Lundi :
AG fac de Lettres déclare :
– déclare illégitime le vote à bulletin secret
– demande le report du vote (et prévoit dans ce cadre la mise en place éventuelle d’un vote organisé par les étudiants)
– vote le blocage jusqu’à mercredi

AG fac de Sciences :
– vote à bulletin secret organisé par l’administration
– le blocage passe pour toute la semaine (55 % pour)

Mardi :
Vote à bulletin secret :
– Les grévistes boycottent le vote et passent la journée à informer sur ce boycott.
– Discussions parfois animées, notamment avec certains professeurs, « vous nous faites encore vieillir ».
– 61 % contre le blocage, 700 votants sur 4500 étudiants (dans une AG ont été présentes jusqu’à 750 personnes)
– Un Fest Deiz s’improvise pour fêter la poursuite du blocage malgré le vote

Mercredi :
AG fac de Lettres :
– vote le blocage de la fac de Lettres jusqu’à lundi (13h prochaine AG)
– compte tenu du non report du vote à bulletin secret demandé précédemment, l’AG n’envisage pas de nouvelles modalités de vote et ne se prononce pas pour un vote à bulletin secret la semaine prochaine
– le conseil de fac annonce aux médias la reprise des CM le vendredi, allant à l’encontre de l’AG étudiante. Il n’y a eu aucun dialogue ou négociation avec les grévistes
– les grévistes allant à Océanopolis décident de ne pas occuper la fac malgré l’appréhension d’une fermeture administrative pour ce jeudi

Manifestation : on s’invite au colloque annuel de la Conférence des Présidents d’Université (CPU)
– 16h, départ pour Océanopolis, l’aquarium de Brest où se tient le cocktail d’ouverture de la CPU
– sur place, c’est apéro dinatoire avant que n’arrivent les présidents
– nous demandons à ce qu’une délégation soit reçue afin de leur donner l’impression que nous sommes venus pour discuter
– le président de l’UBO arrive et les premiers présidents aussi. La délégation est reçue
– les manifestants bloquent les entrées avant et arrière du site. Une trentaine de manifestants passent par dessus les grilles et rentrent dans les bâtiments observer les animaux marins. Au même moment, d’autres jouent au chat et à la souris dans les grandes étendues herbeuses du site sous l’œil avisé des caméras et des personnels de sécurité cherchant tant bien que mal à nous alpaguer
– la police intervient pour protéger l’entrée du site. Les occupants restent
– puis nous nous en irons ayant eu la certitude que le cocktail soit annulé
– retour aux flambeaux. Pétards, fumigènes et fusées éclairent nos visages

Jeudi :
Réunion avec la doyenne :
– L’administration nous annonce la reprise des cours vendredi
– nous gardons nos positions : le respect des décisions de l’AG et le maintien demain du blocage
– la direction sous-entend que si nous entendons maintenir demain le blocage, il y aurait une fermeture administrative
– nous décidons d’occuper cette nuit pour éviter une fermeture administrative (tôt le matin)

CPU en médecine :
– à 10h, 40 étudiants pénètrent en fac de Médecine en forçant le service d’ordre. Un petit déjeuner les attend
– à 11h, les étudiants présents ouvrent aux 150 autres rassemblés à l’extérieur des locaux
– les manifestants crient, chantent et lisent un communiqué de perturbation de la CPU dans le hall
– les 200 personnes descendent vers les amphis où se tiennent les ateliers, les présidents s’enferme dans leurs salles
– le bruit s’intensifie, les dessins à la craie se propagent sur les murs repeints pour l’occasion et le détournement du matériel de la CPU s’opère. Le casse-croûte de grève s’improvise là-bas
– les présidents décident de quitter la faculté. La CPU est suspendue. Elle se poursuivra en zone militarisée (au Lycée Naval)
– nous sommes épuisés, nous arpentons péniblement les rues de la ville. Retour à la fac

Occupation :
– 100 personnes passent la soirée à la fac : alcool, musique et frites sont de la partie
– quelques perturbateurs cherchent « à venir foutre le bordel à la fac et taper du toto » (citation d’une de leurs amies)
– 40 dorment sur place
– absolument aucune dégradation à signaler

Vendredi :
Blocage dès 8h :
– il y a autant ou plus de bloqueurs que de gens à vouloir aller en cours
– il y a des professeurs, la doyenne, le président. Ils n’ont pas d’autres choix que de constater le blocage et de l’accepter
– nous ironisons et nous moquons ouvertement avec subtilité des décideurs administratifs
– absolument aucun heurts à signaler

Manif’ à 11h : le soleil est de la partie
– dans le doute d’une fermeture administrative, 5 personnes restent surveiller nos affaires
– on apprend à 12h20 que la fac est en train d’être fermée
– le président de l’UBO se rend sur place une fois la CPU terminée et demande aux derniers occupants de sortir. Tout est fermé sauf le fumoir. Le Olivard refuse de discuter, prétextant qu’ils ne sont pas des interlocuteurs. Ces derniers nous rejoindront
– nous décidons néanmoins de poursuivre la manifestation et l’action vers la gare

Direction la gare : (et pour cause, la CCI était fermée)
– 20 manifestants entrent dans la gare en forçant le barrage de policiers
– les autres ne suivent et ne suivront pas, absence de volonté commune ou problèmes d’organisation
– évacuation forcée quelques minutes après sous les gaz lacrymogènes et les coups de matraques
– humainement, les gens sont choqués, les liens se sont une fois de plus renforcés
– stratégiquement, notre action d’avant-garde est un cuisant échec
– la peur n’a pas changé de camp

Retour à la fac :
– direction la fac de Lettres pour la réouvrir
– l’anticipation de la fermeture avec la mise en place d’un dispositif de réouverture a fonctionné
– la fac est débloquée : c’est théâtre (pièce « Blocage » montée et écrite en une semaine, pendant le mouvement) et sandwichs

Tous au bar :
– des compères viennent nous signaler que le président de l’UBO se trouve dans un bar à deux pas de la fac de Lettres (à la Til’ ho)
– comme réponse à une fermeture administrative de la fac, l’AG avait voté l’occupation de la présidence. Puisque nous n’avons pas pu occuper la présidence, nous nous sommes occupés du président, instigateur de la fermeture de la fac
– un groupe s’organise : masqué, déguisé. « Un seau d’eau et de détritus finira sur le président décontenancé. La fin de la CPU a sonné. » Cet acte vise le rôle de dirigeant qu’il a choisi d’endosser et la fonction de casseur de mouvement qu’il n’a pas voulu assumer

Fin de journée :
– nous menaçons de rester occuper la fac si nous n’avons pas la garantie que notre matériel de grève restera dans le fumoir ce week-end
– Olivard : répond positivement à notre requête (le seau lui aurait-il porté conseil ?)
– nous quittons tranquillement la fac réouverte mais fermée administrativement jusqu’à lundi
– aucune dégradation à signaler pour cet après-midi
– aucune violence n’a eu lieu envers les personnels de la fac et de sécurité, certains allant même jusqu’à se déclarer favorables à notre mouvement

Que vive la grève envers et contre tous.
Chaque mouvement a sa spécificité.
Plus de modèles, plus de leaders.
Toutes les avant-gardes sont déroutées.
Le contrôle de notre mouvement ne peut se faire que par notre auto-contrôle.
Notre radicalité spontanée fédère autant que la spontanéité de notre radicalité.
Ce mouvement est fait pour perdurer.
Désormais, nous sommes tous des castors enragés.