Paris, 12 août 2009

Aux Pays-Bas comme ailleurs : fermeture des centres de rétention et liberté pour Ahmed Isa et tous les autres !

Aux Pays-Bas comme dans tous les autres pays européens il y a des centres de rétention, prisons conçues pour stocker les étrangers dits « sans-papiers » en attendant de les expulser. Il y en a un à Schiphol, qui avait été construit en cinq mois en 2002, en préfabriqué de première classe. Les cellules sont doubles et font moins de 6m². Les immigrés indésirables y restent en moyenne quatre-vingt jours. Suffisamment de temps pour organiser les « reconduites » ou pour, le cas échéant, donner envie de partir à ceux relâchés sans rien dans la rue…

Le 27 octobre 2005, pour la troisième fois, un incendie s’est accidentellement déclaré à Schiphol. Onze prisonniers sont morts, quinze autres ont été gravement blessés. Le système anti-incendie défectueux depuis le début n’avait jamais été mis aux normes. Ce soir-là, il y avait en tout trois gardiens de l’entreprise Securicor 4. Cette boîte profitant du marché mondial florissant de la sécurité privée a gagné le contrat pour assurer une partie du gardiennage dans les centres hollandais (comme, par exemple, la leader mondiale à capitaux français Sodhexo qui notamment fournit la nourriture à des prisons et centres de rétention français, en sus des écoles, et qui a obtenu la gestion complète d’un centre de rétention anglais). Ce soir-là, les employés de Securicor 4 ont assuré leur mission : privilégier une certaine sécurité en laissant les personnes enfermées périr asphyxiées et carbonisées plutôt que de risquer qu’elles s’échappent. Les rescapés racontent que les prisonniers libérés qui voulaient aider les autres à sortir de leurs cellules se sont vus refuser les clés par les matons de Securicor 4 braquant leurs flingues sur eux. Très vite un peloton policier de l’Unité Mobile et soixante gendarmes étaient sur place pour cerner et contenir les prisonniers. Quand la direction du centre, craignant les évasions, ne voulait ouvrir la deuxième clôture qu’après la fermeture de la première, empêchant un temps les pompiers d’entrer. Malgré ou à cause de cela, la ministre Rita Verdonck n’hésita pas à déclarer que le personnel était intervenu de manière « très adéquate ». Sur les onze prisonniers alors évadés, cinq n’ont heureusement pas été repris.

Les survivants de l’incendie, pour beaucoup traumatisés, ont immédiatement été transférés entre autres au bateau-centre de rétention de Rotterdam et au Camp Zeist. Rapidement, Ahmed Isa, un Syrien enfermé à Schiphol au moment des faits, a été accusé et inculpé pour cet incendie. Une cigarette mal éteinte… Il a déjà fait de la prison « préventive ». Il passe en ce moment en procès, depuis le 10 août jusqu’au 14.

Les employés de Securicor 4 assurent toujours le gardiennage et le maintien de l’ordre dans de nombreux centres de rétention aux Pays-Bas mais aussi en Grande-Bretagne, et peut-être ailleurs.

Pour se tenir au courant de la réalité des politiques migratoires aux Pays-Bas, des luttes contre ces dernières, du déroulement du procès de l’Etat hollandais contre Ahmed Isa et de ses suites, vous pouvez entre autres écouter l’émission de radio Migrant to Migrant sur internet : http://m2m.streamtime.org , et consulter les publications de l’organisation « La fable de l’illégal » (De Fabel van de illegaal, site internet : www.defabel.nl , articles en français : www.gebladerte.nl/v01.htm).

À Schiphol comme à Vincennes, à bas les camps pour migrants et ceux qui font leur beurre dessus !

LIBERTÉ POUR AHMED ISA !

Collectif de soutien aux inculpés de Vincennes