Mais qui incite qui?

Depuis sa très médiatique apparition le virus s’est répandu à l’échelle internationale, causant une véritable psychose alimentée par les différentes autorités. Or il s’avère que cette grippe est très nettement moins virulente que la grippe classique; rappelons que si cette grippe porcine aurait causé la mort de presque 700 personnes dans le monde en deux mois, la sévère épidémie européenne de grippe de cet hiver a provoqué dans la seule France 6000 morts en deux mois (1) (et combien dans les autres pays ?) sans que ni l’OMS ni les autorités françaises ne s’en émeuvent; le syndicat des médecins urgentistes a accusé le gouvernement d’être directement responsable des morts(en n’organisant pas d’accès aux soins pour les plus faibles comme il le demandait depuis le début de l’hiver). Cela n’a pas empêché Roselyne Bachelot de déclarer qu’en matière de prévention et de soins de la grippe… porcine, la France était au premier rang mondial! Pour la grippe réelle, c’est une autre paire de manches…

L’OMS est une organisation onusienne qui a été créé parce que les bourgeois se sont rendus compte qu’en matière de santé au moins, les cadres nationaux étaient dépassés. Mais la bourgeoisie est incapable d’aller bien plus loin que des mesures les plus timides et surtout que celles qui répondent aux besoins immédiats du capitalisme. L’OMS ne s’est jamais vraiment mobilisée pour traiter les redoutables fléaux qui tuent des millions de personnes chaque année dans les pays pauvres, comme le paludisme ou autres maladies tropicales.

Depuis la fin des années 90 l’OMS s’est mis à la recherche de financements pour compenser la faiblesse des financements étatiques et de la Banque mondiale; ces financements, elle les a trouvé auprès de l’industrie pharmaceutique: des dizaines d’accords de partenariat ont été passés avec les industriels. Les dirigeants de l’OMS ne cachent pas que: «Nous avons absolument besoin du financement privé. Depuis dix ans, en effet, les gouvernements ne nous donnent plus beaucoup d’argent; les gros sous se trouvent dans le secteur privé et les marchés financiers. Et comme l’économie américaine est la plus riche du monde, nous devons faire de l’OMS un système séduisant pour les Etats-Unis et les marchés financiers» (2).

L’OMS est devenue dès lors un fidèle soutien de l’industrie pharmaceutique, comme en témoigne par exemple une célèbre déclaration de sa directrice: «Nous devons protéger les droits des brevets (…) pour garantir que la recherche-développement nous fournira les outils et les technologies nouvelles (…). Nous avons besoin de mécanismes pour empêcher la réexportation de médicaments à bas prix vers des économies plus riches» (3).

En ce qui concerne la grippe, les industriels ont vu qu’il s’agissait d’un marché très prometteur, et il n’y a aucun doute que ce sont eux qui ont incité l’OMS à lancer ses campagnes, d’abord lors de la grippe aviaire, puis maintenant de la grippe porcine. C’est ce qui semble ressortir en tout cas du communiqué du géant pharmaceutique français Sanofi-Aventis à propos de la signature d’un contrat pour la construction au Mexique d’une usine de production de vaccins contre la grippe, lors de la venue de Sarkozy dans ce pays l’hiver dernier: «La nouvelle usine de Sanofi Pasteur au Mexique sera construite selon les standards permettant à Sanofi Pasteur de basculer aisément de la production de vaccin contre la grippe saisonnière à celle de vaccin contre la grippe pandémique, dans l’éventualité où une pandémie de grippe humaine vienne à être déclarée et une fois la souche de virus grippal pandémique identifiée par l’Organisation Mondiale de la Santé» (4).

C’est ce qui s’appelle être sacrément doué pour prévoir l’avenir…

Parti Communiste International

(1) Chiffres de l’Institut National de Veille Sanitaire, «Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire» (15/4/2009). Voir : «La grippe porcine et le prolétariat», www.pcint.org
(2) cf «Quand l’OMS épouse la cause des firmes pharmaceutiques», «Le Monde Diplomatique», juillet 2002.
(3) Ibidem
(4) www.info-financiere.fr/upload/ECO/2009/03/FCECO010714_20090309.pdf