Le mouvement de défense des retraites a éclairé une fois de plus les orientations syndicales des uns et des autres et a provoqué de nouvelles ruptures au sein des organisations syndicales traditionnelles. L’heure est à la réflexion et au débat sur les raisons de l’échec, sur la trahison de l’appareil CFDT, sur les causes du non-appel à la grève générale reconductible, notamment de la CGT. Vous êtes nombreux dans les collectivités territoriales à être déçus, en colère, à quitter individuellement ou collectivement votre organisation syndicale, et à vous interroger sur celle qui pourrait le mieux répondre à vos aspirations. Dans les mois qui viennent, nous aurons à faire face à des attaques très fortes du gouvernement. Il y a urgence à renforcer dès aujourd’hui les forces syndicales et sociales qui s’inscrivent sans ambiguïté dans un refus du libéralisme.

La fédération Sud-Collectivités Territoriales regroupe 44 syndicats implantés dans une ou plusieurs collectivités et répartis sur 37 départements. Pour la plupart d’entre eux, ces syndicats se sont créés au lendemain du mouvement social de 1995, à l’initiative de salariés – syndiqués ou non – en rupture avec les orientations et les pratiques de cogestion des grandes centrales syndicales. Ce sont aujourd’hui 16 nouveaux syndicats qui sont en cours de constitution, venant renforcer la crédibilité et l’influence de notre courant syndical au sein des collectivités territoriales. Leur engagement commun : refuser de considérer le libéralisme comme l’horizon indépassable de l’humanité et œuvrer à la construction d’un syndicalisme de lutte, fondé sur l’expression et la mobilisation des salariés. Un syndicalisme résolument interprofessionnel, de transformation sociale et d’émancipation individuelle et collective.

Avec nos camarades de Sud-Santé Sociaux, nous avons gagné devant les tribunaux le droit de nous présenter aux élections pour le renouvellement des administrateurs de la CNRACL et nous avons obtenu le score très honorable de 6,15 % sur les deux fonctions publiques, dont 5 % sur la seule fonction publique territoriale. Ce résultat témoigne d’un potentiel de sympathie bien supérieur à nos implantations. Malgré les obstacles de la loi Peben sur la représentativité syndicale, nous avons pu présenter des listes au 1er tour des élections professionnelles de 2001 avec des résultats locaux plus qu’encourageants (de 20 % à plus de 65 %). Toutefois le faible nombre de listes ne nous a pas permis de franchir le seuil des 2 %¨exigé par la loi pour obtenir notre représentativité. Mais notre score a été supérieur à celui de la CGC qui bénéficie d’un siège d’office au Conseil Supérieur de la Fonction Publique Territoriale, ce qui constitue une discrimination manifeste.

Au même titre que la défense des retraites et de la protection sociale, la défense du service public, menacé de privatisation et de démantèlement, est un engagement prioritaire pour préserver les droits des générations futures. Les services publics territoriaux constituent un champ vaste et complexe marqué par de fortes spécificités : une extrême fragmentation des collectivités et de grandes inégalités entre elles ; une importante diversité des services rendus ; la proximité du politique et le poids de l’ « autorité territoriale » sur le syndicalisme ; une réelle faiblesse de la syndicalisation. L’avenir et l’efficacité du syndicalisme, c’est aussi sa capacité à être à l’écoute de la société. Notre priorité est de construire un syndicalisme interprofessionnel ouvert et solidaire. C’est le sens de notre implication dans l’Union Syndicale Solidaires qui a joué un rôle important dans le mouvement de défense des retraites.

Cette ambition collective, nous souhaitons la faire partager et œuvrer au rassemblement de tous ceux et celles qui y aspirent. C’est le sens de cet appel.

Sud-Collectivités Territoriales