orages désirés !), quelques escales opportunistes à Saint-Germain-des-Prés au cours desquelles il se prosterne avec la dernière servilité devant le Nabab BHL (comme l’a révélé dernièrement Le Plan B) [5], un brunch philosophique chez Philosophie magazine en compagnie du chef de file de l’extrême droite plurielle, Nicolas Sarkozy en personne [6] et enfin d’innombrables apparitions télévisées au cours desquelles sa suffisance, son égo surdimensionné et son invraisemblable mépris de l’autre crèvent littéralement l’écran.

Par ailleurs, puisque la question du sexisme a été soulevée à propos du voile, nous tenons à préciser que Michel Onfray est un gros sexiste. Son Panthéon est quasi-intégralement couillu, son œuvre totalement androcentrée, son ethos et ses postures grotesquement virilistes.

Il ne faut pas oublier non plus le ridicule concours de bites télévisuel auquel Michel Onfray se livra un jour avec le romancier François Bégaudeau : le jeune coq venait de publier un Anti-manuel de littérature presque aussi mauvais que l’onfresque Anti-manuel de philosophie, et le vieux coq, en bon capitaliste libertaire, pour le coup plus capitaliste que libertaire, était sorti de son épicurienne ataraxie [7] et avait eu l’élégante idée de lui réclamer des royalties pour le « concept » tellement génial et tellement novateur de l’anti-manuel ! Le masque tombait définitivement : derrière les austères lunettes rectangulaires et la philosophale crinière grisonnante, un petit entrepreneur obsédé par l’argent. Sous le costume trop grand pour lui du sage qui méprise les « désirs vains » de gloire et de fortune [8], un petit Jacques Séguéla, sans la Rolex et les UV.

De surcroît, en bon VRP de lui même, Michel Onfray surfe depuis longtemps sur la vague islamophobe qui s’est emparée du pays. On se souvient notamment d’une minable prestation télévisée au cours de laquelle, avec l’air inspiré du grand sage qui nous révèle le secret de fabrication de l’eau tiède, il expliqua que la plus nuisible de ces nuisances fondamentales que sont les religions était, devinez laquelle, gagné : l’Islam ! [9]. On se souvient aussi d’une pétition raciste qu’il a lancé « pour un soutien sans réserve » au catholique anti-mahométan Robert Redeker [10]. On se souvient encore d’une préface à un indigent pamphlet anti-musulman, dans laquelle il appelle à la « défense » des « valeurs de l’Occident » [11]

On se souvient enfin d’une récente émission (« Ce soir ou jamais ») au cours de laquelle il fit preuve d’une paternalisme inouï à l’égard d’Houria Bouteldja. Cette dernière le lui fit remarquer simplement, poliment mais fermement, ce qui provoqua cette réaction grotesque en forme d’aveu :

« Arrêtez, sinon je vais finir par embrasser Éric Besson sur la bouche ! ».

Dernièrement, enfin, lui qui vendrait père, mère, frères, sœurs, fils, filles et amis pour une minute de prime time chez Frédéric Taddéi, Guillaume Durand ou Franz Olivier Giesbert, lui qui n’a jamais participé à quoi que ce soit de collectif dont il ne soit pas le chef, lui qui n’a sans doute pas collé d’affiches ou distribué de tracts depuis fort longtemps (à moins que ce ne soit depuis toujours), lui qui ne roule que pour lui-même, lui qui ne vit que par et pour les grands médias, Michel Onfray donc, a jugé utile d’aller, dans une tribune publiée par Le Monde le 19 février dernier, cracher son venin sur Ilham Moussaïd « la voilée du NPA », en lui reprochant devinez quoi, à elle, militante active du NPA, issue des quartiers populaires d’Avignon, elle qui milite au quotidien dans un parti anticapitaliste, elle qui n’a rien demandé à personne et qui s’est fait littéralement harceler par les grands partis et les grands médias ? En lui reprochant de n’être qu’une petite écervelée en quête de… gloire « médiatique » ! [12]

Pour toutes ces raisons, et bien d’autres qu’on ne saurait répertorier ici de manière exhaustive , mais auxquelles pourra se consacrer une mission parlementaire , nous estimons qu’il est urgent de réagir. Un bras de fer s’est engagé entre la démocratie et l’occidentalisme intégriste de Michel Onfray. Seul un signal fort pourra mettre un frein à l’obscurantisme franchouillard, au mépris social et à la haine raciale dont Michel Onfray est le porte-drapeau. C’est pourquoi nous soumettons au peuple de France la proposition de loi suivante.

Article unique
La grande gueule de Michel Onfray est interdite dans l’ensemble de l’espace public.

Toute infraction à cette loi est punie d’un entartage.

Post-scriptum

La SPINOZA est la Société Pour l’Interdiction des Nuisances Onfresques Zet Anarchoracistes

Pour soutenir cette initiative citoyenne, adresser vos signatures à l’adresse suivante : contact.lmsi@hotmail.fr

Notes :

[1] Sur cette charmante formule amarienne, cf. Isabelle Stengers et Philippe Pignarre, « Les plus religieux ne sont pas ceux qu’on croit ».

[2] Sur cette délicieuse formule léviste, cf. cette réaction.

[3] Sur l’anarchisme procapitaliste de Michel Onfray, cf. Jean-Pierre Garnier, « Le libertaire du président ».

[4] Vendues en CD et multidiffusées sur France Culture, ces conférences de « l’Université populaire » sont construites sur le modèle le plus académique du cours magistral d’histoire de la philosophie. Elles sont de facture médiocre, dépourvues de toute originalité et mortellement ennuyeuses, malgré les pathétiques efforts du maître des lieux pour les ponctuer de « bons mots » d’une ringardise achevée.

[5] Dans une dépêche intitulée « Un BHL en culottes courtes », Le Plan B n° 22, de février 2010, relate :

« Le Plan B allait-il débourser 18 euros pour s’infliger le “débat” organisé le 19 janvier par Le Monde, en partenariat avec la FNAC et le club du 3ème âge de Saint-Germain-des Prés ? Oui, car l’événement était de taille : dans la cave qui lui sert d’auditorium, le quotidien du soir élevait Michel Onfray au rang de philosophe pour retraités germanopratins (PPRG), en l’invitant à disserter sur Albert Camus avec Jean Daniel et Bernard-Henri Lévy. Devant 250 octogénaires somnolents et l’ambassadeur de Suède, le penseur “libertaire” fait le paon pour séduire “Bernard” (sic). Il secoue sa chevelure en citant Nietzsche, Heidegger, Kierkegaard, Wagner, Helvétius, Plotin ; béachélise Camus en louant son “hédonisme tragique” ; applaudit aux sentences du maître (“Tout est juste, je consens à tout ce qu’a dit Bernard”), le cajole (“On peut avoir une belle plume et être un vrai philosophe, Bernard l’incarne”). Cette assertion loufoque provoque des rires dans l’assistance, uqi commence à se traîner vers la sortie, mais le petit Michel trépigne pour finir son oral : “Quand j’ai lu La Barbarie à visage humain [le premier livre, nul, de BHL], j’y ai vu du lyrisme”.

[6] Cf. Philosophie magazine, n°8, printemps 2007. Sur cette sympathique causerie, et plus largement sur la connivence idéologique entre les deux convives, cf. notre analyse à paraîre aux Éditions Spinozistes : De qui Michel Onfray est-il le con ?.

[7] l’ataraxie , absence de trouble, est l’idéal de sagesse que préconise Epicure, le maître à penser de Michel Onfray.

[8] Cf. Epicure, Lettres et maximes, Presses Universitaires de France

[9] Cf. « De l’athéologie à l’islamophobie. À propos d’une prestation télévisuelle de Michel Onfray.

[10] Cf. Pierre Tevanian, « La faute à Voltaire ? Quelques réflexions sur la liberté d’expression, à l’issue de l’affaire Redeker ». Ce texte démontre le caractère raciste de la pétition onfresque

[11] Cf. Sébastien Fontenelle, « Défense De L’Occident – Et Lancement D’Un Appel D’Offres Pour La Production D’Un Individu Post-Islamique ».

[12] Onfray qualifie le combat d’Ilham Moussaïd de « provocation éthologique » et de « combat médiatique », avec cet argument imparable : « Dans un monde où la télévision constitue le réel, ce morceau de tissu assure qu’on attirera les caméras et les polémiques ». Il aurait été plus exact de dire que la télévision constitue le réel de nos piètres penseurs, et que le port de ce « morceau de tissu », quelles que soient ses motivations profondes, aura toujours comme effet indésirable d’attirer les Michel Onfray.

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